Tous les acteurs du numérique sont unanimes : la transformation numérique est une « révolution » comme le monde en a déjà connu. Mais la France, et plus particulièrement les TPE et PME locales, ont raté le coche et sont désormais en retard sur l’intégration du numérique dans leur établissement par rapport aux autres pays européens. Une situation à remédier de toute urgence pour ne pas disparaître.
Pour aider les petites et moyennes entreprises de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur à se familiariser avec le numérique et découvrir les accompagnements dont elles peuvent bénéficier, le Medef local a organisé la première édition du Forum du Numérique ce mardi 10 juillet 2018 à Marseille. Un événement que le syndicat patronal souhaite imposer comme « le rendez-vous incontournable des TPE/PME ».
Clôture du #ForumDuNumérique à #Marseille par @mounir et @RenaudMuselier, un événement organisé pour favoriser la mutation numérique des #entreprises du tissu économique traditionnel #TPE #PME pic.twitter.com/1QtsIxIhUF
— made in marseille (@MadeMarseille) 10 juillet 2018
« On se rend compte que pour des raisons culturelles et historiques, les TPE et PME n’ont pas saisie le virage du numérique, et ce dans tous les domaines. Il faut les accompagner à faire des premiers pas numériques pour qu’elles deviennent des entreprises numérisées. Il y a une urgence absolue », a souligné Mounir Mahjoubi, secrétaire d’État au numérique. Des propos confirmés tout au long de la journée au travers des différentes conférences et tables rondes organisées. « Aujourd’hui ceux qui n’investissent pas dans le numérique vont simplement disparaître », a ainsi résumé Jean-Pierre Corniou, directeur général adjoint du cabinet de conseil SIA-Conseil.
Un virage à saisir d’urgence
Bien que la situation soit alarmante, elle n’est toutefois pas irrémédiable. Et c’est justement ce que le Forum du Numérique a souhaité montrer, en présentant les différents acteurs vers lesquels les entreprises peuvent se tourner pour être accompagnées. Ainsi que les outils déjà mis en place. BpiFrance propose par exemple sur son site internet un « Digitalomètre » pour que chaque entreprise connaisse son niveau de maturité digitale et trouve les accompagnements adéquats pour l’améliorer.
La région Sud vient aussi de lancer une plateforme dédiée aux entreprises du territoire. Pour les aider dans leur transformation numérique, puisque c’est le sujet, mais aussi pour qu’elles puissent trouver dans un même endroit toutes les informations dont elles peuvent avoir besoin (financements, conseils pour exporter, trouver un emploi, un stagiaire ou un apprenti…).
Recentrer l’information pour faciliter les démarches est d’ailleurs au cœur d’un accord signé entre le gouvernement, la région Sud et le Medef PACA dans le cadre du plan national en faveur de la transition numérique des TPE-PME. « On met ensemble tous les moyens d’état, ceux du Medef et les nôtres, pour voir comment une entreprise peut avoir accès à tout. Une façon de fonctionner tous ensemble pour se développer et éviter l’éparpillement des moyens », explique Renaud Muselier, président de la région Sud. La région Provence-Alpes-Côte d’Azur est la première de France à signer un accord sur ce sujet avec le gouvernement.
Un chemin encore long à parcourir
Mounir Mahjoubi l’a rappelé, la France est en retard au niveau de l’intégration du numérique. Elle se classe en 16e position sur les 28 pays européens en 2017, alors qu’elle était par exemple à la 12e place en 2015, selon le rapport sur l’état d’avancement de l’Europe numérique et « l’édition 2017 de l’Indice relatif à l’économie et à la société numériques » élaborés par la Commission européenne. L’Hexagone appartient ainsi au groupe des pays obtenant des résultats moyen, avec un score de 0,51, en dessous de la moyenne de l’Union européenne (0,52).
En matière d’intégration numérique, la France a obtenu de bons résultats en ce qui concerne l’administration en ligne, les données ouvertes et les compétences numériques élémentaires et avancées, notamment grâce à une très forte proportion de diplômés dans les matières scientifiques et techniques. Elle occupe une position moyenne concernant le e-commerce.
En revanche, il y a des points sur lesquels le pays obtient de mauvais résultats. Il est tout simplement en retard pour l’utilisation d’internet, que ce soit sur le plan des contenus ou sur celui de la communication, via les réseaux sociaux notamment. Son niveau de connectivité est aussi inférieur à la moyenne européenne, en partie à cause d’un faible taux de couverture en 4G et haut débit rapide.
Enfin, comme évoqué plus haut, les entreprises présentent un niveau d’intégration des technologiques numériques inférieur à la moyenne européenne. « Le paradoxe français est qu’on se sert bien du numérique dans la vie privée mais mal dans la vie de l’entreprise et c’est ça qu’il faut changer », a précisé Jean-Pierre Corniou.
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Par Agathe Perrier