Le sénateur LR Bruno Gilles, candidat déclaré à la mairie de Marseille en 2020, poursuit son travail participatif. A J-3 du scrutin européen, il a décidé de faire un point d’étape sur le thème d’une « nouvelle gouvernance pour Marseille », précisant au passage vouloir « aller jusqu’au bout », même sans l’investiture.
A quelques jours seulement du scrutin européen, le timing paraît surprenant pour aborder l’échéance municipale de 2020 ; certains candidats réservant leur annonce après le 26 mai. Bruno Gilles, déjà en campagne depuis huit mois, pour la Mairie de Marseille, « n’a pas oublié » ce rendez-vous des urnes, tout comme ne lui a « pas échappé », qu’il était à la tête de la fédération LR des Bouches-du-Rhône, mais « ce n’est pas parce qu’il y a les européennes que je ne dois plus rien faire, je suis aussi candidat. » Le cadre est posé et pour ce point d’étape, avant de prochains temps forts de la campagne, le sénateur LR a choisi d’évoquer avec la presse « une nouvelle gouvernance pour Marseille ».
Depuis l’annonce de sa candidature en septembre dernier, Bruno Gilles affiche sa volonté de construire un projet participatif avec les Marseillaises et les Marseillais. C’est dans ce sens qu’il travaille avec un comité d’experts, parmi lesquels Richard Ghevontian, professeur de droit et de science politique à Aix-Marseille Université. Ce spécialiste des questions d’éthique et de gouvernance « qui n’a sa carte dans aucun parti », a décidé de « franchir le pas car j’ai compris qu’il [Bruno Gilles] avait vraiment l’intention de mettre en place à Marseille cette nouvelle gouvernance ».
Le triptyque : participation, transparence et éthique
Celle-ci est portée par « des valeurs qui lui sont chères » et qui selon lui, « guident toute action dans une vraie et saine société politique. Il faut que les Marseillais s’approprient Marseille et pour que cette appropriation existe, il faut qu’ils puissent participer au futur de Marseille, avec des élus irréprochables et qui agissent en toute transparence », explique Richard Ghevontian. Ainsi, la nouvelle gouvernance imaginée par le candidat repose sur un triptyque : participation, transparence et éthique.
Si la participation passe d’abord par l’information, l’idée est de s’appuyer sur des organismes existants à l’image des comités d’intérêt de quartier, ou la mise en place de nouvelles structures (conseil municipal jeune). L’installation « d’une plateforme numérique où les Marseillaises et les Marseillais pourront apporter leurs contributions », ajoute le professeur. Il préconise également d’aller « plus loin » sur la concertation avec la population, en utilisant notamment les outils déjà à disposition et prévus par le code général des collectivités territoriales, à l’instar du référendum. « Qui n’est qu’un avis certes, mais on peut pousser plus loin pour être exemplaire ». De ces deux premiers axes découlent la co-production.
Dans cette optique, Richard Ghevontian est favorable à la mise en place d’un budget participatif « qui pourrait susciter l’intervention des citoyens. » La part devra être fixée et tenir compte également de l’organisation par secteur de la ville. Puis il y a l’échelon supérieur : la co-décision : là-encore ce n’est pas une nouveauté car elle figure dans les textes, « encore faut-il utiliser cette procédure et aller le plus loin possible vis-à-vis du citoyen ».
La charte du candidat
Le deuxième volet du triptyque est la transparence : « Ce n’est pas un gadget », insiste Richard Ghevontian, qui a travaillé comme expert auprès du conseil de l’Europe. « La transparence c’est capitale ». Parmi les propositions pour répondre à cette « vraie exigence des citoyens », l’instauration d’un temps pour répondre aux interrogations des habitants sur certains projets, à l’occasion des conseils municipaux (par secteur). « On peut les prévoir pour chaque séance, il ne faut pas se réfugier derrière l’idée que c’est lourd. C’est gérable ». Autre idée : rénover et adapter aux nouvelles techniques de communication le droit de pétition, sans oublier l’évaluation des politiques publiques municipales de manière régulière.
Le candidat à la mairie de #Marseille @brunogilles13 « ira jusqu’au bout » et propose une « nouvelle gouvernance pour Marseille » basée sur le projet participatif commencé il y a 8 mois et la mise en place d’une charte éthique du candidat #intégrité #transparence #responsabilité pic.twitter.com/sdpnEPijUQ
— made in marseille (@MadeMarseille) 23 mai 2019
Le dernier axe indissociable des deux autres : l’éthique et la déontologie. « Il y a nécessité d’un cadre juridique, ça existe ailleurs, ce n’est pas nouveau », reprend l’expert. Suivant le crédo « pour aller plus loin », Bruno Gilles mise sur une charte des élus. Par sa signature chaque candidat s’engage à respecter cinq engagements : la probité, la transparence, la responsabilité politique et personnelle, la proximité avec les citoyens et l’assiduité dans leurs obligations d’élus. Sur ce dernier point, ils s’engagent à soutenir toute délibération mettant en place un mécanisme de sanctions financières dans le cas de non-respect de cette obligation d’assiduité. Pour Richard Ghevontian, « il faut aussi sanctionner les conflits d’intérêts, il faut les prévenir ».
