Le Neoliner Origin, premier cargo à voiles de dimension industrielle, a fait escale ce lundi 6 octobre dans le port de Marseille. Il effectuera une liaison transatlantique mensuelle régulière depuis Saint-Nazaire en économisant 80 % de carburant par rapport à un navire conventionnel.

C’est une escale symbolique pour le port autonome de Marseille. Ce lundi 6 octobre, au pied de la tour CMA CGM, le Neoliner Origin a fait une halte remarquée avant de poursuivre sa route vers Saint-Nazaire. Et pour cause, ce deux-mâts de 136 mètres de long est le premier navire cargo à propulsion vélique conçu pour le transport de marchandises.

« Pour la première fois, nous avons un vrai voilier qui va fonctionner 70 à 80% de son temps uniquement grâce au vent », se félicite Xavier Leclercq, vice-président en charge des constructions neuves chez CMA CGM, actionnaire du projet à hauteur de 37 %. « Là où le gaz naturel liquéfié permet de décarboner à 20 %, ici on parle de 80 % de réduction des émissions. C’est une vraie innovation ».

Fruit de près de 15 ans de développement, le projet Neoline est né à Nantes, avec l’ambition de « diviser par cinq la consommation d’énergie » du transport maritime grâce au vent. « Notre objectif est de proposer une solution crédible, compétitive et durable », explique Jean Zanuttini, président-fondateur de Neoline.

Une propulsion avant tout éolienne

Construit par le chantier RMK Marine, près d’Istanbul, le Neoliner a été livré officiellement le 26 septembre dernier. Arrivé de Bastia depuis la Turquie, il a déchargé à Marseille 300 voitures de location pour le compte du groupe corse Filippi, profitant des fortes rafales du week-end pour une traversée express.

« Le bateau peut atteindre une vitesse moyenne de 11,5 nœuds sur une traversée de l’Atlantique, à peine deux jours de plus qu’un cargo classique », reprend Xavier Leclercq.

Dans l’immédiat, cela ne réduit néanmoins pas les coûts de transport pour la CMA, qui voit le projet comme une « expérimentation ». « Le transport sera un peu plus cher à court terme, le temps d’amortir les équipements supplémentaires, mais c’est un investissement d’avenir », estime Jean Zanuttini.

neoliner, Neoliner Origin, le premier cargo de transport de marchandises à voile, fait escale à Marseille, Made in Marseille

Une innovation française ambitieuse

Doté de deux mâts en carbone de 75 mètres de haut, chacun équipé d’une voile rigide SolidSail de 1 500 m², ce navire combine l’énergie éolienne et des moteurs diesels-électriques. Le reste du temps, le cargo s’appuie sur des moteurs auxiliaires fonctionnant au diesel désulfurisé pour manœuvrer dans les ports ou par vent nul.

« Nous ne faisons pas un trajet d’un point A à un point B, mais nous adaptons notre route au vent grâce à un système de routage intelligent, note son commandant Mathieu Poulain. Quand on touche un bon vent, on va plus vite qu’un cargo classique. Ce projet s’inscrit dans l’histoire maritime ».

Le Neoliner Origin peut transporter jusqu’à 1 200 mètres linéaires de fret, jusqu’à 5300 tonnes de véhicules ou de conteneurs. À bord, le navire peut également accueillir jusqu’à 12 passagers en plus de son équipage de 14 personnes.

Un vent d’avenir pour le transport maritime

Après son escale marseillaise, le Neoliner metttra le cap sur Saint-Nazaire pour son baptême. De là, il effectuera des traversées transatlantiques mensuelles vers Baltimore, Halifax et Saint-Pierre-et-Miquelon, pour le compte de huit premiers chargeurs. « Toutes des entreprises françaises implantées dans l’Ouest, qui souhaitent réduire l’impact environnemental de leurs exportations tout en restant compétitives », souligne Jean Zanuttini.

De son côté, la CMA CGM, engagée vers le zéro carbone d’ici 2050, envisage déjà d’aller plus loin avec de futurs cargos à trois mâts, dont la construction pourrait débuter dès 2026. Après son escale marseillaise, le Neoliner met le cap sur Saint-Nazaire pour son baptême, avant son premier grand départ transatlantique porté par le vent.

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