Laissé en jachère pendant des années, le domaine Montgolfier, niché sur les hauteurs de Sainte-Marthe, va renouer avec son passé agricole début 2027. La Ville a sélectionné le projet d’une agricultrice à la croisée du maraîchage, de l’expérimentation et de la pédagogie.

À Sainte-Marthe (14e), le domaine Montgolfier, ancienne propriété de la famille du même nom, a été acquis par la Ville de Marseille en 1987. Depuis, les 13 hectares du parc urbain, sauvés de l’urbanisation, sont restés en jachère.

En juin 2024, la municipalité a annoncé vouloir faire renaître ce parc avec un appel à manifestation d’intérêt (AMI) pour installer un projet agricole. « Marseille est une ville qui a été quasiment autosuffisante. Plutôt que de le laisser à un promoteur, je préfère le rendre à un agriculteur », a lancé le maire Benoît Payan (DVG) lors de sa visite le 16 septembre.

Une urgence selon lui, alors que « la France va perdre la moitié de ses agriculteurs d’ici 2030 ». Récemment, du côté de la Treille (11e), le Vallon des Hautes Douces a aussi retrouvé vie grâce à la Safer avec l’installation d’un couple d’agriculteurs sélectionné par la Ville.

Montgolfier, À Marseille, une agricultrice va cultiver deux hectares sur le domaine Montgolfier, Made in Marseille
Une ancienne ferme sur le domaine Montgolfier qui va être rénovée en 2026.

Maraîchage, expérimentation…

Concernant le parc Montgolfier, la Ville a sélectionné le projet d’Elsa, plus connue sur le surnom de Poussy sur les réseaux sociaux, pour son projet Big Bloom Provence : du maraîchage diversifié de légumes, de fleurs comestibles, des plantes à parfum, aromatiques et médicinales comme la lavande, le thym, le romain, l’origan… L’agricultrice de 38 ans projette également de replanter un verger méditerranéen, avec des grenadiers, figuiers, feijoa, asiminier, pour rester dans la continuité du passé de ce parc.

Sa volonté d’expérimenter des cultures de demain, comme les lentilles, mais aussi son esprit d’ouverture sur les habitants du quartier, a séduit la municipalité. Cette dernière connaît en effet bien les 14e et 15e arrondissements pour avoir travaillé à la ferme Capri pendant deux ans, autrefois gérée par la cité de l’agriculture, désormais liquidée.

Avant la mise en place de ce projet, la Ville doit rénover deux bâtisses du domaine, la ferme et la bastide où Elsa pourra habiter. Puis relier le domaine à l’irrigation du Canal de Marseille. Ce n’est qu’en octobre 2026 que la paysanne pourra commencer à s’installer.

Montgolfier, À Marseille, une agricultrice va cultiver deux hectares sur le domaine Montgolfier, Made in Marseille
De gauche à droite. Poussy, l’agricultrice, le maire Benoît Payan, Aïcha Sif, adjointe à l’agriculture.

Alimenter les cuisines de proximité en 2028

La Ville signera une convention d’occupation avec l’agricultrice de neuf ans contre un « modique » loyer. « Si on devait louer au prix, les seuls qui pourraient acheter ce sont les promoteurs », souligne Benoît Payan.

Car l’enjeu pour la municipalité de Marseille est aussi de répondre aux besoins alimentaires des futures « cuisines de proximité » qu’elle doit déployer à partir de 2028. Des cuisines capables de produire 5 à 6 000 repas par jour pour les écoles, contre les 55 000 produits par la cuisine centrale de Sodexo.

Mais si la Ville voulait « sortir de la suprématie de Sodexo », rappelle l’adjointe Aïcha Sif (EELV) une promesse de campagne du Printemps marseillais, elle a reconduit son contrat avec le géant de la restauration collective.

Cependant, la municipalité est sortie d’une délégation de service public (DSP) avec un contrat jusqu’à fin 2028 « plus haut de gamme » qui contraint Sodexo à offrir 50% de bio dans les assiettes des petits marseillais et six repas végétariens par mois, contre quatre actuellement.

En recherche d’un associé

D’ici trois ans, les hectares du parc Montgolfier ont le temps de voir venir et de renouer avec leur ancienne vie agricole. D’autres projets devraient s’installer sur les 3,5 hectares agricoles restants.

Dans un premier temps, l’agricultrice vendra ses récoltes aux restaurateurs avec lesquels elle travaille déjà. Puis, elle souhaite développer des liens avec le Relais nature, installé dans la bastide en régie municipale, pour faire de la pédagogie avec les enfants.

Pour réaliser cette myriade de projets, Poussy recherche d’ores et déjà un associé. À bon entendeur.

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