La ministre de l’Autonomie et du Handicap, Charlotte Parmentier-Lecocq, a visité les Jardins d’Haïti ce 13 mars. En plus de sa crèche et d’un accueil de deux étudiantes, le tiers-lieu intergénérationnel innove avec son école de musique.
Après un passage à l’Orange Vélodrome pour saluer les référents handicap au cours de leur université annuelle ce 13 mars, la ministre de l’Autonomie et du Handicap, Charlotte Parmentier-Lecocq, a rendu visite aux Jardins d’Haïti installés derrière La Blancarde.
Le tiers-lieu héberge 93 seniors dans un cadre chaleureux dont le patio intérieur éclaire tout le bâtiment. « On a volontairement gommé le nom d’Ehpad (…) On a travaillé sur la déco, la musique, les odeurs… Car ici, on est une maison à vivre », introduit le directeur Laurent Boucraut, en accueillant la ministre.
Ce dernier a repris l’établissement, fondé par l’association de son arrière-grand-mère Suzanne en 1950. Depuis, chaque génération a ajouté son grain de sel. L’ancien professeur de ski dit avoir apporté « une joie de vivre » au projet. « Avant, j’étais un directeur comme dans les livres avec une chemise et un air sérieux », se remémore-t-il.
Mais depuis la réouverture en 2021, après de lourds travaux, le directeur tente d’insuffler une autre vision aux 50 personnels de la maison. Celle d’une « utopie » de mélanger différents publics dans un lieu unique afin que chacun s’apporte des bienfaits mutuels.

Une nouvelle école de musique
Il y a d’abord eu l’ouverture d’une crèche de 14 berceaux. Puis de deux chambres pour étudiantes qui, en échange d’un logement gratuit, offrent cinq heures de leur temps pour animer le lieu. Un espace de coworking, à côté du grand restaurant, accueille aussi une dizaine de travailleurs.
Le potager a été mis de côté, mais les Jardins d’Haïti ont « mis le paquet sur la musique ». Une école de musique, tenue par Denis Frangulian, y a pris ses quartiers en septembre dernier. La batterie trône à côté des vasques de l’espace coiffeur et un piano jouxte le restaurant.
Parmi les 15 apprentis musiciens, « on a un petit de cinq ans qui aime jouer un morceau de ukulélé aux résidents. Il le fait aussi pour fêter les anniversaires », raconte la directrice adjointe, Pauline de Jésus.
Apporter plus de transparence
Pour la ministre, ce concept de lieu ouvert répond à « un enjeu très fort sur la qualité d’accueil des résidents » et donc au besoin de transparence. « Les familles peuvent venir quand elles veulent (…) elles ont besoin de sentir qu’on ne leur cache rien », confie Charlotte Parmentier-Lecocq.
Ces mots résonnent encore aujourd’hui depuis le scandale Orpea (rebaptisé Emeis) révélé par le journaliste Victor Castanet dans Les Fossoyeurs en 2022. Son enquête avait mis au grand jour le mauvais traitement des résidents par soucis du rendement financier des actionnaires.
Hier, l’Œil du 20 heures a, une nouvelle fois, publié des documents confidentiels révélant que certaines structures du groupe n’avaient pas changé de braquet. Des résidents encore oubliés pour les repas, une absence d’hydratation, ou des médicaments non administrés.
Bientôt une formation pour ouvrir les Ehpad ?
Pour contrer cette image qui a éclaboussé tout le secteur, Laurent veut ainsi essaimer ses bonnes pratiques, autant dans le management, que dans la conception d’un tel lieu. L’idée serait, prochainement, de créer des modules de formations en immersion.
En parallèle, le directeur tient à se concentrer sur son organisation de tiers-lieu qui doit continuer à jouer sa propre partition sereinement. Les Jardins d’Haïti engageront donc, d’ici quelques semaines, une référente tiers-lieu pour renforcer les liens entre les enfants, les seniors et les élèves.
Cette future recrue devra également attirer davantage d’élèves à l’école de musique et des coworkers. Car si les places de la résidence sont chères, au sens propre (3000 euros par mois) comme au sens figuré, il reste une marge de manœuvre de 60 places pour l’école de musique et une quarantaine pour le coworking.