En un an de missions en mer, l’association SOS Méditerranée a secouru plus de 13 900 réfugiés qui tentaient de rejoindre l’Europe depuis l’Afrique sur des embarcations de fortune. Au total, 73 opérations de sauvetage ont été menées par l’ONG et ses bénévoles qui comptent bien continuer leurs actions à l’avenir.
Un an jour pour jour après sa première opération de sauvetage, le 7 mars 2016, SOS Méditerranée a tenu à faire un bilan de son année d’actions. À bord de l’Aquarius, l’équipe de bénévoles a ainsi porté directement secours à 9 662 réfugiés entassés sur des bateaux gonflables ou en bois pour essayer de rejoindre l’Europe et un avenir qu’ils espéraient meilleur. « Ce que ces personnes ne savent pas, c’est qu’il est impossible de réussir une traversée sur ce type d’embarcation car elle est trop fragile. Ils sont parfois entre huit et dix parqués par mètre carré », confie Anthony, marin de profession et bénévole sur l’Aquarius (voir témoignage ci-dessous).
Les 4 329 autres réfugiés se sont retrouvés sur l’Aquarius grâce à un transbordement, après avoir été secouru par un autre navire au préalable. Parmi les réfugiés, une majorité d’hommes mais aussi des femmes et des enfants. La plupart viennent d’Afrique Subsaharienne (Nigéria, Niger, Cameroun, Sénégal, etc) et, depuis le début de l’année, du Bangladesh, de Syrie ou de Lybie à cause des différentes guerres qui y ont éclaté.
La nécessité de renforcer les actions de sauvetage
Si, entre le printemps et l’automne, d’autres associations et ONG ont également assuré des opérations de sauvetage entre la Lybie et l’Italie, SOS Méditerrané était la seule présente entre début décembre et début janvier. « Certaines ONG ont une mission humanitaire et ne peuvent être présentes toute l’année, d’autres n’ont pas de navires adéquats pour résister aux conditions climatiques de la période hivernale et ne peuvent donc rester. Il faut renforcer les actions de sauvetage sur la zone avec des navires dédiés ! », lance l’association.
Il est ainsi arrivé à l’association d’assurer un sauvetage et de recevoir, en simultané, six ou sept autres appels de détresse auxquels elle n’a pu répondre. 5 000 décès ont été recensés dans la Méditerranée, mais le bilan est probablement plus lourd d’après l’ONG qui explique que tous les corps n’ont sûrement pas été retrouvés.
La première année d’actions de SOS Méditerranée lui a coûté quatre millions d’euros, financés à 99% par des dons privés. Entre l’affrètement de l’Aquarius, l’équipage, l’équipement, le matériel de sauvetage, le fuel et la logistique, une journée en mer se chiffre à 11 000€. L’association compte cette année de nouveaux sur les dons afin de pouvoir poursuivre son action, mais également sur un plus grand soutien des institutions et collectivités qui, l’année dernière, a représenté 1% de son budget.
Témoignage d’Anthony, marin professionnel et volontaire à bord de l’Aquarius
« Un sauvetage type se fait souvent en pleine nuit ou en fin de nuit, car les réfugiés partent des côtes libyennes sur leurs embarcations de fortune vers 23h environ et mettent quatre à cinq heures pour arriver dans les eaux internationales (zone dans laquelle l’association peut intervenir, ndlr). L’Aquarius est en veille permanente et, au moment de l’alerte, toutes les équipes sont sur le pont.
On met alors les deux zodiacs à l’eau pour qu’ils aillent prendre contact avec le navire en détresse. La première chose est de voir si tout va bien avant de les évacuer. La durée du sauvetage peut varier, une fois il y en a un qui a duré 14h. Lorsque tout le monde est à bord de l’Aquarius, on apporte les premiers soins avec l’équipe de Médecins Sans Frontières, puis soit on ramène les réfugiés à terre (les autorités maritimes italiennes indiquent le port où les débarquer, ndlr), soit on continue les sauvetages si d’autres embarcations en détresse sont proches.
Beaucoup ne s’en doutent pas, même moi lorsque je me suis porté volontaire, mais le travail à bord n’est pas juste du sauvetage. C’est aussi un accompagnement dans la durée, avec beaucoup d’histoires à absorber et de larmes à essuyer ».
Par Agathe Perrier