Selon la légende provençale, le socle de la Statue de la Liberté, située à New-York, aurait été construit avec de la pierre de Cassis… Enfin, plus précisément recouvert de pierre de Cassis, par dessus une base en béton, pour isoler ce béton de l’oxydation marine. L’idée serait venue de son architecte français Auguste Bartholdi.
Introduction faite, venons-en aux faits. La pierre de Cassis serait-elle vraiment celle utilisée comme l’indique la mairie de Cassis sur son site internet et quelques pages qui se disent spécialistes du sujet, trouvées ça et là sur internet ?
La légende explique que l’architecte Auguste Bartholdi aurait découvert la pierre de Cassis à l’occasion d’un voyage en Egypte en 1855. En visitant le port d’Alexandrie, dont les quais sont recouverts de cette pierre, il aurait eu le déclic. Ensuite, il aurait poursuivi son idée en réalisant les statues du Palais Longchamp de Marseille.
Mais dans les faits, le sujet est plus ambigu. En effet, la conception du socle de la Statue de la Liberté a été confiée à Morris Hunt. Bartholdi n’ayant pensé que la statue en elle-même. Ce Morris Hunt quant à lui, n’aurait pas eu recours à la pierre provençale.
Pour preuve, certaines autres villes françaises se revendiquent aussi héritières du socle de la statue. Comme Chazelles en Charente à quelques kilomètres d’Angoulême, où les habitants revendiquent leur petit village comme la « capitale de la pierre » dans laquelle serait issue la pierre du socle de la statue.
La ville de Damparis, dans le Jura, fait à l’image de la ville de Cassis, l’apologie de sa pierre comme matériau de prédilection pour la Statue de la Liberté sur son site internet officiel. On peut y lire « Cette pierre de Belvoye dite de « Damparis » a eu une grande renommée. Elle était exportée dans le monde entier : (…) piliers des Beaux-Arts à Bruxelles, Cathédrale de Dublin, socle de la statue de la Liberté à New-York. »
Du côté de Ruoms en Ardèche, on essaye aussi de s’approprier le mythe… Sur un site touristique ardéchois, on peut lire « La richesse principale de Ruoms a longtemps été sa pierre de calcaire (socle de la statue de la Liberté, l’actuel pont d’Avignon, Fontaine de Pont Saint Esprit …). »
Alors, qui croire ? Et si finalement, la vérité était simplement géographique. Pourquoi les Américains auraient-ils fait acheminer des tonnes de pierres venues d’Europe (le socle mesure quand même 47 mètres de haut, cela en fait des bateaux !), lui auraient même fait traverser la Méditerranée puis l’Atlantique pour relier Cassis et New-York ? Alors qu’ils avaient des carrières sur place, dont une très célèbre à 130 km de NY, dans le Connecticut, qui alimentait à l’époque la plupart des grands chantiers new-yorkais…
Pierre de Cassis : légende ou réalité ?
Une chose est bien sûre dans cette histoire, la pierre de Cassis est une roche calcaire de couleur orangée et de très bonne qualité, très prisée. Autrefois, elle était utilisée dans les rues de Cassis et des villes aux alentours pour la réalisation de travaux publics grâce à son extrême résistance. C’est aussi le matériau utilisé par beaucoup de Provençaux en guise d’évier pour leur cuisine : la célèbre pile provençale.
Et si vous voulez voir une réplique de la « vraie » Statue de la Liberté, il faudra vous rendre à Saint-Cyr-sur-Mer, où un modèle réduit, pas plus grand que la main de la statue originale trône fièrement sur la place Portalis. Cette statue de 2,5 mètres de haut, également signée du sculpteur Auguste Bartholdi est vraiment dotée d’un socle en pierre de Cassis…
Peut-être l’élément qui aurait semé la confusion ?
Je propose une autre hypothèse: le ciment ayant servi au béton qui fait le coeur du socle aurait pu être fait avec du ciment de Villeneuve. J’ai trouvé un plomb de ciment, servant à sceller les sacs de ciments, (années 1880 à 1900) portant une image de la statue de la liberté. ON dit bien que les joints de la bourse de New York ont été fait avec du ciment blanc Lafarge.