Depuis le 16 juin 2018, le parc animalier de la Sainte-Victoire a ouvert ses portes au public dans la commune de Trets (13). Cinq tigres et lions y ont trouvé refuge après une vie de cirque. Sandrine Le Bris, ancienne dompteuse et fondatrice des lieux, espère d’ici l’année prochaine pouvoir en accueillir sept de plus.
Le parc animalier de la Sainte-Victoire a pris place sur un terrain de 2,5 hectares en périphérie du centre-ville de Trets, à environ 25 minutes d’Aix-en-Provence. Les cinq fauves sont dispatchés en trois groupes qui disposent chacun d’un enclos extérieur de 120 m².
Au total, le parc peut accueillir 12 félins mais ses propriétaires, Sandrine Le Bris et Thomas Patermo, veulent d’abord améliorer les installations avant de les faire venir. « Il nous faut des permis de construire car nous souhaitons monter des bâtiments en dur. Je veux accueillir les nouveaux fauves dans de bonnes conditions », explique Sandrine Le Bris. Ici, pas de spectacles de cirque puisque les animaux sont à la retraite. Ils peuvent être admirés par les visiteurs ou sollicités pour des ateliers pédagogiques qui ont pour but de faire découvrir au public les différentes espèces de félins et leurs caractéristiques.
Un refuge qui coûte cher
Depuis qu’elle a monté sa structure, Sandrine Le Bris est fortement sollicitée par des cirques français, mais aussi italiens et espagnols, qui souhaitent lui laisser leurs félins. « Je recueille des animaux qui sont soit trop vieux pour travailler encore dans les cirques, soit que les propriétaires ne font plus travailler. Parfois, c’est aussi parce que le cirque met la clef sous la porte. Mais je ne peux pas non plus être Mère Theresa du cirque », alerte Sandrine Le Bris. Car l’entretien, les soins ou encore les installations du parc coûtent cher. Le budget nourriture rien que pour les cinq fauves actuels s’élève par exemple à presque 1 000€ par mois.
C’est pourquoi la nécessité d’ouvrir le parc au public s’est imposée, afin de faire entrer des recettes financières et d’alléger les frais. Pour les prochains pensionnaires, leurs propriétaires seront également mis à contribution pour payer la nourriture et les soins vétérinaires des félins. « Un ami va me laisser ses lions, un autre ses tigres blancs. J’espère pouvoir les accueillir dès l’année prochaine », confie Sandrine Le Bris.
Les fauves ne sont pas les seuls locataires du parc animalier. À leurs côtés, on trouve aussi des chèvres, des poules, des cochons, des oiseaux… Dont certains sont en liberté. Des animaux non pas achetés par le parc, mais là encore récupérés.
Un lieu qui rouvre le débat sur la place des animaux dans les cirques
Sandrine Le Bris le reconnaît : la situation des animaux de cirque à la retraite est préoccupante car il est difficile de leur trouver un nouvel endroit où vivre. La faute au manque de place : des lieux de retraite comme le parc animalier de la Sainte-Victoire ne sont pas nombreux et les zoos ne peuvent pas toujours récupérer les animaux. « C’est en plus très compliqué de mélanger les tigres entre eux à cause des incompatibilités d’humeur », souligne Sandrine Le Bris. « Le tigre est d’ailleurs originellement un animal solitaire. En le mettant en groupe, on crée une situation qu’il ne veut pas », ajoute Franck Schrafstetter, président de l’association Code animal, spécialisée dans la relation entre l’homme et l’animal, plus particulièrement au travers de la captivité.
L’association, aux côtés de 21 autres organisation comme 30 millions d’amis, la fondation Brigitte Bardot ou encore l’association C’est assez !, a rendu en juin 2018 à Nicolas Hulot, ministre de la ministre de la Transition écologique et solidaire, une proposition pour progressivement en venir à la suppression des fauves dans les cirques. « Selon nous, cela doit passer par une identification et une stérilisation des animaux. Il faut laisser les derniers tigres et lions sur les pistes car il n’y a de toute façon pas assez de place pour les accueillir en quartier d’hiver. Et malgré nos convictions, nous pensons aussi aux métiers du cirque, qui ont hérité de cette tradition, et qui ne peuvent pas du jour au lendemain l’arrêter. Il faut leur donner la possibilité d’évoluer progressivement », explique Franck Schrafstetter.
Quant au lieu de retraite pour les félins, le défenseur des animaux voit l’initiative comme plutôt « intéressante ». Toutefois, selon l’association, des conditions doivent être respectées pour assurer le bien-être des animaux : « Il ne faut pas qu’il y ait de spectacle, pas de dressage, que l’animal ait un lieu de repli, à savoir un endroit où il peut se cacher du public si l’envie lui en prend… ». Sandrine Le Bris espère que d’autres lieux comme le sien ouvriront dans le futur.
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Par Agathe Perrier