Co-fondatrice du collectif Mad Mars, instigatrice du rassemblement des gauches à Marseille, la candidate du Printemps marseillais, Olivia Fortin, arrache le 6-8, fief historique de la droite marseillaise à Martine Vassal.

Lorsqu’elle s’est engagée dans cette « folle » aventure, qualifiée par certains observateurs, « d’utopique » ou « délirante »,  Olivia Fortin ne s’est jamais dit que la victoire n’était que pure chimère. « Je me suis lancée dans cette candidature de campagne en me disant toujours que c’était possible, et en faisant du mieux possible tous les jours », confie la co-fondatrice du collectif Mad Mars, qui menait la liste pour le Printemps Marseillais dans le 6-8 arrondissement. C’est dans ce secteur qu’elle a grandi et où sa famille vit encore.

Et c’est encore ici, dans ce fief historique de la droite marseillaise acquis à Jean-Claude Gaudin, que la cheffe d’entreprise de 43 ans, directrice de production pour de grands événements (cinéma, sport, industrie…) a fait chuter la tête de liste Les Républicains, Martine Vassal. Hier, à quelques heures des résultats, la nouvelle occupante de la mairie de Bagatelle tentait de prendre du recul, « en essayant de me rappeler que peut-être le pari était finalement impossible… ». Un doute vite dissipé : « J’ai une équipe tellement enthousiaste et qui a tellement donné durant la campagne, avec ce désir de l’emporter, parce que c’est historique en fait ce qu’on a fait… ».

« Une large adhésion au projet que l’on porte »

Le Printemps Marseillais s’est imposé dans la cité phocéenne, avec 38,28% des suffrages. 25 ans que ce n’était pas arrivé. « C’est formidable, avec plus de 10 000 voix devant la droite », commente Olivia Fortin, ajoutant que ce résultat confirme « une large adhésion au projet que l’on porte. C’est une très grande joie également ».

C’est sur le plateau de France 3, dans la soirée, que la candidate a eu connaissance des premières estimations sorties des urnes. « J’ai vraiment gardé mon sang froid. À ce moment-là, je n’avais qu’une hâte, c’était de rentrer dans mon local de campagne et voir mon directeur de campagne qui recevait les résultats des bureaux de vote au fur et à mesure, pour voir si cette tendance se confirmait. Je voulais être avec mon équipe, et puis on a été très heureux quand ça s’est confirmé », raconte-t-elle.

Reste que si le Printemps Marseillais est bien arrivé en tête ce 28 juin, à l’échelle de la ville, la liste d’union de la gauche et des écologistes n’a obtenu qu’une majorité relative en nombre de sièges. Ainsi, c’est donc au troisième tour que sera désigné le ou la prochain(e) maire de Marseille. Dans le cadre de la loi PLM (Paris – Lyon – Marseille), ce sont les conseillers nouvellement élus qui désignent à bulletin secret leur édile, à l’occasion de la séance d’installation du conseil municipal, qui doit se tenir ce samedi 4 juillet.

« On attend que Samia Ghali s’exprime et qu’elle se positionne »

Sur 101 sièges en jeu dans chacun des 8 secteurs électoraux de la ville (comptant chacun deux arrondissements), la tête de liste écologiste en totalise 42, malgré ses 13 091 voix d’avance, contre 39 pour Martine Vassal (LR) sa rivale, soit trois voix d’écart. Pour Olivia Fortin, cette différence n’est pas négligeable. « On est devant madame Vassal en nombre de sièges, il vaut mieux trois devant que six derrière ».

Pour ce troisième tour, les tractations en coulisses ont naturellement commencé. Samia Ghali qui a conservé sa mairie de secteur dans les 15-16e joue les arbitres. « Samia Ghali est une femme de gauche, une sénatrice apparentée PS. Elle a été très silencieuse durant la période de l’entre-deux tours, maintenant on attend qu’elle s’exprime et qu’elle se positionne, mais je pense qu’elle ne peut pas se porter complice de la droite », exprime-t-elle, sans révéler si les discussions sont bien avancées avec la sénatrice.

Quant à l’hypothèse d’une abstention ? Olivia Fortin ne semble pas y croire. « Comment pourrait-elle faire ça ? Cela ne peut pas s’assumer ».

Dans l’entre-deux-tours, les discussions entre la candidate de « Marseille avant tout » et le Printemps Marseillais n’ont pas abouti. Jean-Marc Coppola (PCF) a même maintenu sa liste dans le 8e secteur face à la sénatrice, qui en avait appelé à Michèle Rubirola.

Mais même avec ses voix, Michèle Rubirola n’obtiendra que 50 votes, soit une voix en dessous de la majorité absolue de 51, sur les 101 conseillers municipaux. L’élection du maire peut également se jouer à la majorité relative, si deux premiers tours n’offrent aucune majorité absolue.

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