« On est obligé d’aller vers de la transparence et de l’éthique. Les candidats qui ne prendraient pas cette ligne, feraient une grosse erreur »
La charte n’indique pas en revanche à quel stade un élu mis en cause dans une affaire doit démissionner de sa fonction. Où place-t-on le curseur entre le juridiquement condamnable et le politiquement condamnable ? Pour l’expert, cela relève de la « responsabilité personnelle des élus » qui bénéficient quoi qu’il en soit de la présomption d’innocence.
Même s’il avoue que cette réflexion est complexe, Bruno Gilles n’aime pas la demi-mesure. « Rendre sa délégation c’est bien, mais on reste quand même élu ». Et d’ajouter qu’il en va aussi de la responsabilité du chef de l’exécutif. A ce titre, il a été invité par un journaliste à se prononcer sur le cas d’André Malrait ; adjoint, délégué au patrimoine et aux monuments historiques et bailleur d’un logement jugé insalubre par le service d’hygiène et de santé de la Ville.
« Je suis candidat pour être maire de Marseille, pas pour autre chose »
Même s’il convient ne pas avoir « à juger », il estime qu’il revenait à l’élu « de présenter sa démission et au maire de Marseille de l’accepter ou de la refuser », rétorque-t-il, tout en sachant que sa réponse « va sans doute faire grincer des dents. Mais je ne peux pas venir ici vous parler d’éthique et de transparence sans faire cette réponse ». Dans la même veine, il est favorable à une déclaration de patrimoine. Pas de tabous non plus sur les indemnités, ni sur les comptes de campagne. L’argent, nerf de la guerre dans une campagne « ne sera pas un écueil insurmontable » et dans tous les cas, « pas un critère qui pourra me faire reculer, loin de là. »
« Qui mieux que moi, sortant de la majorité peut avoir
le recul nécessaire pour dire ce qui a été bien ou mal fait.
Cela me permet d’avoir une objectivité et une légitimité »
Bruno Gilles assure que « cette nouvelle gouvernance pour Marseille », n’est pas un coup de griffe à la gestion passée. Pour lui, des phénomènes comme celui des gilets jaunes, la réalisation du projet de La Plaine… ou des événements comme le drame de la rue d’Aubagne permettent « de faire évoluer la politique. De faire de la politique différemment. On est obligé d’aller vers de la transparence et de l’éthique. Les candidats qui ne prendraient pas cette ligne feraient une grosse erreur ».
S’il ne renie pas non plus son appartenance à la majorité, il réaffirme sa vision sur la gestion de la ville « sans concession », et va même plus loin : « Qui mieux que moi, sortant de la majorité peut avoir le recul nécessaire pour dire ce qui a été bien ou mal fait. Cela me permet d’avoir une objectivité et une légitimité ». Assumant pleinement ses prises de positions différentes de sa famille politique, Bruno Gilles rappelle qu’il était le seul « élu de la majorité à avoir osé présenter ses excuses dans l’hémicycle municipal », après la catastrophe du 5 novembre dernier.
Les huit mois passés sur le terrain renforcent plus encore sa volonté de poursuivre « Je serai candidat jusqu’au bout. Je ne suis pas en train de négocier la tête de liste des sénatoriales ou la présidence d’une institution. » Et de rappeler que la décision de se lancer dans la course à la Mairie est le fruit d’une longue réflexion et concertation avec ses proches et ses amis politiques. « Je suis candidat pour être maire de Marseille, pas pour autre chose ». Et ce même sans l’investiture LR.
« Mes idées, ma manière de faire de la politique et mon timing »
Le sénateur le martèle depuis le début de sa campagne, « Marseille n’est ni de droite, ni de gauche, Marseille est une ville populaire », et lui veut être un « candidat populaire ». Le parti adoubera sans conteste un candidat, mais c’est pour lui l’affaire « d’une journée ». L’enjeu est ailleurs : construire un projet en dépassant l’étiquette politique avec ses « idées » sa « manière de faire de la politique » et surtout son « timing ». Alors pour lui inutile de voir dans cette réunion de mi-parcours une quelconque réponse à la mise en ligne récente du site Marseille Métropole Audacieuse, par les Amis de Martine Vassal. « L’idéal est de faire un maximum de choses avant l’été », assure le candidat.
Jusqu’à cette date, Bruno Gilles « regardera avec attention » ce qu’il se passe avec les Assises citoyennes du collectif Mad Mars, fin juin, et à l’occasion de la réunion-cocktail du 4 juillet, organisée par les Amis de Martine Vassal au Silo. Il n’a d’ailleurs pas encore décidé s’il s’y rendrait. « Ce n’est pas l’alpha et l’omega pour moi » avance-t-il. Avant « l’Indépendance Day », il sera aux côtés de la secrétaire départementale de la fédération ce dimanche 26 mai et appelle naturellement à voter Bellamy. Mais quelque soit le résultat du scrutin européen, Bruno Gilles, lui, est « déjà dans l’après ».