La réserve naturelle de Sainte-Victoire est un havre de biodiversité, notamment pour l’aigle de Bonelli, et un trésor paléontologique pour les amateurs de dinosaures. Une nouvelle convention de gestion va permettre de mieux la protéger en doublant sa superficie.
Quel est le rapport entre les aigles de Bonelli et les dinosaures ? Réponse : la réserve naturelle de la Sainte-Victoire. « Nous sommes dépositaires de l’un des plus grands sites paléontologiques du monde. Si on devait créer Jurassic Park quelque part, ce serait ici », lance Bruno Cassette, sous-préfet d’Aix-en-Provence.
Et d’ajouter que l’aigle de Bonelli, espèce rare et protégée, « est un des emblèmes des enjeux de la préservation de la biodiversité ». Voilà deux thèmes bien différents. Mais deux enjeux de taille que concentre cette réserve naturelle nationale.
C’est pourquoi le représentant de l’État vient de signer, ce vendredi 21 février, une nouvelle convention de gestion du site avec le Département des Bouches-du-Rhône, son gestionnaire. Le document se projette sur 10 ans, et fixe les objectifs et les actions à mener.
La réserve double sa taille
Avec un premier changement de taille, c’est le cas de le dire, puisque la réserve naturelle va doubler de superficie. Elle passe de 139 hectares actuellement à 280 hectares en s’étirant vers l’Est. Un décret doit entériner cette extension d’ici la fin de l’année.
Le nouveau plan de gestion de 122 missions prévoit de « reprendre ce qui a bien fonctionné ces dernières années », explique le conservateur du site, Thierry Tortosa. Mais aussi d’appréhender « les nouvelles problématiques. Comme la pratique intensive du VTT, les activités sportives, le parapente, et beaucoup plus de chiens ».
Il cite ainsi quelques évolutions des règles qui s’appliqueront pour la réserve, afin de mieux préserver la biodiversité et le patrimoine géologique. Comme les laisses obligatoires pour les chiens, et l’interdiction d’accès au cœur de la réserve, avec l’ajout de l’extension. Différentes mesures qui « permettront de mieux protéger et mieux connaître notre patrimoine naturel ».
Aigle de Bonelli, protéger le prince des garrigues
Pour le patrimoine vivant, Nastasia Camberoque, garde nature à la réserve de la Sainte-Victoire, insiste sur la présence récente de l’aigle de Bonelli. « L’une des espèces de rapaces les plus menacées de France », alors que deux couples semblent avoir élu domicile sur le massif, dont un sur le périmètre d’élargissement de la réserve.
« L’extension va nous permettre de mettre en place des mesures de protection fortes pour protéger cette espèce », se réjouit-elle. Et de préciser que des zones de sensibilité majeure (ZSM) vont s’appliquer 700 mètres autour des sites de nidification des oiseaux.
Rhabdodons, crocodile géant et mammifère… Un Jurassic Park provençal
Pour ce qui est du patrimoine géologique, la réserve naturelle de Sainte-Victoire « est un haut lieu de la paléontologie internationale » vante le conservateur. En effet, elle abrite un des gisements d’œufs de dinosaures parmi les plus importants au monde. « Depuis 2015, on en a découvert plus de 400 sur place », dénombre Thierry Tortosa.
Mais les trésors de biodiversité fossilisée, témoins d’une époque lointaine d’environ 170 millions d’années, vont au-delà des œufs. Avec par exemple une flore riche, qui intéresse les chercheurs. Sans oublier les os et squelettes, dont celui très impressionnant d’un rhabdodon présenté lors de la conférence.
« Nous sommes tombés sur un cimetière de rhabdodons, qui nous a permis de reconstituer ce squelette à partir de nombreux individus », raconte le conservateur. Et de rajouter que les chercheurs « ont découvert un nouveau gisement avec des reptiles, des crocodiles géants ».
De quoi susciter l’excitation des fans de dinosaures ? Thierry Tortosa leur rajoute une surprise « en avant-première : la découverte d’un mammifère qui sera présenté en 2026 ». En effet, la réserve organise divers dispositifs et événements pour partager ces découvertes au public.
Pour les amateurs, un sentier pédagogique doit ouvrir « fin 2025, début 2026 », promet Jean-Marc Perrin, conseiller départemental délégué à la mise en relief de la paléontologie sur le territoire.
