Le tribunal administratif a rejeté la requête de trois propriétaires qui souhaitaient suspendre la démolition des immeubles sous arrêté de péril grave et imminent rue de la Palud. Un association souhaite également préserver les façades des bâtiments concernés et sera entendue par le tribunal le 21 février.
Une vingtaine de familles ont été évacuées autour du 41 et 43 rue de la Palud dans le quartier de Noailles (13001). Un arrêté de péril grave et imminent frappe les deux immeubles depuis le 24 janvier. Le 31 janvier, les autorités décidaient par un nouvel arrêté de « déconstruire » les deux immeubles. Les propriétaires ont dépassé le délai de 72 heures pour réaliser des travaux de sécurisation.
« Les numéros 41 et 43 menacent de s’effondrer », nous confiait Julien Ruas ce lundi. L’adjoint au maire de Marseille à la prévention et la gestion des risques expliquait alors que « en plus de leurs occupants, ils mettent en danger les immeubles d’à côté et la population voisine ». Mardi 5 février, la démolition minutieuse « à la main, pour ne pas fragiliser les immeubles voisins », débutait. Elle doit durer entre six et huit semaines.
Trois propriétaires ont déposé un référé-liberté devant le tribunal administratif afin de suspendre les travaux de déconstruction. Ils ont fait valoir leur droit fondamental de propriété privée, jugeant que la démolition a été décidée précipitamment sans qu’ils puissent lancer des travaux, et que le rapport des experts ne préconisait pas de démolition immédiate.
Le tribunal administratif a rejeté aujourd’hui leur demande de suspension de l’arrêté de déconstruction. Mais l’association Sites & Monuments poursuit la contestation de cette démolition pour des raisons patrimoniales et d’intérêt général. Elle sera entendue par le juge administratif le 21 février.
Une démolition évitable ?
L’association Sites & monuments s’interroge sur l’urgence et le bien-fondé cette déconstruction. « Sur l’arrêté de péril, il était préconisé d’étayer, pas de démolir », explique le vice-président, Julien Lacaze. « Les propriétaires avaient 72 heures pour lancer les travaux. Si ce n’était pas fait, la mairie pouvait engager des travaux d’office et leur faire payer ».
C’est plus précisément pour des raisons patrimoniales que Sites & monuments et le Comité du vieux Marseille ont alerté le maire de Marseille par courrier le 1er février. Les deux associations souhaitent en effet préserver les façades des deux immeubles du 18e siècle, classées « à préserver » dans l’Aire de mise en valeur de l’architecture et du patrimoine (AVAP). « Ces façades sont protégées, il faut l’accord de l’architecte des bâtiments de France pour les détruire ».
Les deux associations pensent que les bâtiments peuvent être déconstruits de l’intérieur tout en préservant les façades : « cela peut également permettre de mieux maintenir les immeubles adjacents », raconte Julien Lacaze, « évidemment, le patrimoine est moins important que la sécurité des habitants, mais les experts n’ont pas préconisé la destruction. Les quartiers populaires ont aussi le droit à voir leur patrimoine préservé ».
Le tribunal administratif examine l’arrêté de déconstruction
« Ce n’est pas un sujet », nous indiquait Julien Ruas lundi 4 février, au sujet des façades. Il souhaite poursuivre la démolition pour des raisons de sécurité. L’association Sites & Monuments a donc déposé un référé de suspension au tribunal administratif vendredi dernier. Il sera examiné le 21 février.
Trois propriétaires du 41 rue de la Palud sont montés au créneau depuis. L’avocat de l’association Sites & Monuments, maître Éric Méry, a déposé pour eux un référé-liberté. Une procédure d’urgence concernant la liberté fondamentale de propriété privée. Elle sera examinée sous 48 heures. Pour l’avocat, « la mairie a pris un arrêté d’extrême urgence pour pouvoir démolir sans tenir compte de l’avis de l’architecte des bâtiments de France, et des experts qui préconisaient des travaux de renforcement. Si le danger était imminent, pourquoi les locataires ont pu y retourner pour récupérer leurs affaires pendant plusieurs jours ? »
Le tribunal administratif examinera le référé-liberté ce vendredi après-midi et décidera de suspendre, ou non, l’arrêté de déconstruction des 41 et 43 rue de la Palud.
article mis à jour lundi 11 février à 10 h
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