Focus sur Géocorail. L’entreprise marseillaise propose des solutions écologiques pour lutter contre l’érosion et protéger les côtes littorales. Elle a mis au point un nouveau procédé de fabrication de béton naturel, à base d’eau de mer et d’électricité qui agit comme un pansement sur les digues, les récifs coralliens et aux bas des falaises.
Installée à Marseille depuis 2016, l’entreprise Géocorail – du nom de son invention – développe des solutions contre l’érosion du littoral et l’affouillement (creusement et dégradation) des ouvrages maritimes. L’entreprise a mis au point une technologie qui combine les réactions électrochimiques de l’eau de mer et le captage de sédiments.
Comment ça marche ? Un grillage (ou un tissu métallique) spécialement conçu est immergé. Puis un générateur électrique est ensuite connecté à une anode dans l’eau. La circulation d’un courant électrique de très basse tension est créée entre cette anode et un support cathodique. Grâce à l’électrolyse, on obtient un conglomérat rocheux semblable à un béton solide et adhésif, une sorte de pansement pour la roche. Il se forme grâce aux éléments déjà présents en mer : sable, gravier, tessons de bouteilles, sédiments ou débris charriés par le courant. Ainsi au fil du temps (de six mois à deux ans) une dalle protectrice naturelle se forme.
Le Géocorail s’intègre au paysage et se restaure de lui-même en cas d’agression mécanique. Une invention respectueuse de l’environnement et peu coûteuse qui peut aussi éviter la construction d’une digue de protection qui se chiffre en plusieurs dizaines de milliers d’euros.
D’ailleurs, lors de sa première phase de recherche, la start-up a travaillé aux côtés d’Eiffage sur le chantier d’une digue en Charente-Maritime. Les résultats ont permis de démontrer l’efficacité de cette technique. L’installation d’une grille Géocorail d’un seul côté de la digue a démontré qu’elle n’avait pas subi d’altération, ni modification, quand l’autre, qui en était dépourvu, a laissé s’échapper des blocs rocheux.
Le mécanisme de formation du Géocorail peut également être utilisé pour piéger certains polluants tels que les métaux lourds en milieu marin.
Les futurs développements
Ce dispositif de prévention innovant apparaît pertinent pour renforcer les digues, solidifier les nouveaux enrochements, les ouvrages d’arts maritimes et mêmes les structures off shore (éoliennes)… grâce à la création, sous leur base, de cette technique qui leur permet de s’ancrer, et ainsi éviter l’affouillement, ces cavités qui minent leur socle. En la matière, la technique a fait ses preuves à Toulon et au Pradet dans le Var, où elle a été employée pour la protection d’un quai. Ce qui a permis à l’entreprise de décrocher son premier contrat commercial avec le Port militaire de Toulon, après des années consacrées à la recherche.
Elle poursuit d’ailleurs sur ce front R&D avec la mise au point d’une alimentation électrique autonome de ses structures. Elle planche sur une pile autosuffisante et propre pour supprimer le générateur à terre.
Autre axe de travail : le géotextile (mélange de fibres textiles et métalliques). Usant de la technologie Géocorail, les géotextiles sont conçus pour résister aux forces mécaniques, points faibles des géotubes classiques. Objectifs : conforter les berges et réaliser des brise-lame. En ligne de mire : la conquête d’un vaste marché pour la start-up.
Une ouverture à l’international
En plus de la concrétisation de chantier en métropole, Géocorail entend se développer à l’international. Des projets sont d’ailleurs en cours ou à l’étude. Le premier dans l’Océan Pacifique. Sur une île isolée, Géocorail travaille sur un projet de construction en Geocorail d’une route immergée de 120 mètres de long, respectueuse du platier corallien. Cet ouvrage temporaire et amovible permettra de réaliser une rampe d’accès entre la plage et les eaux profondes pour décharger des engins de terrassement sans endommager le platier. De par ses propriétés respectueuses de l’environnement, la solution Géocorail a été préférée au béton dont 1 000 m3 auraient dû être coulés sur le corail.
A Zanzibar (Tanzanie), elle étudie la possibilité de protéger les murs constitués de pierre corallienne faisant face à la mer, protégeant les habitations de pêcheurs et hôtels se trouvant en retrait. Cette solution viendrait avantageusement remplacer une projection de béton réalisée chaque année.
Enfin, en République des Maldives, plusieurs hôtels de luxe ont manifesté un intérêt marqué pour la technologie Géocorail afin de protéger leurs plages et limiter les ré-ensablements quotidiens. Ce développement verrait la mise en place d’un partenariat avec une entreprise locale implantée depuis de nombreuses années.
L’entreprise, lauréate 2017 du concours Med’Inovant, prépare une nouvelle levée de fonds d’ici à la fin de l’année où début 2020 pour renforcer son équipe actuellement composée de huit personnes.