L’atelier textile d’insertion 13 A’tipik a fabriqué plus de 1000 culottes menstruelles à destination des femmes en grande précarité. Une première distribution auprès de six établissements d’accueil de la région PACA a eu lieu.
Pochettes d’ordinateur, vêtements et désormais culottes menstruelles prennent vie à travers les machines à coudre de l’atelier 13 A’tipik. Une vingtaine des 50 employés en réinsertion ont été formés pour réaliser ces culottes qui remplacent les protections hygiéniques classiques. « Les machines et les techniques ne sont pas les mêmes que pour le prêt-à-porter », souligne Sahouda Maallem fondatrice de l’atelier et porteuse du projet.
Au total, l’équipe a produit pas moins de 1 000 culottes menstruelles, nommées la Culotte du Sud. Mais, « il faudrait 20 000 culottes pour répondre à la demande rien que sur Marseille », regrette Sahouda Maallem. En France, effectivement, ce sont 4 millions de femmes concernées par la précarité menstruelle, dont plus de 130 000 en région PACA.
Le projet, co-créé et co-financé par la DREETS (Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités), répond à une étude menée auprès des femmes en situation de précarité. « On a compris qu’elles étaient très en demande. Elles ont des points de chute pour se laver et parfois elles n’ont même pas de culotte », révèle Sahouda Maallem.

Plus de 2 500 demandes ont été recensées par l’enquête, interrompue face à autant de requêtes. « Les besoins dépassent largement les quantités produites à ce jour » mais une deuxième production de 1 500 culottes supplémentaires est en préparation. Et cette fois, « 100% de l’équipe sera formée et produira des culottes menstruelles », assure la fondatrice de 13 A’tipik.
« Ce qui m’anime c’est la partie humaine de mon travail »
Sahouda Maallem explique avoir beaucoup réfléchi à la manière d’aborder ce sujet tabou auprès des femmes dans le besoin. « Je ne me voyais pas aller voir quelqu’un dans la rue pour lui offrir une culotte menstruelle, c’était délicat » avance-t-elle. Écrire une notice pour expliquer le fonctionnement a également été écarté. Ce sont finalement des interventions de sensibilisation avec le Planning familial qui viendront présenter La Culotte du Sud aux femmes.
L’association va se rendre dans les six établissements receveurs de la première production. Quatre d’entre eux sont situés à Marseille dont l’association Hospitalité pour les femmes (HPF), la Caravelle, l’Amicale du Nid et l’Accueil de jour (ADJ).
L’objectif de cette collaboration est de « créer un véritable lien entre les centres d’accueil et d’hébergement d’urgence et notre atelier d’insertion. On n’est pas fournisseur de culotte, on est fournisseur d’un projet social, solidaire et environnemental », s’enthousiasme Sahouda Maallem.
Elle y voit également la possibilité de recruter certaines femmes au sein de son atelier. « C’est un lieu de tremplin ici. Le but, c’est que les personnes puissent gagner en autonomie, acquérir leur logement ». L’atelier emploie une cinquantaine de personnes en CDD pour des périodes allant de 2 à 3 ans.
Un projet également « environnemental »
Cette culotte menstruelle « répond à plein d’enjeux, dont la solidarité et la dignité, mais aussi l’environnement », rappelle la porteuse du projet. Leur utilisation permet « d’éviter jusqu’à 30 tonnes de déchets non-recyclables » car les protections hygiéniques mettent 500 ans à se décomposer.
Cela permet également de faire d’importantes économies « à hauteur d’environ 400 euros » car elles ont une durée de vie de 5 à 7 ans. Sahouda Maallem conclut avec fierté « à part le bambou contenu, tout est français : le tissu, les élastiques et les étiquettes. Et puis, il est 100% fabriqué dans notre atelier ».