Attendu depuis des années, le jardin partagé de la place du Refuge au Panier ouvrira ses portes dans les prochains jours. Un jardin participatif et associatif qui entend redonner vie à la place et fédérer les habitants.
« Beaucoup disaient que ça ne se ferait jamais, que c’est la L2 du Panier ! », rigole Philippe Bouchet-Dunoyer, président de l’association des Jardiniers du Panier. En effet, le projet de jardin partagé sur la place du refuge devait voir le jour fin 2016.
Après des déconvenues de chantier et une rallonge de 190 000 euros aux 200 000 initialement prévus, les citoyens pourront commencer à cultiver les 800 m2 du jardin en février.
Pour l’inauguration officielle, il faudra attendre encore un peu. La convention entre la Ville de Marseille et l’association de jardiniers-citoyens ne pourra pas être validée par le Conseil municipal avant l’été. C’est donc une « autorisation de manifestation sur l’espace public » qui leur permettra, en attendant, de prendre possession des lieux.
« Je ne me refuse pas d’organiser une petite fête à l’ouverture », promet de son côté Lisette Narducci, la maire de secteur (2ème et 3ème arr.), agacée par des retards qu’elle attribue à la mairie centrale.
Le terrain est resté en friche des années
Un jardin bio au cœur du Panier
De leur côté, les membres du collectif, devenu association, se préparent déjà avec impatience à faire fleurir l’espace en organisant des réunions. « Qui a de l’espace chez lui pour couver des semis ? », lance l’un d’entre eux. « Et si on faisait pousser des fraises des bois ? », propose un autre, alors qu’une cultivatrice en devenir rappelle qu’elle est « au niveau zéro en jardinage ! ».
« Quoi qu’il en soit, nous devrons tout cultiver en bio » recadre le président, rappelant ce principe de la convention qui les liera avec la Ville, comme des dizaines d’autres jardins-partagés à Marseille.
« Nous étions 50 habitants du quartier au début du projet », poursuit-il, alors qu’une douzaine de membres se sont réunis ce soir. « Les retards successifs en ont découragé beaucoup, mais ils vont sûrement revenir maintenant que ça se fait ».
« On va surtout cultiver du vivre-ensemble »
« C’est sûrement un scooter volé », lance une future jardinière, alors que trois jeunes arrachent des morceaux du deux-roues avant de faire rugir le moteur et d’entamer un ballet autour du jardin en finition. Ce jeudi soir, aux alentours de 17 heures, ils sont les seuls à occuper cette grande place aménagée à la manière d’un amphithéâtre en plein cœur du quartier, malgré les jeux d’enfants et la bibliothèque ouverte.
« On espère que les riverains vont profiter du jardin pour se réapproprier la place, et lui redonner vie », explique Philippe Bouchet-Dunoyer. Car au-delà de la verdure, c’est un projet social qui pousse. « On va surtout cultiver du vivre-ensemble ici », promet le président, alors que Julius, qui accueille la réunion chez lui, aimerait que les légumes, fruits et plantes aromatiques soient cuisinés pour des repas de quartier.
Un jardin « participatif, inclusif », auquel s’associent la Maison pour tous Panier-Joliette et le centre social de Baussenque. « Il y aura aussi des espaces de jardinage pédagogique pour les écoles du quartier », précise la maire de secteur.
Déjà occupée par les Grecs il y a 2 600 ans, la place du Refuge hérite son nom du moyen-âge, en tant que lieu de redressement des filles « de mauvaise vie ». C’est désormais les mauvaises herbes qui seront dans le viseur des habitants du Panier.