En visite à Fos-sur-Mer ce 24 mars, le ministre de l’Energie et de l’Industrie Marc Ferracci a salué les lourds investissements entrepris par les groupes Marcegaglia et Kem One. La France presse l’Europe de mieux protéger les industries de l’acier et pour renforcer leur compétitivité dans un contexte géopolitique incertain.
« C’est le plus grand investissement de l’histoire de Marcegaglia », affirme Antonio Marcegaglia, président du groupe italien qui a racheté le site d’Ascométal en mai dernier, sauvant ainsi 300 emplois. Montant affiché ? 750 millions d’euros pour transformer l’usine actuelle et construire une extension dotée d’un nouveau four électrique.
Cet investissement colossal doit permettre de « multiplier par 15 à 18 » la production d’acier pour passer de 100 000 tonnes aujourd’hui jusqu’à 1,8 million de tonnes d’acier décarboné à terme. Les effectifs devraient ainsi doubler, comme le confirment les syndicats.
À quelques mètres, Kem One donne le coup d’envoi de son projet Elyse représentant 200 millions d’euros d’investissement. Cette nouvelle salle d’électrolyse à membrane permettant de séparer l’eau (H2O) en hydrogène (H2) et en oxygène (O) vise à réduire de 50 000 tonnes les émissions de CO2 chaque année.

Offrir des prix de l’électricité moins chers et plus stables
« La chimie comme la sidérurgie sont absolument essentielles à notre souveraineté (…) Ce sont des industries de base qui alimentent l’ensemble des chaînes de valeurs. Celle de l’automobile mais aussi de la défense dont nous allons avoir de plus en plus besoin dans le contexte géopolitique troublé que nous vivons », assure le ministre Marc Ferracci (Ren.) à l’issue de sa visite.
Pour l’élu, la décarbonation de l’industrie – impulsée des directives de l’Union Européenne pour atteindre une réduction de 35% des émissions en 2035 – est « ce qui va distinguer nos entreprises des concurrents étrangers ». Il prend comme exemple l’acier chinois davantage carboné, mais moins cher donc plus compétitif.
Alors comment faire pour que l’acier et la chimie française, dont celles de Fos, sortent du lot ? Aussi bien pour leurs faibles émissions que par leur prix ? D’abord en fournissant des prix de l’électricité « stables » et « compétitifs », répond Marc Ferracci. Les industriels et EDF sont d’ailleurs en pleine négociations dans ce sens.
« Ce qui pose la question de la ligne de haute tension RTE qui doit alimenter la zone industrialo-portuaire de Fos », remet le ministre sur le tapis. Le préfet devrait valider le tracé de cette ligne avant l’été, malgré des contestations encore vives notamment du côté d’Arles.
« Protéger les industries »
Selon le ministre il est aussi crucial de soutenir les investissements de ces industries, notamment pour entamer leur décarbonation et limiter les importations d’acier chinois.
La France et six autres pays européens, dont l’Italie et l’Espagne, ont ainsi créé une « alliance des pays amis de l’industrie lourde » le 12 mars, notamment pour presser la commission européenne de protéger les industries.
Et cela semble porter ses fruits. Puisque le 19 mars, la commission européenne a annoncé un plan pour sauver l’industrie de l’acier et des métaux. Ce texte propose notamment des mesures de défense des industries face à la concurrence déloyale, un approvisionnement en énergie sûr et abordable, mais aussi une protection des emplois.