Trois restaurants, une salle de cinéma convertible en salle de spectacles, le futur cinéma Artplexe veut dépasser ses fonctions culturelles en programmant des concerts, expos, danse ou théâtre. Le projet a été détaillé lors d’une visite de chantier avec des élus marseillais. L’occasion d’annoncer son inauguration pour octobre 2021.
Le cinéma Artplexe Canebière devait voir le jour fin 2019 square Léon-Blum, à la place de la mairie de secteur. Après divers reports, notamment suite à des difficultés de travaux concernant le parking existant en sous-sol, il ouvrira finalement « en octobre 2021 », assure Philippe Dejust. L’exploitant indépendant et président du futur cinéma précise que l’inauguration sera l’occasion d’une « exposition extraordinaire, et d’un concert », sans en dévoiler davantage pour le moment.
Toutefois, concernant l’exposition, le photographe Le Turk a déjà vendu la mèche sur son site officiel.
Car le projet se veut porteur « d’une nouvelle vision du cinéma de centre-ville », poursuit le directeur général, Jean-Jacques Leonard. « Un site multiculturel mêlant musique, expos, danse, théâtre, restauration, concerts… » D’ailleurs, une des sept salles sera modulable pour accueillir un concert assis tous les deux mois environ. Pour la maire des 1-7, Sophie Camard, présente lors d’une visite de chantier ce mardi 20 avril, « c’est une salle de spectacle de taille intermédiaire. Ce qu’il manque à Marseille, qui compte surtout de grandes ou très petites salles ».
Un tarif moyen autour de 7,5 euros
Mais il s’agit avant tout d’un cinéma « de centre-ville, avec un confort digne d’un multiplexe, et des projecteurs laser derniers cris que nous serons les premiers à utiliser en Europe », poursuit Philippe Dejust. L’établissement ajoutera 1 000 nouvelles places dans la ville « pour atteindre 12 000 fauteuils au total », précise l’adjoint à la culture, Jean-Marc Coppola. « On passe de 68 à 76 écrans à Marseille », poursuit-il. Soit 8 écrans supplémentaires en comptant le dernier venu du côté de l’Alhambra. « On est toutefois encore loin de la moyenne dans les grandes villes de France », tempère le président d’Artplexe.
L’exploitant possède de nombreux cinémas à travers la France. Il a investi « au total 15,5 millions d’euros » pour le projet marseillais. Bien au dessus des 8 millions d’euros estimés au départ. Il espère rentabiliser cela en tablant sur 300 000 à 350 000 entrées par an, « qui tourneront en moyenne autour de 7,5 euros (tarifs spéciaux, abonnements, etc.). Le billet plein tarif coûtera 10 €, mais cela représente généralement 10 % des entrées », explique-t-il.
« Une opportunité pour redynamiser la culture du quartier »
Par ailleurs, il jouit d’un loyer « de 15 000 euros par an, c’est rien », rappelle l’adjointe marseillaise à l’urbanisme, Mathilde Chaboche. On devine que le bail emphytéotique de 58 ans négocié avec l’ancienne municipalité n’est pas à son goût. Comme la part variable que le cinéma devra verser en fonction de son chiffre d’affaires : 15 % s’il dépasse 300 000 euros, et 25 % s’il atteint 500 000.
La programmation a également fait réagir les actuels élus, dont certains étaient encore dans l’opposition. En effet, la part de films d’Art et Essai a été revue pour représenter 30 %. « Ce n’est pas notre projet au départ, mais il faut le faire marcher pour le quartier », estime Sophie Camard. La maire de secteur considère même que « Artplexe est une opportunité pour redynamiser la culture de proximité, par effet d’entrainement. Il y aura des connexions avec d’autres structures du quartier, des événements communs, et il attirera le public ».
Parmi les événements culturels variés que le président du cinéma compte accueillir, il se projette sur un festival autour du 7e art. Côté emplois directs créés, il table sur « une cinquantaine sur le site ». Si les élus semblent avoir trouvé satisfaction dans le projet, des « discussions musclées » ont eu lieu ces derniers mois, « sur le choix des façades notamment » précise l’adjointe à l’urbanisme Mathilde Chaboche. « On est satisfait des barrettes en pierre qui habilleront finalement les façades ». Elles apportent une « verticalité et une minéralité » qui fera écho avec l’église des Réformés, en face.
Trois restaurants, dont un sur le rooftop
Artplexe accueillera également trois restaurants. Le premier, sur un vaste espace du rez-de-chaussée, proposera une terrasse de 200 m2 sur le square Léon-Blum, au pied du kiosque à musique en voie d’être rénové. « Il s’agira d’un concept « bouillon » », explique Philippe Dejust. « Une grande brasserie de cuisine traditionnelle abordable. Autour de 15 € ». Comme tous les restaurateurs, ce seront des indépendants et non des franchises.
Au sommet du bâtiment, sur le rooftop du cinéma, un restaurant proposera des plats de gamme supérieure, autour de 24 €, servis avec vue panoramique. La maire de secteur veillera à ce que ce rooftop soit « calme ». À savoir, dédié à la restauration, et non aux soirées festives comme beaucoup d’autres de la ville.