Sur la place de la Joliette, le projet « Le Phare » vise à reconstruire le siège du Port. Un immense programme immobilier qui réhabilitera les grandes halles du hangar J0 pour les ouvrir au public.

La place de la Joliette se prépare à changer de visage. Côté littoral, le siège du Port, bâtiment vieillissant datant des années 1950, va être rasé pour être reconstruit en retrait. Et ainsi laisser réapparaître sur la place, le hangar J0 : une double halle de type Eiffel, d’environ 170 mètres de long, reconstruite à la fin du 19e siècle aux heures fastes du port de Marseille.

Mais il s’agit ici d’un vaste programme urbain qui vise à construire et réhabiliter près de 30 000 m2 de bâti au total et reconfigurer la perspective de la Joliette. Nom de code : « Le Phare ».

L’opération prévoit, en plus du nouveau siège de 8 800 m2 pour le Port de Marseille-Fos, de bâtir ou réhabiliter 20 000 m² d’espaces supplémentaires, comprenant les halles de 3 000 m2 , rénovées et ouvertes au public ainsi qu’un grand immeuble de bureaux.

joliette, En images | Le Port dévoile son futur siège qui va changer le visage de la Joliette, Made in Marseille
Au bout de la place de la Joliette, ces bâtiments vont disparaitre, dévoilant le hangar J0 qu’ils cachent.

Dessiné par l’architecte marseillaise Corinne Vezzoni et son confrère spécialisé en patrimoine, Philippe Matonti, le projet sera réalisé par un groupement mené par le groupe Eiffage. Une opération à 120 millions d’euros montée en partenariat public-privé sur 20 ans pour le siège et 70 ans pour l’ensemble immobilier.

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Crédit : GolemImages

Restos, musée et esplanade autour des grandes halles du hangar JO

L’architecte de renom, médaille d’Or de l’Académie française d’Architecture, a dévoilé son projet sur site ce 25 septembre. « Marseille c’est le port. C’est sa raison d’être », a posé d’emblée Corinne Vezzoni. Et d’insister, comme tous les intervenants, sur « l’ouverture du port sur la ville », tant réclamée, que ce projet doit incarner.

Sur cette question de l’accès au grand public, les halles du hangar J0 proposeront un vaste espace de déambulation qui pourra également accueillir de grands événements. Des commerces et restaurants y prendront place, notamment tout le long de la façade Sud, en étage. En dessous, le grand quai fera office d’esplanade et de balade face au J1 et à la mer.

La halle du hangar J0, avant-après :

Les cheminements piétons, l’ouverture de coursives, permettront aussi de relier les Terrasses du Port et la place de la Joliette en déambulant par Le Phare. L’ensemble accueillera également un véritable Port center, un espace muséal développé par Kléber Rossillon, exploitant du musée Cosquer, mais aussi un amphithéâtre de 450 places.

D’un point de vue architectural, Corinne Vezzoni a principalement souhaité valoriser ce patrimoine industriel portuaire et l’identité provençale. En misant notamment sur des matériaux locaux, comme la pierre et beaucoup de terre cuite.

Notamment pour des façades et enveloppes en claustra et moucharabiehs afin de briser le soleil. Le tout s’inscrit dans une démarche environnementale visant « les plus hauts standards des labels d’écoconstruction », espère l’architecte.

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Crédit : GolemImages

Côté calendrier, les travaux se dérouleront par tranches. La première partie concernant essentiellement le futur siège du Port, ainsi qu’une partie des halles, doit débuter en 2026 pour une livraison en 2028. La seconde phase doit plutôt aboutir en 2030 avec l’immobilier de bureau à la seconde partie du hangar J0.

Le port s’ouvre encore un peu plus sur la ville

De quoi attirer une grande palette d’élus, d’institutionnels et autres décideurs pour la présentation du programme, ce 25 septembre. Hervé Martel, président du directoire du Port, comme Christophe Castaner, président du conseil de surveillance, n’ont pas manqué d’insister sur la dimension « d’ouverture » du port sur la ville.

En effet, le territoire portuaire marseillais, enclave de 400 hectares sous contrôle de l’État, entretient depuis presque toujours une relation conflictuelle avec la commune. On lui reproche régulièrement sa fermeture, et l’accaparement de près de 10 kilomètres de littoral, tout en profitant de sa dynamique économique avec « 14 500 emplois générés par l’activité des bassins de la ville », chiffre Christophe Castaner.

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De gauche à droite : Isabelle Campagnola-Savon (Région), Cécile Cambier (Eiffage), Corinne Vezzoni, Hervé Martel, Laure-Agnès Caradec (Euroméditerranée), Didier Réault (Département) et Christophe Castaner.

Corinne Vezzoni signe un grand projet à Marseille

Dans cette relation de « je t’aime, moi non plus », le choix du projet de Corinne Vezzoni est lourd de symbole. En effet, l’architecte star n’a que peu exprimé son talent à Marseille. Excepté pour la création des archives départementales, elle fut candidate malheureuse pour la rénovation du Vieux-Port, du J1, de la tour Mirabeau ou de la Cité scolaire internationale.

« Je me suis souvent interrogée du pourquoi, sans trouver vraiment de réponse. Je n’ai peut-être pas un réseau de promoteurs ». Mais avec ce projet d’ampleur à Marseille, elle se dit « ravie de reprendre [sa] relation avec la ville, en accompagnant le Port à en faire de même ».

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Corine Vezzoni au hangar J0.

Après la réouverture du J4 et du Mucem, les Terrasses du Port, le Silo, et bientôt le J1, le projet du phare s’inscrit dans une progressive ouverture du littoral portuaire aux Marseillais.

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