Lors de ses vœux à la presse en janvier, Jean-Claude Gaudin évoquait le souhait de prolonger le parc Borély sur l’hippodrome pour l’ouvrir jusqu’à la mer. Aujourd’hui, le débat est relancé en conseil municipal où Yves Moraine vient d’annoncer que la métropole allait lancer une étude de faisabilité.
Le prolongement du parc Borély jusqu’à la mer, englobant ainsi l’actuel hippodrome fera bientôt l’objet d’une étude de faisabilité. Aujourd’hui, le projet semble faire l’unanimité dans la majorité comme l’opposition, mais pas du côté de la société hippique, locataire de l’espace jusqu’en 2022, comme nous l’expliquait son directeur Jérôme Charpentier en janvier dernier (voir en fin d’article).
Un projet de prolongement sur le devant de la scène politique
Déjà en janvier dernier lors de ses voeux à la presse, Jean-Claude Gaudin, maire LR de Marseille, annonçait « Nous voulons étendre le parc Borély jusqu’à la mer, dès l’expiration de la convention qui lie la ville à la société hippique gestionnaire de l’hippodrome, et je crois avoir l’appui des élus pour le faire ». L’idée avait émané des socialistes lors de la campagne municipale de Patrick Mennucci en 2014. Puis à droite avec Yves Moraine (LR), suite à son élection à la mairie des 6e et 8e arrondissements de Marseille.
Si ce projet se concrétise, la surface du parc Borély sera doublée, et le public profitera d’un poumon vert considérable jusqu’à la plage. Mais, alors que se profilent les municipales de 2020, l’idée prend des allures d’annonce. De l’aveu même d’Yves Moraine, cela n’a pas encore été étudié techniquement ou financièrement, mais une « étude de faisabilité sera bientôt lancée par la métropole ».
Le « rêve fou » de Yves Moraine : enterrer la route le long du parc
« C’est une idée commune que nous partageons avec Jean-Claude Gaudin et Martine Vassal », nous expliquait déjà le maire des 6e et 8e arrondissements de Marseille, au sujet de l’extension du parc sur l’hippodrome, fin janvier.
Selon lui, l’extension concernerait l’ensemble de l’hippodrome, ouvert entièrement au public. Le parc s’étalerait ainsi jusqu’à la mer. « Il s’agira principalement d’aménagement végétal pour créer une continuité avec le parc. Mais pourquoi pas garder un practice de golf, faire des terrains de boules et de volley ? » Au sujet du bâtiment de l’hippodrome, qui abrite notamment les tribunes, « les consignes du maire sont fermes : pas de construction. On pourrait envisager un autre usage », nous rapportait-il en début d’année.
Ce matin, lors du conseil municipal, le maire d’arrondissement est revenu sur le projet pour expliquer que son « rêve qui pouvait sembler fou au départ, ne le serait peut-être pas tant ». En effet, il rapporte que « de nouvelles normes à venir sur la protection du littoral pourraient aller dans le sens de l’enterrement des routes les plus proches de la mer » et donc concerner directement la voie qui longe la mer, entre le rond-point de David et l’Escale Borély.
L’opposition PS d’accord, « puisque l’idée vient de nous »
Le chef de file socialiste de l’opposition municipale, Benoît Payan, nous donnait en janvier dernier son avis sur le projet d’extension : « C’est une très bonne idée ! Que nous avions lancée en 2014 déjà… Mieux vaut tard que jamais. Mais prudence avec les promesses de la municipalité ».
« On pourrait faire un espace magnifique et immense », poursuit l’élu, en évoquant aussi la route qui coupe la continuité piétonne vers la mer. « Borély est le joyau vert de Marseille. Mais comment joindre le bord de mer pour les piétons ? On avait déjà évoqué le tunnel, soit pour les voitures, soit pour les piétons ».
Pour rappel, le candidat PS, Patrick Mennucci, avait lui aussi fait de l’extension du parc Borély en lieu et place de l’hippodrome, l’une de ses promesses de campagne aux municipales de 2014, comme en témoignent ces deux « diapositives » de son programme.
« Des annonces », pour la société hippique qui gère le lieu jusqu’en 2022
L’hippodrome Borély est un lieu historique des courses hippiques à Marseille, ouvert depuis 1860. Il est aujourd’hui géré par la société hippique de Marseille, locataire des 15 hectares jusqu’en 2022. « Ça n’engage pas à grand chose de faire ce genre d’annonce avant un changement de mandature », répliquait à ces annonces en janvier le directeur de la société Jérôme Charpentier.
39 courses sont organisées chaque année sur le site, une limite due à l’entretien du gazon. Malgré cette faible exploitation d’un espace urbain conséquent, Jérôme Charpentier avance que cette activité rapporte entre 600 000 et 800 000 euros à la ville tous les ans « entre le bail, les taxes foncières et les taxes sur les paris hippiques ».
ITS ALL CLASS gagne la D contre de bons chevaux aujourd’hui dans son jardin, Marseille Borély ! #Supercheval pic.twitter.com/xIWzMcVqo2
— Ecurie J.Reynier (@EcurieReynier) 5 avril 2016
Selon lui, c’est tout l’écosystème des courses hippiques à Marseille qui serait fragilisé si l’hippodrome fermait. La société gère également l’hippodrome de Vivaux et le centre d’entraînement de Calas. « Tout est lié dans un équilibre fragile, et représente près de 400 emplois directs et indirects. Il ne faudrait pas que tout disparaisse ». « On est attentif mais pas complètement inquiet. On va attendre patiemment le résultat des élections de 2020 », nous expliquait-il alors : « J’ai plein d’idées pour ouvrir l’hippodrome au public sans cesser les activités hippiques ».