Avec Terradona, vous gagnez de l’argent en triant vos déchets

Et si trier ses déchets pouvait faire gagner de l’argent aux citoyens, aux collectivités et aux commerçants locaux ? C’est l’idée de Terradona, entreprise installée près d’Aix-en-Provence.

Si 87% des Français affirment trier leurs déchets, seulement 44% le font de façon systématique. Notre pays est loin d’être un modèle en termes de tri sélectif : seulement 25% des déchets annuels sont triés, contre 45% en Allemagne. Pourtant, le simple fait de trier peut permettre à une collectivité d’économiser des sommes importantes pour les attribuer ailleurs. Mais comment faire pour inciter les citoyens désabusés à effectuer ce geste ? Terradona, start-up créée en 2013 à Gardanne, a trouvé la solution à ce problème en créant un système qui récompense les usagers dans leur acte de tri.

Des cadeaux contre des déchets

Le concept de Terradona est simple : lorsqu’un usager met ses déchets dans un container, il gagne des points qu’il pourra ensuite transformer en bons cadeaux ou bons de réduction. « Avec ce système, on met en place une reconnaissance de l’acte citoyen pour que les usagers soient au cœur de l’enjeu du tri sélectif et se sentent concernés », explique Jean-Marc Toubiana, président et fondateur de la start-up.

Pour que cela soit possible, Terradona a créé un boîtier universel intelligent et connecté qui se pose sur les containers urbains déjà existants. Avant d’y jeter ses déchets, l’usager n’a qu’à s’identifier à l’aide d’une carte sans contact ou de l’application Cliiink. Il est ainsi reconnu par le container et chaque déchet jeté lui rapporte des points qu’il pourra ensuite transformer en bons cadeaux ou de réduction à dépenser chez les commerçants et magasins partenaires.

Un système où tout le monde y gagne

Outre les usagers qui gagnent en pouvoir d’achat, les autres acteurs du tri sélectif sont eux aussi gagnants. « On a créé un écosystème multipartenaire où chacun tire un avantage et un intérêt à cette solution », souligne Jean-Marc Toubiana.

D’un côté, ce système profitera aux magasins qui verront leur trafic augmenter, d’un autre, il permettra aux collectivités de réduire le cout lié à la collecte et au traitement des déchets. Autre avantage : l’impact environnemental. En effet, les déchets non triés sont enfouis ou incinérés, ce qui engendre de la pollution et de gros coûts pour le traitement (transport, enfouissement, incinération). Avec Terradona, les déchets sont triés puis vendus afin d’être recyclés.

« Pour une collectivité de 600 000 habitants, trier 10 000 tonnes de verre et de papier avec notre système lui permettra d’économiser jusqu’à 1,8 million d’euros sur une année et de réduire de 2 000 tonnes ses émissions de CO₂ », met en avant Jean-Marc Toubiana.

Une phase d’expérimentation très prometteuse

Le système inventé par Terradona a passé 18 mois en expérimentation grandeur nature. Une centaine de containers de Marseille, Aix-en-Provence et des alentours ont ainsi été dotés de cette technologie, répartis dans cinq quartiers tests choisis par les collectivités : Sormiou, Encagnane (Aix-en-Provence), Châteauneuf-le-Rouge, Septèmes-les-Vallons et Lambesc.

« Les tests démontrent une croissance du tri de 20% en volume, avec 1,5 million de dépôts caractérisés, une réduction des émissions de CO2, 25% de trieurs connectés, une amélioration significative du lien social et une dynamisation du commerce local », souligne Jean-Marc Toubiana.

Grâce à la réussite de cette expérimentation pré-industrielle, la start-up a fait réaliser le modèle industriel de Cliiink, déployé cette année à Monaco, où  70 conteneurs de récupération de verre ont été installés. Après Monaco, c’est au tour de Grasse, Cannes ou Lens de s’équiper de ce système. Et plus d’une dizaine d’autres villes sont intéressées. En France aujourd’hui, on compte environ 140 000 conteneurs de verre… De quoi attirer l’appétit de cette jeune entreprise pleine de promesse.

Par Agathe Perrier