A Marseille, les Mécanos du cœur (3e) proposent aux personnes touchant de faibles revenus d’entretenir ou d’apprendre à réparer leurs voitures à moindre coût. Reportage dans ce garage pas comme les autres.
Il y a 22 ans, un groupe de Marseillais a créé l’association « les Mécanos du cœur » : « Un monsieur qui s’appelait Christian Bordione a eu l’idée d’aider les personnes touchant de faibles revenus à entretenir leur voiture, débute Michel Bérard, président de l’association depuis 5 ans. Il avait monté une permanence à la Valbarelle (11e) où il recevait des gens qu’il orientait vers des amis mécaniciens proposant des prix sociaux ».
C’est à cette époque que Michel fait la connaissance de Christian et décide de fédérer un groupe de personnes autour de son idée. « En février 1998, on s’est regroupés avec quelques copains, autour de lui, pour monter une association. Nous l’avons embauché en tant qu’animateur et puis, petit à petit, ça s’est développé ». Elle compte, aujourd’hui, 343 adhérents dont 175 femmes.
« Gérer leur voiture le mieux possible avec le moins d’argent possible »
Depuis 2005, l’association a investi leur local actuel, dissimulé tout au bout de la rue de la Chapelle (3e) : « Nous sommes dans le quartier le plus pauvre de France, beaucoup de membres de l’association sont d’ici. Mais c’est aussi le quartier de la mécanique à Marseille, avec des marchands de pièces, de « mécanique de trottoir »… », explique Michel.
Pour bénéficier des réparations, il suffit de devenir adhérent en cotisant à hauteur de 10 €. Si le garage privilégie l’aide aux plus démunis, toute personne ayant des difficultés à entretenir son véhicule est la bienvenue : « Aujourd’hui, posséder une voiture est essentiel. Mais l’acheter, l’entretenir, c’est un effort économique très important, surtout pour les gens ayant peu de revenu. Donc notre objectif est de leur permettre de gérer leur voiture le mieux possible avec le moins d’argent possible. C’est aussi simple que ça », résume le président de l’association.
Auto-réparations accompagnées d’un mécanicien
« Nous ne sommes pas un garage où on vient poser sa voiture comme ça et puis on part, c’est pas comme ça que ça se passe. Ici, les gens sont actifs », maintient le président. A l’atelier, les adhérents peuvent donc venir auto-réparer leurs voitures, accompagnés d’un mécanicien : « Pour ne pas dépendre d’une panne, d’un pneu crevé, on les aide, on les forme, parce que faire une vidange dans un garage, ça vaut cher. La faire soit même, ça ne vaut rien », continue-t-il.
Les tarifs de l’auto-réparation débutent à 5 €, 10 € avec l’utilisation du pont élévateur. Les adhérents achètent eux-mêmes les pièces dont ils ont besoin, chez des fournisseurs proposant des réductions aux membres de l’association.
Tous les travaux sont ensuite vérifiés par les mécaniciens, « et si la personne ne participe pas, chacun paie en fonction de ses revenus donc les personnes étant aux minimas sociaux payent 15 € de l’heure, les personnes non imposables payent 30 € et celles imposables payent 45 € », ajoute Michel.
Constituée d’une vingtaine de bénévoles permanents, l’association compte aussi sur des aides plus ponctuelles, « par exemple, un groupe de femmes électriciennes a changé le compteur et a mis aux normes tout l’atelier. Une autre, Simone, a fait la fresque de la route 66 que vous pouvez voir sur le mur. Tout le monde participe, il y a une vraie vie associative », insiste le président, sans oublier les repas aux airs « d’auberge espagnole », régulièrement organisés par l’association, que le président prévoit déjà de reprendre lorsque les conditions sanitaires le permettront.