La ville de Marseille a adopté lundi 12 février dernier l’extension de la zone touristique vers le sud, afin notamment de permettre aux commerces qui s’y trouvent d’ouvrir le dimanche. Si les commerçants et acteurs du Sud de la ville y sont favorables, les syndicats de salariés et du patronat s’unissent pour faire face à cette mesure qui entraînerait, selon eux, la paupérisation du centre-ville. Même son de cloche du côté des élus de l’opposition au Conseil municipal.

Actuellement, la zone touristique de Marseille*, créée en 2015, s’étend de la Joliette à la place Castellane et des Catalans jusqu’aux Réformés. Les commerces qui s’y trouvent peuvent ouvrir leurs portes le dimanche et ainsi booster leur chiffre d’affaires. Un avantage que la ville de Marseille veut désormais également octroyer aux magasins du sud de la ville. « On veut offrir une gamme plus large d’activités aux Marseillais et aux touristes. Marseille est devenue une capitale touristique et elle a besoin d’attractivité », met en avant Solange Biaggi, adjointe au maire de Marseille en charge du commerce.

Les acteurs du 8e arrondissement de Marseille (commerçants, artisans, entrepreneurs, habitants et institutions) ont signé en ce sens une motion le 3 avril 2018. Elle sera envoyée au préfet de la région PACA, en charge de prendre la décision finale à ce sujet. « Il n’est pas normal que nous soyons la seule ville dont le Littoral n’est pas en « Zone touristique » ! S’agissant de l’ouverture dominicale des commerces, nous demandons simplement les mêmes droits dont bénéficient nos collègues », met en avant le consortium.

Cependant, d’après Alain Gargani, président du syndicat patronal CPME13, « 95% des commerçants du centre-ville n’ouvrent pas le dimanche » en raison d’un environnement non favorable. « En juillet 2017, on (ndlr : les syndicats de salariés et du patronat à savoir CFDT, CFE-CGC, FO,CFTC, CPME, UPE et U2P) a signé un accord pour l’ouverture des commerces le dimanche et nous demandions des engagements pour donner aux commerçants tous les outils pour pouvoir le faire comme la gratuité des parkings, une meilleure desserte en transports en commun ou encore piétonniser le centre-ville ce jour-là. Sept mois après, peu de choses ont bougé et on nous demande des accords pour l’ouverture d’une nouvelle zone », s’étonne-t-il.

L’extension de la zone touristique engloberait tout le 7e arrondissement et irait jusqu’à la Pointe-Rouge en étant délimitée par l’avenue André Zénatti et le boulevard Michelet. Surtout, les centres commerciaux de Bonneveine et du Prado en feraient désormais partie et pourront donc ouvrir leurs portes le dimanche. « Puisque le centre commercial des Terrasses du Port peut déjà ouvrir le dimanche, avec cette nouvelle zone touristique, le centre-ville sera pris en étau et cela entraînera sa paupérisation. Ce serait une erreur majeure de l’accepter et tous les acteurs économiques sont d’accord sur cette vision », souligne Alain Gargani.

, Les commerçants du Sud de Marseille signent une motion pour demander d’ouvrir le dimanche, Made in Marseille
L’extension de la zone touristique de Marseille vers le littoral sud (cliquez pour agrandir).

Le coup de grâce pour les commerces du centre-ville ?

À l’heure où la ville lance le plan « Ambition Centre Ville » pour reconquérir le centre historique de Marseille et le redynamiser, une telle mesure ne viendrait-elle pas à l’encontre de cette ambition ? Pour Benoît Payan, président du groupe socialiste de Marseille, l’extension de la zone touristique au littoral sud est une bonne chose, hormis le volet commercial.

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« Être dans une zone touristique, c’est permettre à un certain nombre d’infrastructures de se développer de manière pérenne en bénéficiant d’aides notamment de l’État. Donc oui pour favoriser les synergies dans cette zone-là, mais on craint que ça n’ait comme ambition que d’ouvrir le centre commercial du Prado le dimanche. Et là le bât blesse. C’est quasiment le coup de grâce pour le centre-ville », souligne Benoît Payan.

Un argument que ne partage pas Solange Biaggi. L’élue au commerce souligne, d’une part, que l’ouverture dominicale profitera aussi à tous les autres commerces, comme ceux du haut de la rue Paradis ou de Mazargues. Et d’ajouter, d’autre part : « On me reproche toujours le combat entre le centre-ville et les centres commerciaux. Or, on a fait beaucoup d’investissements pour qu’il y ait complémentarité et non pas dispute entre les deux. Le centre-ville ne se meurt pas puisque les investisseurs investissent ».

, Les commerçants du Sud de Marseille signent une motion pour demander d’ouvrir le dimanche, Made in Marseille Pour appuyer son propos, Solange Biaggi avance le fait que le centre commercial des Terrasses du Port se trouve déjà actuellement dans la zone touristique et est donc ouvert le dimanche. « Est-ce que les Terrasses du Port vide le centre-ville ? 70% de sa clientèle est hors Marseille. Il fait venir ici tous les gens du département qui avant partaient ailleurs. Marseille est la capitale de la métropole. Si on veut la mettre sur orbite il faut qu’elle soit attractive avec des éléments structurants et qui attirent du monde ».

De son côté, Alain Gargani précise que tant que les engagements pris en juillet 2017 ne seront pas appliqués, les forces syndicales et patronales seront contre l’extension de la zone touristique.

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Trois mois de consultation à venir

Bien que voté au Conseil municipal ce lundi 12 février, l’extension de la zone touristique n’est pour le moment pas encore actée. Les syndicats de salariés et du patronat reprochent notamment à la ville de ne pas les avoir consultés avant le vote de cette extension. Pour Solange Biaggi, la municipalité devait d’abord faire passer ce projet en délibération avant de lancer les consultations, assurant que toutes les chambres consulaires vont être consultées.

« Pour nous, la décision est prise, mais ce n’est pas fini », considère l’élue. L’autorisation, ou non, d’étendre la zone touristique sera rendue par le préfet de la région PACA, Pierre Dartout, d’ici la mi-mai, le temps de réaliser lesdites consultations. Les forces syndicales et patronales ont, de leur côté, demandé rendez-vous avec le maire, Jean-Claude Gaudin, et envoyé un courrier au préfet afin de lui demander de surseoir la décision jusqu’à ce que toutes les revendications évoquées en juillet 2017 soient prises en compte et mises en œuvre.


*Pour être reconnu « zone touristique », quatre critères sont évalués : l’afflux de visiteurs, la capacité hôtelière ou encore le nombre de places de stationnement.

Par Agathe Perrier

Un commentaire

  1. Est-ce que Mme Solange Biaggi est allée se promener Rue St Fé ou rue de Rome avant de dire que les centres commerciaux n’ont pas impacté la fréquentation du centre-ville ? Devantures fermées et/ou tagguées, boutiques minables, clientèle certainement pas haut de gamme non plus. Et ce n’est pas le départ des historiques Galeries Lafayette vers le Prado qui va améliorer la donne. Et aux dernières nouvelles fermeture des H&M Temps des cerises Sephora et Desigual de la rue de la République… pour commencer… Ambition centre-ville ? Quelle rigolade! Comment tuer et dégrader le centre-ville en 10 ans oui! Sortez un peu de votre tour d’ivoire et ôtez vos lunettes roses. Ce qui a été fait est tout simplement honteux: merci pour nos impôts !

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