Marseille n’a pas fait exception au mouvement national « Bloquons tout » le 10 septembre avec une multitude d’actions durant la journée. Et une importante manifestation mêlant de nombreuses revendications.
Une foule dense, et un cortège long. Aux environs de 11h30, ce mercredi 10 septembre, la queue du rassemblement, parti des Réformés, est encore sur la Canebière, quand la tête du cortège redescend la rue de Rome après être passée par Lieutaud et la Préfecture. Soit environ un kilomètre de manifestants. 80 000 selon les syndicats, 8 000 selon la police.
La vérité doit se situer entre les deux. Mais quoiqu’il en soit, les rues de Marseille ont accueilli une manifestation conséquente pour cette journée de mobilisation nationale, sous le slogan « Bloquons tout ». Un mouvement né sur les réseaux sociaux en fin d’été, d’abord remonté contre la politique d’austérité du gouvernement.
Une mobilisation disparate, si l’on en juge par les différentes actions de la matinée à l’œuvre depuis 6h du matin à Marseille. Des multiples blocages routiers, tous rapidement dégagés par les forces de l’ordre, au barrage filtrant à la Valentine.
Des blocus « dans le calme » des lycées Montgrand et Thiers, à celui de l’usine d’armement Eurolinks, visée par une plainte de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) concernant la fourniture de matériel à l’armée israélienne en guerre à Gaza.
De la démission de Macron à Gaza en passant par les salaires
On retrouve aussi une disparité de revendications lors de la grande manifestation en fin de matinée. Contre les banques, les impôts, la casse du service public… Et les politiques, Emmanuel Macron en tête, dont beaucoup demandent la démission.
On retrouve aussi des soutiens au peuple palestinien ou des revendications plus sociales, qui se rejoignent peut-être dans ce slogan répété à plusieurs reprises : « L’argent pour nos salaires, pas pour la guerre ».
La tête de cortège, très jeune, semble suivre son propre rythme, avec des tentatives d’irruptions au Centre Bourse ou à la gare Saint-Charles, désamorcées par des tirs lacrymogènes. Derrière, le gros des troupes défile dans l’apaisement, très éclectique en âges et en profils.
Les syndicats se projettent déjà sur le 18 septembre
On y voit les drapeaux d’organisations politiques de gauche, comme des organisations syndicales. Et beaucoup de citoyens non partisans. Comme Viviane : « J’ai une petite retraite, je ne m’en sors plus. Et encore, j’en ai une. Mais les jeunes d’aujourd’hui, ils auront quoi ? », questionne la septuagénaire.
Théo, lui, est étudiant. « On voit les profits des actionnaires augmenter et battre des records, et on demande aux travailleurs de faire des efforts pour la dette… »
Derrière lui, sur le traditionnel camion-sono de la CGT, une représentante syndicale de l’Éducation nationale va dans son sens. « Avec tout le fric que fait Bernard Arnault (LVMH), on peut refaire tout le service public. Quand il s’arrête de travailler, personne ne s’en rend compte. Contrairement à nous, infirmières, ouvriers, cantonniers, professeurs… », clame-t-elle, applaudie par la foule.
Avant de rappeler l’appel à la grève et aux manifestations le 18 septembre, lancé par l’intersyndicale (UNSA, CFDT, CGT, FO, CGC, CFTC, Solidaires, FSU).
Fin de journée lacrymogène
La foule réduit à mesure qu’elle se dirige vers la Porte d’Aix. Les manifestants qui semblent les plus jeunes ont poursuivi jusqu’à Saint-Charles avant de redescendre vers le centre-ville, dans une tension constante avec les CRS.
D’autres se sont arrêtés Porte d’Aix et ont mis feu à des poubelles avant qu’une pluie lacrymogène disperse l’assemblée vers 13h20.
À 15 heures, la préfecture de police évoque sept interpellations à Marseille. Les motifs : « violence sur personne dépositaire de l’autorité publique, rébellion, jet de projectile, vol, incendie feu de poubelle et dégradations ».
Il y en aura d’autres par la suite, alors que plusieurs centaines de manifestants tenaces sont de retour au Réformés, dispersés après des heurts avec les CRS, et prévoient de revenir se rassembler à 19h. Le slogan du jour, « Bloquons tout », s’est pour l’instant heurté à l’efficacité des gaz lacrymogènes.