La place Sébastopol s’apprête à changer de visage avec un premier réaménagement transitoire à partir du printemps. Piétonnisation, mobilier urbain, végétalisation, il vise à faire plus de place aux piétons.
Lancé en 2022, le travail de « co-construction » d’un projet de réaménagement de la place Sébastopol dans le 4e arrondissement, aboutit enfin avec de premiers aménagements transitoires. Le chantier participatif débutera en mars pour une inauguration d’ici fin avril ou début mai, avec un espace public reconfiguré.
Aujourd’hui, la grande majorité de la place, créée en 1861, est dévolue au stationnement automobile. Sans oublier toutefois le marché matinal quotidien, les trois terrasses de cafés, ou le petit manège et le camion à pizza.
Mais la chantier à venir prévoit de piétonniser un tiers du site environ, côté Nord, et de supprimer ainsi 22 places de parking.
Tester les usages avant un grand chantier fin 2026
Ce mardi soir 14 janvier, la grande salle de la mairie de secteur (4-5) débordait de monde pour la présentation du projet élaboré par les urbanistes de l’atelier Co-Co architectes et les designers d’espaces communs du collectif Les Marsiens.
Une foule qui témoignait que cette place, bien que modeste (environ 3500 m2), est une centralité dans la vie du quartier. « Le cœur du village », décrit l’adjointe au maire de Marseille déléguée, entre autres, à l’amélioration des espaces publics, Perrine Prigent.
Une requalification « lourde » et définitive interviendra d’ici 2027, sous la houlette de la Métropole. Mais il s’agit dans un premier temps de préciser le projet avec cette phase d’aménagement transitoire. « Tester des usages », comme disent les élus. Et habituer les esprits à quelques changements, à commencer par la place de la voiture.
Piétonnisation, végétalisation et mobilier urbain dès 2025
En effet, la principale évolution réside dans la piétonnisation de près de 30% de l’espace situé côté Nord, à proximité des terrasses. Des potelets sépareront la partie Sud, qui continuera d’accueillir le stationnement automobile et le marché matinal « qui conservera tous les forains actuels », précise Julia qui pilote le projet.
Pour encourager les piétons et autres usagers à s’approprier ce nouvel espace, du mobilier urbain modulable et temporaire sera disséminé sur la nouvelle place. Petits jeux pour enfants, tables, bancs et transats, autour d’un aménagement central : un module avec estrades, assises, zone d’affichage et une pergola centrale.
Ce premier aménagement prévoit également de revégétaliser un peu le site. Quelques jardinières feront pousser des essences méditerranéennes alors que les pieds des arbres existants seront dégoudronnés. À noter que la grande jardinière existante sera remise en valeur et ses murets repris pour permettre de s’y asseoir.
La disposition des éléments sur la place est vouée à changer au bout de quelques mois pour tester deux scénarii. Enfin, durant des évènements, la piétonisation d’une à deux voies qui cerclent la place sera testée.
Des craintes se font toujours entendre
« Une assemblée conquise par le projet ». Il n’y a pas de sondage pour confirmer cette impression des élus présents à la présentation. On entend dans le public des voix réjouies par la reconquête piétonne, la végétalisation, la place des enfants et la logique d’apaisement au profit d’un lieu de vie et de rencontres.
Mais les prises de paroles au micro laissent aussi percevoir les réticences d’une partie des habitants. « On est tous contre la voiture, mais on en a tous une », clame une dame. Elle déplore la perte de places de stationnement. « On n’a pas tous les moyens de louer un parking privé ».
D’autres craignent la fermeture des voies de circulation qui encerclent la place. « Rien n’est acté pour le moment », « ce sera testé lors d’événements », « quoiqu’il arrive, il y aura toujours un accès pour les livraisons et les pompiers », veulent rassurer les élus et les techniciens.
Enfin, une habitante déplore l’installation de jeux pour enfants, bien que très modestes sur le projet, alors qu’on peut en trouver « à 400 mètres ». Ici, le maire de secteur se veut plus intransigeant. « Marseille a signé avec l’Unicef la convention ‘Ville amie des enfants‘. Nous voulons réaffirmer la place des plus petits dans l’espace public », pose Didier Jau. À suivre.
