Zéro plastique. Des produits en vrac. Une démarche engagée et durable. En fin d’année, Franck Bonfils, fondateur de Juste Bio, inaugurait son nouveau site de production, la première usine d’Europe zéro déchet. Coup de projecteur sur une success story provençale.
Moins d’emballage et des produits plus sains. La tendance citoyenne est à la préservation de son corps et de la planète. Un indicateur notamment avec l’expansion du marché du vrac en France : « en 2019, celui-ci dépassait le milliard d’euros dans l’Hexagone, soit une croissance de 41% en l’espace d’un an, et le signe d’une nouvelle ère dans le milieu du marketing », souligne Franck Bonfils, fondateur de la société Un Air d’Ici.
Dans l’univers de la grande distribution, l’entreprise a déjà un tour d’avance. Celle-ci propose des produits alimentaires grillés, transformés et emballés dans le Vaucluse, tous certifiés agriculture biologique. « Pendant mes études à Sciences Po, je faisais cuire des cacahuètes l’été en remplaçant le sel par du sucre et je les vendais sur la plage ». L’anecdote prête à sourire. C’est pourtant les prémices de la création d’Un Air d’Ici.
En 2009, l’entrepreneur décide d’opérer un tournant dans son activité agroalimentaire en se lançant sur le marché du vrac bio. Huit ans plus tard, la société passe un nouveau cap avec la création de la marque Juste Bio, proposant plus d’une centaine de références de produits. En 2017, l’entreprise enregistrait 30 millions de chiffre d’affaires. En 2020, elle en réalise 78 millions. A ce jour, elle est leader dans le domaine, forte de quelque 5 000 points de vente.
Une économie de 300 tonnes de plastiques par an
Une véritable success story provençale dont l’ADN reste l’engagement environnemental. Elle le prouve avec la création, il y a quelques mois, de son nouveau site de production à Carpentras. Dans cette usine, aucune création de conditionnement polluant. Fruits et légumes secs et séchés, graines, thés et cafés, épices ou encore bonbons… pour présenter les près de 140 références biologiques, organisées en 10 catégories, l’entreprise mise sur la vrac mis en valeur dans un meuble vrac designé ; ou des sachets kraft biodégradables.
Une démarche qui permet de limiter la prolifération d’emballages et d’économiser 300 tonnes de plastiques par an. « Nous avons la volonté de tout gérer, de A à Z, indique Franck Bonfils. Le vrac est aujourd’hui devenu indissociable du service, ce qui rend accessible à tous le fait de pouvoir changer les choses en limitant son impact environnemental lors de l’acte d’achat. Chaque petit geste compte. Et dans la chaîne de production, c’est le même credo : par exemple, le marquage au laser des cartons permet d’économiser 2 millions d’étiquettes par an et le ruban adhésif est remplacé par des points de colle. La lutte anti-gaspi s’effectue à tous les niveaux ».
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Une démarche sociale et solidaire
Etre responsable n’est pas seulement applicable dans la démarche environnementale pour l’entreprise qui regroupe 130 salariés et des dizaines de commerciaux partout en France. Elle l’est aussi par sa politique managériale. Des caractéristiques distinguées par les labels RSE (Responsabilité Sociétale et Environnementale) et PME Engagées.
« Avec cette nouvelle unité de production, on a réfléchi à offrir un espace de travail agréable à nos employés. Nous sommes conscients que, pour avoir de l’efficience, il faut qu’ils aient un vrai confort et que l’on prône l’équité. Nous avons sur ce site des espaces conviviaux, avec des robots AGV (véhicules à guidage automatique, ndlr) pour réduire la pénibilité. Il s’agit d’une usine 3.0 ».
Une démarche humaine complétée aussi sur le terrain, en aval de la commercialisation des produits. « Nous prônons depuis toujours les actions en local. Par exemple, pour réduire le gaspillage alimentaire, nous travaillons avec un supermarché solidaire à qui l’on donne tous nos invendus. Celui-ci va les redistribuer à des familles dans le besoin à des prix très bas, ce qui permet de donner accès au bio à ceux qui n’en ont pas l’opportunité au quotidien ».
En cette nouvelle année, les projets vont plus loin dans l’aventure humaine et écologique, puisque le fondateur exprime le souhait de travailler avec les consommateurs à la co-création d’un mélange spécifique. Une partie des bénéfices des ventes serait reversée à une association à vocation environnementale.
« Il est de notre devoir d’adopter une consommation plus responsable ».
Une manière aussi de se remettre d’une année mouvementée. « 2020 aura sacrifié l’écologie et l’engagement environnemental sur l’autel de l’hygiène, et pas à juste titre, assure Franck Bonfils. Je veux que les consommateurs se rendent compte que le vrac est sûr et hygiénique. Tel est l’objectif 2021 : rassurer le consommateur, lui faire prendre conscience qu’il est nécessaire de maintenir les efforts. Cela va bientôt faire un an que nous créons des milliards de déchets, entre les masques et autres contenants. Une pandémie de déchets nous attend. Il est de notre devoir d’adopter une consommation plus responsable ».