Les premiers essais de la chloroquine, réalisés à l’IHU Méditerranée Infection de la Timone par le professeur Didier Raoult, sont encourageants dans la lutte contre le coronavirus. Un médicament bien connu, utilisé contre le paludisme, et peu onéreux.

C’est une lueur d’espoir qui pointe pour enrayer la pandémie du Covid-19. Avec l’accord des autorités sanitaires, un essai clinique pratiqué à l’IHU Marseille, l’un des centres de référence pour le coronavirus, a débuté il y quelques jours. Dans une vidéo enregistrée lundi 16 mars à Marseille, le professeur Didier Raoult qui mène cet essai a présenté des résultats encourageants. 24 patients atteints du coronavirus et volontaires, ont été traités au Plaquenil, l’un des noms commerciaux de la chloroquine, un anti-paludéen commercialisé depuis 70 ans.

Six jours plus tard, 25% seulement des patients seraient toujours porteurs du virus. Alors que 90 % de ceux qui n’ont pas reçu ce traitement sont toujours positifs. « La charge virale moyenne avec ce virus est normalement de 20 jours. Tous les gens qui meurent du corona, meurent avec le virus. Ne plus avoir le virus change radicalement le pronostic », explique Didier Raoult, lors de son intervention. Une efficacité renforcée par un traitement antibiotique supplémentaire : l’Azithromycin.

Dans sa vidéo, le professeur Raoult ne précise pas si ces résultats concernent l’ensemble des 24 malades. Alors qu’une publication scientifique est attendue, d’autres équipes hospitalières françaises ont manifesté leur intérêt pour le protocole marseillais.

Le ministère de la Santé prêt à conforter les résultats

Pour pouvoir mettre en place son essai clinique, le professeur Raoult, par ailleurs, l’un des onze experts membre du conseil scientifique qui conseille Emmanuel Macron face à la crise du Covid-19, a mis en place un protocole express, à la demande du gouvernement. « Il a reçu une autorisation en fast track en 24 heures, c’est du jamais vu », explique le ministre de la Santé, Olivier Véran. « Nous sommes prêts à conforter les résultats intéressants qu’il semble avoir obtenu ».

Tout en ajoutant qu’il est impératif d’avoir des processus validés de façon totalement indépendante : « Si les résultats sont favorables, on aura l’occasion de s’en réjouir », ajoute le ministre.

Ces nouveaux essais cliniques seront réalisés, toujours à Marseille, avec une équipe indépendante du professeur Raoult, d’autant qu’il en a réclamé l’extension, comme l’a souligné de son côté la parole-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, à l’issue du Conseil des ministres, hier. « Le ministère a souhaité étendre ces essais cliniques, qui seront dupliqués sur un plus grand nombre de patients », a-t-elle précisé tout en jouant la prudence : « à ce stade, nous n’avons pas de preuve scientifique » que ce traitement fonctionne.

Plusieurs experts sont d’ailleurs réservés en l’absence d’études plus poussées. L’efficacité de la chloroquine avait été évoquée après un test sur plus de 100 patients, en Chine, avant que cette piste ne soit abandonnée.

Reste que le laboratoire Sanofi s’est dit prêt, mardi 17 mars, à offrir aux autorités françaises des millions de doses, pouvant traiter potentiellement 300 000 malades

« À l’époque actuelle, il faut diagnostiquer et traiter »

Le professeur s’est montré, par ailleurs, critique à l’égard de la stratégie choisie par la France pour freiner la pandémie. Il regrette cette « approche technologique », et propose de ne pas limiter les tests aux centres de références « car ce sont des tests PCR banals que tout le monde est capable de faire », assure-t-il.

Par ailleurs, il estime que les mesures de confinement ne constituent pas une bonne solution : « La dernière fois qu’on a instauré une quarantaine à Marseille, c’était pour le choléra et je vous assure que ça n’a pas marché », déclare-t-il,  donnant même comme exemple le Hussard sur le Toit, de Giono, lors de son intervention lundi 16 mars. « A l’époque actuelle, ce qu’on doit faire en maladies infectieuses, c’est diagnostiquer et traiter ».

Là encore, d’autres spécialises assurent que la solution actuelle reste le confinement. C’est le cas de Jean Gaudart, épidémiologiste et biostatisticien à l’hôpital de la Timone. « Il faut éviter au maximum de sortir, et plus on sera respectueux de ces consignes, plus on soutiendra les soignants dans les hôpitaux, plus on sauvera des vies », déclare-t-il dans un entretien à La Marseillaise.

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