C’est à la Maison Méditerranéenne de la Mode, premier espace de formation de mode à Marseille depuis 2010, que Maryline Bellieud-Vigouroux nous reçoit. Cette grande dame de la mode se bat depuis trente ans pour faire vivre et bouger ce secteur à Marseille. Conseillère du président de la MMMM, Maryline Bellieud-Vigouroux regorge d’idées pour valoriser la création marseillaise et méditerranéenne.
Retrouvez l’intégralité du Dossier spécial Mode in Marseille / Marseille pourrait-elle devenir une capitale de la mode ?
Made in Marseille – Bonjour, le grand public ne connait pas toujours votre parcours, pouvez-vous nous en parler ?
Maryline Bellieud-Vigouroux – Cela fait 30 ans que je m’implique dans la culture à Marseille et plus particulièrement dans la mode, car je crois fortement que la culture est le meilleur booster de l’économie. J’ai commencé à travailler auprès de mon mari, Robert Paul Vigouroux, qui était maire de Marseille à l’époque. Puis, en 1993, j’ai créé l’association Institut Mode Méditerranée pour soutenir la création locale et donner plus de visibilité à la mode Marseillaise.
Pouvez vous citer un ou plusieurs créateurs que votre Institut a accompagné ?
Je dirais que notre plus belle réussite, c’est la marque d’origine marseillaise Sessun. La créatrice était venue nous voir alors qu’elle était encore étudiante. Aujourd’hui, sa marque s’exporte à l’international.
Quels étaient vos objectifs en créant la Maison Méditerranéenne de la Mode ?
Je trouvais qu’il manquait un espace de formation pour la mode. La Maison Méditerranéenne de la Mode a donc fusionné avec notre association en 2011. Elle est rattachée à l’université Aix-Marseille et délivre les deux masters en Management des Métiers de la Mode et du textile. Mais, elle aide également les créateurs à se développer grâce à des formations et des conseils personnalisés.
Le secteur de la mode est il bouché actuellement ou reste t-il porteur ?
C’est un secteur qui est porteur. 54% de nos étudiants reçoivent des offres d’emplois avant même d’avoir obtenu leur diplôme. Mais les marques ont besoin de personnes performantes dès le départ. La mode est un milieu très réactif, les entreprises n’ont pas le temps de former les étudiants…C’est pour ça qu’il était indispensable de créer ces masters.
Avec les évènements qu’organisent la MMMM, vous vous placez en véritable dénicheurs de talents…
Exactement. Chaque année, le Méditerrannean Fashion Prize sélectionne 10 créateurs lauréats de la Méditerranée pour les accompagner dans leur développement. Le concours est ouvert à 19 pays et a révélé 44 jeunes designers de mode et d’accessoires depuis 2010. Le concours M Major sélectionne quant à lui 10 lauréats marseillais sur le même principe.
Comment accompagnez-vous les créateurs plus exactement ?
Nous les aidons pour tout ce qui est marketing, communication, identité visuelle, nous établissons un plan de collection… Nous leur apportons également les contacts nécessaires.
L’évènement OPENMYMED, que vous avez lancé cette année, est un défi à plus grande échelle pour la MMMM ?
Oui. Cette fois, nous avions envie de créer un évènement grand public. C’est ce qui manquait à Marseille. Chaque année, nous allons mettre à l’honneur un créateur de la méditerranée. Cette année c’est le créateur marseillais Yacine Aouadi. Ses pièces sont disponibles au Mucem et au château Borély, jusqu’au 29 août.
OPENMYMED, c’est aussi un évènement très fédérateur pour le monde de la mode ?
Au delà de l’exposition, nous avons également organisé 4 jours de rencontres à la Villa Méditerranée entre créateurs et acheteurs de toute la Méditerranée. Ils ont pu participer à des conférences qui liaient mode et économie et livraient des pistes de collaboration pour l’avenir. Sept pays de la Méditerranée étaient présents. Les représentants de Dior et de Chanel ainsi que beaucoup d’autres personnalités étaient également au rendez-vous.
Pourquoi ne colle-t-on pas le mot mode à Marseille directement, alors que c’est un secteur important ?
Car, il manquait un lieu pour la faire vivre et la valoriser. La MMMM est là pour ça ! Aujourd’hui Marseille commence à avoir du poids. Nous avons même dépassé Barcelone, puisque nous avons la formation. Mais attention, Marseille ne prétend pas être une ville de Fashion Week : c’est plutôt la Californie française, le style est urbain et casual.
La mode à Marseille, c’est du chacun chez soi ou les créateurs se côtoient entre eux ?
Le « chacun chez soi » semble évoluer petit à petit vers une identité commune. Beaucoup de créateurs étaient dans le silence. Maintenant qu’une certaine effervescence se crée autour de la mode à Marseille, ils aiment se rattacher à ce mouvement.
Justement, existe-t-il une identité de mode Marseillaise ?
Je dirais que les vêtements sont assez colorés, assez fluide et sexy. Nous trouvons ces similitudes entre tous les créateurs que nous découvrons, au delà de Marseille, dans toute la Méditerranée.