Après la région Sud en novembre 2017, c’est au tour de la métropole Aix Marseille Provence de déployer sur son territoire, le dispositif « Ma boutique à l’essai ». Déjà testé dans certaines communes provençales, il a pour but de lutter contre la désertification des centres villes, et plus particulièrement des zones rurales.
Afin d’éviter qu’une petite commune rurale ne se retrouve orpheline de tout commerce, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur a décidé, lors de son Assemblée plénière d’octobre 2017, de financer une partie du dispositif « Ma boutique à l’essai » sur le territoire. Même chose, cette fois du côté de la métropole Aix-Marseille-Provence, lors de son Conseil métropolitain de ce jeudi 15 février 2018.
Conseil @AMPMetropole – @GerardGazay : « Les boutiques à l’essai ont fait leurs preuves. Le développement de la métropole passera par le développement de nos cœurs de ville » 🏪 pic.twitter.com/CFk5W1oHGi
— Made in Marseille (@MadeMarseille) 15 février 2018
Comme son nom l’indique, avec cette mesure, un entrepreneur peut tester, pendant six mois renouvelables une fois, son idée de commerce dans des conditions facilitées : loyer négocié, accompagnement dans la création d’entreprise, kit communication à prix préférentiels… Le tout dans un local mis à disposition par la municipalité ou négocié par cette dernière auprès d’un bailleur privé.
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Comment le dispositif fonctionne ?
Avec Ma boutique à l’essai, c’est à une collectivité qui souhaite mettre en place des actions de lutte contre la désertification des commerces dans sa commune de faire les démarches pour déployer le dispositif. Pour cela, elle se rapproche de la Fédération des boutiques à l’essai avec qui elle va réfléchir à comment le développer sur son territoire et identifier un local.
La fédération Boutique à l’essai propose une adhésion à 20 000 € par an pour la métropole Aix-Marseille-Provence afin de décliner le dispositif sur le territoire métropolitain. « Sans l’adhésion de la Métropole, le coût de l’adhésion par commune serait de l’ordre de 4 000 € à 6 000€, un budget parfois difficile à débloquer pour les communes les moins peuplées », met en avant l’institution.
« Une fois le local trouvé, on va communiquer pour savoir qui veut tester son activité dans cette boutique. C’est là que les entrepreneurs se positionnent et font part de leurs envies. Il y aura alors un jury qui choisira le concept le plus adapté au lieu », explique Thomas Deglaire, coordinateur régional au sein d’Initiative PACA, réseau en charge du déploiement du dispositif en PACA.
Concernant le type de commerce, là encore le dispositif s’adapte à la situation de la collectivité. « L’objectif est d’endetter le moins possible l’entrepreneur puisque rien ne garantit, au départ, que son activité sera maintenue. Donc, en ville tout du moins, il s’agira plus de commerce d’achat revente avec des concepts originaux », met en avant Thomas Deglaire. Toutefois, dans les communes plus rurales où l’objectif est de maintenir le dernier commerce, des métiers de bouche peuvent davantage être visés. Dans ces cas-là, les municipalités pourront prendre à leur charge les travaux de mise aux normes du commerce, toujours dans l’optique de ne pas mettre l’entrepreneur dans une situation difficile dès le départ.
Ce dernier testera son activité pendant une durée de six mois dans un premier temps. Au bout de cette période, si les affaires marchent, il repart pour six nouveaux mois. Après un an, si l’activité est pérenne, elle reste maintenue dans le local dans les conditions classiques du marché. « Le cas inverse, on fait en sorte qu’un nouvel entrepreneur vienne alors tenter de s’installer, afin de ne pas laisser l’emplacement vide », précise Thomas Deglaire.
Accompagner les territoires dans la mise en oeuvre de la démarche
Le dispositif Ma boutique à l’essai a été lancé pour la première fois en 2013 dans la ville de Noyon (Oise). Face à une problématique de commerces fermés, la municipalité a souhaité mettre en place des actions pour redynamiser son centre-ville. « On a alors identifié un local qui appartenait à un bailleur privé afin d’y installer un commerce. Par la suite, nous avons été sollicités par d’autres villes intéressées à, elles aussi, mettre en place un tel projet. De-là, la Fédération des boutiques à l’essai a été créée pour accompagner toutes les collectivités », explique Maxime Bréart, coordinateur national du dispositif.
Au niveau de la région Sud, c’est le réseau Initiative PACA, réseau associatif de financement et d’appui à la création d’entreprises, qui a en charge le déploiement du dispositif. « On a eu envie d’implanter le dispositif en PACA car on a identifié une problématique récurrente de désertification des centres-villes. Quelques associations du réseau l’ont expérimenté sur le territoire, comme dans la commune d’Embrun (05) par exemple. À partir de là, le Conseil régional PACA a eu envie de le développer plus globalement », explique Thomas Deglaire.
La région Sud a ainsi décidé de débloquer une subvention de 100 000€ à Initiative PACA pour le déploiement du dispositif sur le territoire provençal, sur une enveloppe globale de 380 000€. L’objectif : accompagner pendant deux ans 18 territoires dans la mise en œuvre de la démarche, à hauteur de deux boutiques pour chacun d’entre eux. « Le soutien qu’apporte la région est de permettre la négociation et l’achat de tous les éléments nécessaires au montage de l’opération pour que le porteur de projet puisse s’installer dans de bonnes conditions », met en avant Chantal Eymeoud, vice-présidente de la région PACA déléguée aux entreprises, à l’artisanat et à l’économie de montagne. Trois axes sont dans la ligne de mire de l’institution : revitalisation du centre-ville pour les communes de plus de 7 000 habitants, quartiers politiques de la ville et dernier commerce dans les villages.
De son côté, l’association Initiative PACA a pour volonté de permettre au plus grand nombre de profiter du dispositif et développera son action également auprès des communes qui n’entrent pas dans les critères de la région PACA. « On a toutefois conscience que le dispositif des Boutiques à l’essai n’est pas LA solution mais une des composantes plus globale de la lutte contre la désertification des centres-villes. Il faut avoir une réflexion plus générale sur les lieux pour savoir quelles sont ses problématiques afin de trouver des solutions », souligne Thomas Deglaire.
Au niveau national, on compte déjà 18 boutiques à l’essai ouvertes et une dizaine d’appels à candidatures sont en cours. D’ici le printemps 2018, l’Hexagone devrait ainsi compter une trentaine de boutiques auxquelles s’ajouteront de nouvelles dans les mois à venir.
Par Agathe Perrier