Comment franchir un cap dans la révolution des déchets ? De la consigne sur le plastique à la tarification incitative, Citeo propose quelques leviers pour accélérer. « Derrière chaque emballage correctement placé dans le bac de tri se cachent des économies d’eau et d’énergie considérables pour la planète ». Ce message, que Citeo martèle depuis des années, commence à faire son chemin. L'entreprise à but non lucratif, spécialisée dans le recyclage des emballages, rappelle que les 3,7 millions de tonnes d’emballages recyclés annuellement en France « permettent d'éviter 2,4 millions de tonnes de CO₂, soit l’équivalent d’un million de voitures qui circulent sur les routes ». Et en recyclant les papiers, ce sont 15,4 milliards de litres d’eau qui sont économisés, soit « 5124 piscines olympiques ». « Mais le tri et le recyclage ne sont pas une fin en soi », tient à souligner Christine Leuthy, directrice PACA et Corse chez Citeo,. Ils s’inscrivent dans une démarche globale appelée « les 3R » pour « Réduire, Réemployer, Recycler ». L'écoconception, un enjeu prioritaire La réduction à la source est en effet une priorité pour mener à bien la révolution des déchets. Pour y parvenir, Citeo accompagne les entreprises dans leur efforts d'écoconception. Objectif : supprimer les emballages inutiles pour diminuer les matières premières utilisées. « Par exemple, nous incitons les concepteurs de pots de cornichons à supprimer leurs tir-croqs en plastique, raconte la directrice régionale. Mais la transition est parfois vécue comme une prise de risque vis-à-vis de la concurrence. C'est pour ça qu'on essaye d'accompagner ces changements par secteurs entiers. Et ils sont généralement très bien accueillis par les consommateurs », constate-t-elle. L'objectif est aussi de passer progressivement des emballages à usage unique à des emballages réemployables et d'améliorer leur recyclabilité. Aujourd’hui, 70% des emballages en plastique sont recyclables, 15% appartiennent à des filières de recyclage en cours de développement et 15% ne sont pas recyclables mais font l’objet de travaux d’écoconception. La consigne pour les bouteilles en plastique ? Le réemploi des emballages est également au cœur des réflexions de Citeo, pour qui la consigne est un levier incontournable. Si elle était très largement pratiquée pour le verre jusqu'aux années 1980, cette pratique a progressivement disparue de nos habitudes avec la généralisation du plastique et le boom des emballages jetables. Mais aujourd'hui, l'opinion publique semble prête pour son retour. « 9 Français sur 10 y sont favorables », pointe Christine Leuthy, qui plaide pour la remise en place de la consigne sur les bouteilles en verre mais aussi pour le plastique et les canettes. « Cela permet de booster le tri de façon spectaculaire ! Les pays européens qui l'ont mis en place ont enregistré +80% d'emballages récupérés en seulement un an. C'est aussi un formidable outil de nettoyage. Car si vous abandonnez un emballage qui a une valeur de 15 ou 20 centimes, il y a rapidement quelqu'un qui va le ramasser pour vous ». Alors que seulement 35% des bouteilles plastiques sont recyclés dans la région, cette solution pourrait intéresser les collectivités. Faciliter le geste de tri partout En attendant la mise en place de ce système qui pourrait faire évoluer les comportements, la lutte contre les déchets sauvages se poursuit. Le premier des défis, selon Christine Leuthy, est de « permettre aux citoyens de trier facilement, tout le temps, partout ». Pour y parvenir, « il faut mailler le territoire ». Ces dernières années, les bornes de tri mises en place par la Ville de Marseille ont justement fleuri dans les parcs et sur les plages. Le déploiement doit se poursuivre en 2026 avec l'installation de 500 nouveaux abri-bacs et 2 400 équipements de tri dans les écoles, les city stades, les salles de spectacle et les bâtiments administratifs. La collecte du carton, qui a fortement augmenté avec l'avènement du e-commerce, a également été renforcée par la Métropole Aix-Marseille-Provence. 205 nouveaux points de collecte dédiés ont été répartis afin de désengorger les bacs jaunes. Avec des résultats probants : +10% de recyclage pour ce type d'emballage. Responsabiliser pour mieux trier Pour franchir un nouveau cap, la directrice régionale de Citeo évoque une piste prometteuse selon elle : la tarification incitative, un système où le montant payé pour l’élimination des déchets dépend du volume d’ordures ménagères collecté. Plus on jette, plus on paye. Déjà appliqué dans certains territoires pionniers, comme à Besançon, le dispositif semble prouver son efficacité en responsabilisant les usagers. « Là où c’est mis en place, on observe une véritable augmentation du tri, assure Christine Leuthy. Mais c’est complexe : il faut pucer tous les bacs ». Avec la Région Sud et l'ADEME, Citeo accompagne actuellement les collectivités pour que ce système se démocratise dans les deux ou trois ans à venir. « À Marseille, il faudra sans doute patienter encore un peu », concède-t-elle. Mais la trajectoire est fixée.