Depuis 2014, le collectif Jardin de Noailles milite pour réintroduire la nature dans le quartier. Ces habitants et commerçants souhaitent que la Ville facilite le verdissement des rues. Ils ambitionnent également de faire du « ventre de Marseille » le premier quartier zéro déchet de la ville.
On le surnomme le « ventre de Marseille ». Le quartier de Noailles, populaire et vivant, est réputé, entre autres, pour son marché des Capucins. Il a connu il y a tout juste deux ans un drame sans précédent. Le 5 novembre 2018 deux immeubles s’effondraient dans la rue d’Aubagne, causant la disparition tragique de 8 personnes. Aujourd’hui, la cicatrice de cet événement est encore présente.
« Les plantes permettent d’apaiser l’atmosphère », nous confie la présidente du collectif le Jardin de Noailles, Edwige Monod. « Depuis qu’elles sont présentes, c’est plus chaleureux. Il y a davantage d’échanges dans le quartier, cela crée du lien ». Charles Coraze, habite la rue Pauillac depuis 30 ans. Il se pose en défenseur de la végétalisation de son quartier, prise à bras le corps par le collectif qui regroupe des habitants et commerçants.
Le Jardin de Noailles milite en effet pour donner plus de place à la nature dans le quartier et améliorer la propreté. Créée en 2014, l’association de protection de l’environnement mène des actions pour végétaliser les rues, les rebords de fenêtres et les toitures. Son souhait : que Noailles ressemble à un « grand jardin » et devienne le 1er quartier zéro déchet de Marseille.
Vers un assouplissement du « Visa Vert »
Avant de se lancer dans un projet de végétalisation des rues, à Marseille, comme à Paris, il faut préalablement obtenir une autorisation de la mairie appelée « Visa Vert ». Cela concerne toutes les installations sur l’espace public : jardinières sur les trottoirs, plantes grimpantes sur les murs, pots de fleurs… qui doivent respecter la « Charte de végétalisation de l’espace public marseillais », établie depuis octobre 2015.
« La démarche est très compliquée, la municipalité met quatre mois pour se décider, il faut préciser quels types de plantes et quels types de pots on souhaite installer. Et si on modifie le pot ou la plante, un nouveau « Visa Vert » doit être fait, c’est trop sclérosant », nous confie Edwige Monod.
Si la végétalisation des rues constitue un atout indéniable pour la qualité de vie des habitants, il n’en reste pas moins que l’occupation de l’espace public ne doit pas entraver l’intérêt commun. Une obligation qui justifie la mise en place de ce Visa selon les autorités publiques.
« Tout le monde doit pouvoir circuler librement. En cas de problème, les secours doivent pouvoir intervenir rapidement. Il faut aussi pouvoir laisser un passage suffisant pour les personnes en situation de handicap, pour les poussettes… », explique Nassera Benmarnia, adjointe à la Maire de Marseille en charge des espaces verts, des parcs et jardins et du retour de la nature en ville.
Une réunion « nature en ville » était prévue en novembre. L’objectif de la majorité est de réécrire avec les citoyens le « Visa Vert » pour assouplir cette charte. En octobre, Nassera Benmarnia encourageait les citoyens à la contacter : « une cinquantaine de personnes sont inscrites. J’invite donc les citoyens intéressés à prendre contact avec moi pour que je puisse les y convier ».
Cependant, positive au Covid-19 début novembre, l’adjointe en charge des espaces verts vient de reprendre le travail cette semaine. « J’ai renvoyé des invitations aux personnes concernées pour réaliser une visioconférence. Elle se fera sûrement en demi-groupe en fin de semaine prochaine », précise-t-elle, avant d’affirmer en conclusion : « Je veux réellement trouver une solution pour ce quartier ».