L’Aquarius, bateau de sauvetage en mer des réfugiés, géré par l’association SOS Méditerranée, est en route vers Marseille avec à son bord 58 migrants dont 17 mineurs. La question se pose à nouveau depuis hier, la France et Marseille doivent-ils accueillir l’Aquarius et débarquer ses réfugiés ?
Depuis hier, le débat de l’accueil des réfugiés sur le sol français est de nouveau sur le devant de la scène. L’ONG SOS Méditerranée, dont le siège social est basé à Marseille, avait demandé hier au gouvernement français de pouvoir accoster « à titre exceptionnel » dans le port de Marseille.
Entre temps, hier soir, le navire humanitaire avait dû faire demi-tour pour aller porter secours à 100 migrants en détresse aux larges des côtes africaines. Mais, finalement, ce mardi matin, l’Aquarius aurait repris sa route vers la cité phocéenne, comme l’expliquent nos confrères de 20 Minutes. Ghislaine Boyer, chargée de mission au sein de SOS Méditerranée, confirme le fait que l’Aquarius a « repris sa route vers Marseille ». « Hier, en fin de journée, alors que nous étions en patrouille, nous avons repéré un bateau en détresse avec une centaine de personnes à bord, aux larges des côtes libyennes, explique Ghislaine Boyer. Ce bateau a été sauvé par les garde-côtes libyens, il n’y a donc pas eu de sauvetage supplémentaire pour l’Aquarius. » Et de poursuivre : « Nous naviguons plus ou moins directement vers Marseille, en fonction de nos patrouilles et des bateaux en détresse repérés. »
Les élus divisés sur la question de l’accueil des réfugiés
Le gouvernement rejette l’idée d’accueillir à Marseille le bateau humanitaire en appelant au respect des règles européennes, au terme desquelles un bateau de migrants doit accoster vers la côte européenne la plus proche. Depuis le début de la crise provoquée cet été par la fermeture des ports italiens aux migrants, la France n’a jamais accepté de laisser débarquer les navires humanitaires, en faisant référence au droit maritime. Les naufragés doivent être débarqués dans le «port sûr» le plus proche. «Le jour où un navire arriverait devant Marseille avec des gens en détresse, naturellement nous le prendrions. Ce n’est pas là où est l’Aquarius aujourd’hui», a expliqué hier la ministre des Affaires européennes, Nathalie Loiseau.
A Marseille, la réponse apportée par le gouvernement à la crise migratoire fait débat, à droite comme à gauche.
Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille nous a annoncé ce matin qu’il y était favorable « J’aurais préféré que lEétat autorise que Marseille accueille l’Aquarius, c’est une ville de générosité, de fraternité, d’ouverture et d’accueil« .
#Aquarius: je demande le respect du droit maritime international ! Aujourd’hui #Marseille n’est pas le port sûr le plus proche du navire. La question d’accoster dans notre port ne se pose donc pas. Mais je suis médecin. Mon métier c’est de sauver des vies. Il faut sauver ces gens pic.twitter.com/nwv9E0NIYD
— Renaud Muselier (@RenaudMuselier) 25 septembre 2018
#Aquarius: sur la question migratoire il faut en finir avec le bricolage ! Le #Gouvernement doit désormais trouver des solutions durables au niveau de l’#Europe 🇪🇺 ! Je demande à @EmmanuelMacron d’instaurer un Conseil européen des Ministres de l’intérieur sur les #migrants. pic.twitter.com/NWdOw5taYd
— Renaud Muselier (@RenaudMuselier) 25 septembre 2018
Fière de la position de mon Président @RenaudMuselier sur le sujet de l’Aquarius. Nous devons l’accueillir à Marseille, C’est une question d’humanité mais nous devons organiser la gestion des migrants à l’échelle européenne #RMCLive
— MF Bulteau-Rambaud (@mf_bulteau) 25 septembre 2018
Accueillir l’#Aquarius c’est faire preuve d’humanité. C’est dans l’ADN de Marseille que d’accueillir ces femmes et ces hommes en danger. Sans cela, mes grands parents n’auraient pas pu venir et je ne serais pas là devant vous. pic.twitter.com/U4yCUkrubj
— Samia GHALI (@SamiaGhali) 24 septembre 2018
Pour Benoit Payan, chef de file socialiste au conseil municipal de Marseille, Marseille doit « devenir le port d’attache symbolique de l’Aquarius« .
« La décision du Panama déshonore ses dirigeants, plus enclins à revendiquer les fraudeurs que les sauveteurs. En Europe, entre l’Italie honteuse et l’Espagne glorieuse, il y a eu la France, silencieuse. Un silence coupable, quand chaque jour perdu en mer aurait pu permettre de sauver d’autres naufragés. Marseille, elle, doit rester fidèle à ses valeurs et à son Histoire, à sa tradition hospitalière qui lui fait honneur. Marseille doit accueillir l’Aquarius, et mieux encore, lui offrir une solution durable. En plus d’accueillir le siège social de SOS Méditerranée, Marseille doit lui offrir son pavillon symbolique, et devenir le port d’attache de l’Aquarius, son refuge, celui qui lui ouvrira toujours ses portes, à chaque fois qu’il le souhaite, en tout temps et d’où qu’il vienne.Actibus immensis urbs fulget massiliensis. En offrant à l’Aquarius une solution durable et pérenne, Marseille a l’occasion de faire entendre sa devise : La Ville de Marseille resplendit par ses hauts faits. » a commenté l’élu.
L’#Aquarius doit pouvoir accoster à #Marseille. C’est notre devoir et notre honneur.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 24 septembre 2018
@JeanMarcCoppola quelle part d’inhumanité faut-il avoir pour refuser d’accueillir l’Aquarius et ses 55 réfugiés à bord à Marseille ? 26 siècles d’histoire et d’accueil méritent que Marseille rebelle n’obéisse pas à Macron. Ouvrons notre port !
— Jean-Marc Coppola (@JeanMarcCoppola) 24 septembre 2018