Depuis le 15 mai dernier et jusqu’au 13 juin prochain, six jeunes éloignés de l’emploi voire sans qualification participent à un « chantier vert » de la SNCF. Le but : nettoyer les sites ferroviaires d’Arenc (2e) et du Canet (14e) de leurs déchets tout en permettant à ces jeunes de se rapprocher et de s’insérer de nouveau dans le monde du travail.
Une démarche à la fois environnementale et sociétale
Si les sites d’Arenc et du Canet ont été choisis, c’est pour le volume important de déchets qui s’y trouvent. Des déchets qui peuvent être aussi bien « hérités » de l’usage de la SNCF elle-même que d’une présence humaine à proximité ou tout simplement d’incivilités. Nettoyer ces sites est donc apparue comme une véritable préoccupation pour le groupe. « C’est important en termes d’image, d’environnement et aussi de maîtrise de nos terrains », met en avant Pascal Turgis, coordinateur local environnement au sein d’Infrapôle PACA, le service de maintenance du réseau SNCF au niveau régional.
En plus de solutionner un problème de pollution, qui peut en plus être dangereux car les amas de déchets peuvent par exemple provoquer des incendies, la SNCF a choisi d’apporter à l’opération de nettoyage un caractère social. Pour chacun des chantiers, elle fait ainsi appel à des travailleurs d’intérêts généraux ou des structures d’insertion. « L’idée est d’offrir des chantiers à des personnes éloignées de l’emploi avec des tâches à accomplir, qui ne sont pas forcément très faciles c’est vrai, et des objectifs fixés », ajoute Pascal Turgis.
Rapprocher les jeunes de l’emploi
Sur les sites d’Arenc et du Canet, la SNCF a fait appel à l’association Adpei, conventionnée par l’Etat dans le cadre de l’insertion par l’activité économique. Six jeunes du dispositif d’insertion spécifique Tapaj (Travail alternatif payé à la journée) sont sur le chantier depuis le 15 mai jusqu’au 13 juin. À raison de quatre heures par jour, ils ramassent et trient les déchets des 5 500 m² des terrains ferroviaires.
Un travail « pas très agréable », reconnaît Franck Perrucci, référant éducatif du dispositif Tapaj, mais qui est compensé par son intérêt collectif et sa finalité : donner un coup de propre à un site encombré d’ordures avant leur passage. Chaque jeune est aussi payé 10€ net de l’heure, soit plus que le SMIC horaire, ce qui est pour eux une motivation supplémentaire.
Pour autant, aucune convention ne lie la SNCF et les jeunes pour d’éventuelles embauches à la sortie. « L’idée est de remettre ces jeunes qui sont éloignés de l’emploi dans une dynamique de travail pour les rapprocher de l’emploi. Qu’ils aient à se lever le matin, des objectifs à remplir, etc. C’est un « marche pied » pour eux », explique Franck Perrucci. Toutefois, en 2016 et sur toute la France, 400 personnes ayant participé aux chantiers verts de la SNCF ont trouvé ensuite un CDD ou un CDI d’au moins six mois. « Ce n’est pas uniquement grâce aux chantiers, mais ça y contribue », précise Pascal Turgis.
Et les déchets dans tout ça ?
Les déchets ramassés et triés par les jeunes du dispositif Tapaj sur les sites d’Arenc et du Canet sont empaquetés dans des « big bag », littéralement d’énormes sacs qui peuvent environ un mètre cube d’ordures. À l’intérieur, beaucoup de tissus, de plastiques, de papier et même des déchets de taille plus importante comme des poussettes, des vélos ou des matelas en mousse. Une opération sera même menée pendant deux séances de nuit afin de nettoyer les voies qui ne peuvent l’être en journée en raison des passages de train. Les big bag collectés – la SNCF mise sur environ 200 sacs soit 200 m3 – seront ensuite rapatriés puis traités par broyage ou incinération par un prestataire de la SNCF.
Le coût des chantiers verts est assuré par la SNCF elle-même qui les finance via une démarche d’économie circulaire, en vendant par exemple différents matériaux dont elle ne se sert plus pour récolter de l’argent. Celui des sites d’Arenc et du Canet est le premier à être réalisé sur Marseille. C’est toutefois le 7e qui a lieu en région PACA, après d’autres chantiers notamment à Fréjus (83), Cannes ou encore Nice (06).
Par Agathe Perrier