La Ville de Marseille et l’État devraient présenter dans les prochains mois les dernières études concernant la pollution de l’ancienne usine Legré Mante. Des résultats attendus de longue date, qui conditionneront la poursuite du projet immobilier de Ginkgo.
« C’est une grande première », lance l’adjointe à l’Environnement à la mairie de Marseille, Christine Juste. Elle évoque ici l’engagement de l’État et de ses différents services environnementaux et de santé pour publier « en toute transparence » les résultats de leurs études concernant la pollution du site de Legré Mante. Cette usine chimique en activité depuis plus de 200 ans a laissé sa marque dans le quartier de la Madrague de Montredon (13008) : plomb, arsenic, mercure, cadmium, antimoine, cyanures, sulfates…
Une « multi-pollution » complexe et sensible, car elle est située en cœur de zone urbanisée. Depuis sa fermeture en 2009, et la succession de différents projets immobiliers, les riverains et les associations telles que Santé littoral sud (SLS), dont Christine Juste était membre, exigeaient l’accès à toutes les études et analyses. « Nous avons accès à une information partielle depuis 2013 », explique Rolland Dadena, membre de l’association environnementale.
Opération transparence
Une réunion s’est tenue ce vendredi 19 mars en préfecture des Bouches-du-Rhône, avec des élus de la Ville, et « différents services de l’État concernés », précise l‘adjointe à l’environnement, avant de les lister : la préfecture, la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal), l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), l’Agence régionale de santé (ARS) ainsi que Atmosud (association agréée par l’État pour la surveillance de la qualité de l’air).
À l’issue de cette rencontre, « nous avons convenu d’une réunion publique dans les prochains mois avec la Dreal, pour présenter les résultats de la dernière interprétation de l’état des milieux (IEM) ». Il s’agirait de la tierce-expertise demandée par la préfecture, suite à la première IEM réalisée après que le fonds d’investissement Ginkgo a acquis le site en 2017.
Cette nouvelle analyse, qui doit préciser la qualité de l’air, de l’eau et des sols, « n’a toujours pas été portée à notre connaissance », confirme Rolland Dadena pour l’association SLS. Ces résultats sont notamment nécessaires pour valider un plan de gestion et de dépollution de la part du promoteur.
Santé : des études sur le plomb « en cours de finalisation »
Par ailleurs, Christine Juste assure que tous les acteurs veulent aller plus loin dans la transparence et la communication sur les sujets de santé et de pollution autour de Legré Mante. Elle affirme qu’une étude sur la plombémie (taux de plomb présent dans le sang), réalisée par l’ARS, « est en cours de finalisation. Elle est importante car la pollution au plomb est responsable du saturnisme ».
« Dans un second temps, plus long, des études de santé seront menées au sujet de l’arsenic. Les riverains devraient également pouvoir faire tester leurs parcelles », ajoute-t-elle.
L’investisseur privé, les collectivités, l’État … Tous les acteurs impliqués semblent se mettre d’accord pour travailler collectivement vers plus de transparence, et passer ainsi de l’information à l’action. Les uns espèrent concrétiser enfin leur projet immobilier, les autres voir le site dépollué.
Loïs Elziere avec Narjasse Kerboua