Dans une déclaration prononcée ce jour depuis l’Hôtel de Ville, Michèle Rubirola annonce officiellement qu’elle renonce à son fauteuil de Maire de Marseille. Elle souhaite que le socialiste Benoit Payan prenne sa place.
Face aux rumeurs persistantes ces derniers jours, Michèle Rubirola a décidé de faire ce jour une déclaration publique, dans laquelle elle annonce officiellement qu’elle renonce à son fauteuil de Maire de Marseille. En fonction depuis seulement 5 mois, elle cède ainsi sa place.
Lors de son discours, Michèle Rubirola annonce : « Je souhaite que Benoit devienne le Maire et que notre binôme s’inverse », évoquant ses limites de santé à s’engager à 300% comme doit l’être le Maire d’une ville comme Marseille.
Extraits de son discours
« Je m’adresse à vous, aujourd’hui, depuis la mairie de Marseille. Cette mairie est, peut être encore plus qu’ailleurs, un symbole puissant. Posée sur le Vieux-Port, elle incarne notre Ville, sa beauté, sa fierté, sa lumière. Cette ville où je suis née et que j’aime tant. C’est d’ici que nous travaillons à rendre Marseille plus unie, plus forte, et plus douce. Au mois de juillet dernier, notre ville a choisi une force politique nouvelle, le Printemps Marseillais. C’est une force de rassemblement, une union de citoyens, de mouvements, de collectifs et de partis, au service d’un projet commun : construire une ville juste et durable.
Cette élection municipale a tourné une page dans l’histoire de Marseille. Une page d’affairisme et de clientélisme, une période de gestion trouble, opaque et inefficace. Notre majorité est diverse et engagée. Elle n’est pas classique. Elle ressemble à Marseille, elle est chaleureuse et plurielle, elle est frondeuse et fraternelle.
Depuis le 4 juillet, elle gouverne la ville avec énergie et ferveur. Elle étonne, elle dérange, parfois elle déstabilise. Tant mieux.
J’ai connu, avant l’été, de premières difficultés liées à ma santé. J’ai du subir à la fin du mois de septembre une intervention chirurgicale. J’ai été transparente sur ce sujet. Ces épreuves ne m’empêchent pas de servir les Marseillaises et les Marseillais, mais elles limitent l’énergie que je peux mobiliser elles contraignent le temps que je peux consacrer à mes missions. Au même moment, nous avons découvert l’état dans lequel notre collectivité a été abandonnée. Notre ville est dans une situation financière plus calamiteuse encore que nous ne pouvions l’imaginer. Nos capacités d’investissement sont atrophiées, nos finances sont exsangues, les ressources humaines ont été administrées sans cohérence, notre patrimoine est dégradé.
C’est une situation exceptionnelle. Depuis 1945, Marseille n’a jamais été aussi près de sombrer. Nous n’avons pas de temps à perdre. Au cours des dernières semaines, j’ai profondément réfléchi, j’ai consulté, j’ai examiné les options qui se présentent à nous. Je suis médecin. Il y a en médecine des spécialistes du quotidien, du temps long, et il y a des urgentistes. Je suis de la première catégorie, et c’est de la seconde dont nous avons besoin tout de suite à Marseille.
C’est pour ces raisons, que j’ai pris la décision de quitter ma fonction de maire de Marseille. J’ai présenté ce matin ma démission au préfet, qui l’a acceptée. C’est aussi parce qu’il n’y a pas en politique d’homme ou de femme providentiels. Nous sommes une équipe. Celui ou celle qui la mène doit être celui qui correspond le mieux au moment. Le Printemps Marseillais est un collectif. Il l’a toujours été. C’est ce collectif que notre ville a choisi. Elle a choisi un projet, plus qu’un visage. Je sais que cette réalité déconcerte et interroge. Je sais que le duo que nous formons avec Benoit Payan intrigue. Ce que nous accomplirons ensemble dissipera les doutes.
Je suis une citoyenne de Marseille. Je n’ai pas derrière moi des années d’office public, de combats dans l’hémicycle, ou d’expérience politique. Je n’ai pas été élue pour occuper un bureau, ni pour jouir d’une place et de ses attributs. Je n’ai jamais cherché le pouvoir pour lui même. Je suis une militante et une porteuse de projets. Lorsque la gauche gagne une élection, c’est d’abord l’espoir qui l’emporte. Le Printemps Marseillais, c’est un espoir de renouveau et de justice. C’est aussi une promesse d’honnêteté et de transparence. C’est au nom de ces engagements, que je m’adresse à vous, aujourd’hui.
Nous avons été élus pour transformer notre ville. Je crois à notre projet. Et je suis bien plus attachée à ce projet, qu’à un titre. Je sais aujourd’hui que pour que nous réussissions , pour que nous soyons plus efficaces tout de suite, ce n’est plus à moi de mener notre collectif. Depuis les premiers jours de cette aventure, et plus encore depuis le 4 juillet, nous sommes côte à côte avec Benoit Payan. Nous avons mené campagne ensemble, nous avons gagné ensemble, et nous gouvernons ensemble. Nous formons un binôme. Je souhaite que notre binôme continue, mais s’inverse, et que Benoit devienne maire.
C’est de son énergie et de son expérience dont Marseille a besoin aujourd’hui, plutôt que de la nouveauté que j’incarne et que les Marseillaises et les Marseillais ont choisie. C’est ce qui nous a fait gagner à Marseille, mais aujourd’hui, pour sauver Marseille, j’ai pris cette décision.
Je mesure ce que cette décision peut avoir d’inhabituel ou de surprenant. Je crois que l’honnêteté qui m’amène devant vous aujourd’hui est une force pour notre collectif. J’assume de placer notre réussite avant toute considération personnelle. Je sais que mon geste soulèvera des doutes et des questions. Pas au sein de notre majorité, mais à l’extérieur. Je sais que l’usage voudrait qu’on s’accroche au pouvoir comme l’arapède à son rocher. Les commentateurs imagineront des complots, des manœuvres de coulisses, que sais-je encore ?
Je revendique pleinement et personnellement ce choix. Ce choix est le mien. C’est le choix d’une militante et d’une femme libre. C’est un choix en responsabilité et en conscience. En conscience de ce que je sais faire, en conscience de ce à quoi je peux être utile, en conscience des atouts de notre équipe, et en conscience de l’intérêt supérieur des Marseillaises et des Marseillais ».