En haut de la rue Breteuil, le couvent de la Cômerie entame une réouverture progressive jusqu’en 2026. Aux manettes, le spécialiste de l’occupation temporaire Yes We Camp veut créer du lien dans le quartier avec les artistes en résidence chez Actoral, les écoles et les habitants.

Sur les hauteurs de la rue Breteuil, entre Notre-Dame-de-la-Garde et la place Castellane, se cache le parc bucolique des Sœurs Franciscaines. Ses grands pins offrent de l’ombre aux promeneurs qui ignorent parfois sa réouverture au public depuis septembre.

En tendant l’oreille, les mésanges huppées, les fauvettes à la tête noire et des choucas des tours qui peuplent l’espace vert chantent le début de l’été. Elles profitent de la vue panoramique sur les massifs alentour.

Ce havre de paix enveloppe la Cômerie, un couvent des sœurs franciscaines d’apparence bien conservé. La Ville de Marseille l’a racheté en 2019 en y installant Actoral en 2020, le festival culturel de Montevideo qui a absorbé l’association du même nom, après son départ forcé du 3 rue Montevideo.

Cômerie, À Vauban, Yes We Camp rouvre le couvent de la Cômerie au public, Made in Marseille
Buvette La Cômerie.

La buvette déjà en activité sur la terrasse

Voyant ce patrimoine remarquable sous occupé, Yes We Camp, spécialiste de l’occupation temporaire de bâtiments, a sollicité la municipalité pour proposer un projet ouvert aux habitants.

Séduit par le savoir-faire de l’association, qui avait déjà participé à la création du parc Foresta dans les quartiers Nord, l’Auberge marseillaise (8e) et Coco Velten à Belsunce (1er), la mairie de secteur lui a confié la gestion du couvent pendant trois ans, de 2025 à 2028.

Les deux cheffes de projet, Suzanne Laquerre et Cécile Baranger, y ont déjà déménagé leur bureau en face de la buvette ouverte du mercredi au samedi, de 16h à 21h. Elles ont confectionné elles-mêmes le bar qui surplombe les jeux pour enfants. « C’est parfait pour les parents qui veulent boire un coup », sourit Suzanne.

Cet espace de rafraîchissement est installé sur une partie des 900 m2 extérieurs gérés par Yes We Camp. Situé au centre de la Cômerie, il permet d’attirer du public mais aussi de générer des recettes pour compléter la subvention de 100 000 euros de la Ville.

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Cécile et Suzanne, cheffes de projet chez Yes We Camp.

Une ouverture du couvent en deux temps

Avant d’ouvrir le bâtiment de 3 000 m2 au public, la maire de secteur Olivia Fortin (PM) précise que des travaux de remise aux normes d’un établissement recevant du public (ERP) sont en cours.

La Cômerie devrait donc ouvrir en deux temps. D’abord, le rez-de-chaussée dès cet automne qui devrait accueillir des animations pour le grand public. La grande cuisine reprendra également vie pour proposer une restauration sur place, en privilégiant des emplois en réinsertion.

Ensuite, les étages ouvriront en 2026. Le premier « sera loué aux associations et aux entreprises à un loyer juste », précise Cécile. Et le deuxième sera investit par Actoral pour accueillir des artistes internationaux en résidence, comme elle le fait actuellement dans la chapelle au plafond boisé. La Ville et Yes We Camp voudraient ainsi créer « plus de porosité » entre les artistes, les écoles et les habitants.

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Les artistes travaillent dans la chapelle.

80 personnes feront vivre la Cômerie

Mais rien n’est encore définitif. Pour affiner le programme, selon leur méthode, Suzanne et Cécile rencontrent leurs voisins depuis plusieurs semaines pour sonder leurs besoins : les Comités d’intérêts de quartiers (CIQ), associations de parents d’élèves « très actives », et les écoles. La mairie de secteur assure réunir tous ces acteurs rapidement.

Courant 2026, près de 80 personnes devraient travailler dans l’enceinte de La Cômerie avec trois animations par semaine pour le public. Yes We Camp rencontrera aussi les occupants une fois par semaine pour s’assurer d’une bonne cohabitation entre les locataires.

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Après 2028, l’association espère que le futur projet s’inscrira dans une même logique de mixer les usages et les publics. « C’est notre plus grande réussite quand les projets perdurent », confient Suzanne et Cécile.

Dernièrement, on peut citer le projet Les Amarres, un centre logistique sur la Seine, repensé sur le même modèle depuis son rachat. Ou Coco Velten à Belsunce, dont le bailleur social Marseille Habitat s’est inspiré pour écrire son nouveau projet qui mêle 16 logements sociaux et un accueil de jour pour les femmes.

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