Éric Berton, le président d’Aix-Marseille Université, réaffirme pour 2025 son engagement auprès des étudiants et des personnels pour réduire les fractures sociales. Entretien.

Après ses vœux à Aix-en-Provence, le président d’Aix-Marseille Université (AMU) Éric Berton est passé par le campus marseillais de Saint-Charles (1er) le 9 janvier. Malgré les incertitudes gouvernementales actuelles et la précarité étudiante qui s’accentue, il entend faire d’Aix-Marseille « l’université des possibles ».

Sa priorité est autant de pousser l’enseignement et la recherche à l’excellence que de réaffirmer l’engagement social de l’université. Centres de santé, épiceries solidaires, soutien au revenu universel étudiant… le président nous partage sa vision singulière du rôle de son université, ancrée sur le territoire.

Made in Marseille : Quelles sont vos priorités cette année ?

Éric Berton : Notre priorité c’est de maintenir à la fois la qualité scientifique, en recherche et en formation, au sein d’Aix-Marseille Université. Mais aussi notre engagement social. C’est pour nous très important que nos campus soient des refuges pour nos étudiants et nos personnels. Je suis très attaché au fait que l’université soit une solution au monde qui nous agite actuellement.

Toutes ces guerres, toute cette haine, ça vient de l’ignorance. L’université, c’est le lieu où on anticipe, on prévoit, on étudie. Quel que soit l’étudiant, ses orientations, ses origines… il sait qu’il est à la fois en sécurité, en quiétude, et qu’il est là pour apprendre.

Aix-Marseille Université veut favoriser l’égalité des chances. Avez-vous un exemple concret ?

E.B : C’est vraiment notre ADN. Nous menons une lutte contre la pauvreté étudiante de tous les instants. On développe des épiceries solidaires, mais aussi des actions très innovantes comme nos deux centres de santé à Aix et Marseille. Ce n’est pas notre métier initial. Mais nous avons recruté des médecins pour soigner les étudiants et les personnels qui se retrouvent dans un état de santé, à la fois physique et mental, déplorable.

Berton, Pour Éric Berton, « le revenu universel étudiant est une solution pérenne », Made in Marseille
Campus de Saint-Charles.

En septembre dernier, vous avez d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme sur la précarité étudiante. La situation s’est-elle améliorée ?

E.B : Non, je ne vois pas les choses s’améliorer. Je pense qu’il faut que le gouvernement et l’État investissent plus dans l’enseignement supérieur français. Notre enseignement supérieur à la recherche publique est d’une grande qualité. Nos formations sont reconnues. Nos recherches également. Un pays qui n’investit pas dans sa jeunesse est un pays qui ne se projette pas vers l’avenir et qui va droit dans le mur.

Vous plaidez pour un revenu universel étudiant. C’est une prise de position forte.

E.B : Le revenu universel étudiant coûterait beaucoup d’argent à l’État. C’est vrai que dans le contexte actuel, il pourrait être difficile à mettre en place. Mais c’est une solution qui me semble la plus pérenne et la plus forte à long terme. Si un étudiant a un revenu pour suivre ses études, il pourra à la fois se soigner, manger, se cultiver, partir en voyage pour découvrir d’autres cultures. Ce revenu permettrait aussi de faire vivre les économies des villes. Donc, on a tout à y gagner.

Le budget de l’université est aussi en difficulté. Pour quelles raisons ?

E.B : Nous avons de plus en plus de frais à prendre en compte. Les surcoûts énergétiques, les mesures Guérini qui ont acté l’augmentation des points d’indice des fonctionnaires. C’est très bien d’augmenter le point d’indice (rémunération, Ndlr). Or, l’État n’a pas donné d’argent supplémentaire aux universités pour absorber ce coût.

Qu’attendez-vous du nouveau gouvernement ?

E.B : On attend un nouvel élan. Au-delà d’augmenter notre budget, il faut penser un nouveau modèle. À la fois en donnant aux universités plus d’autonomie dans leur gestion, leur responsabilisation, mais aussi en investissant sur le public plutôt que sur du privé qui a déjà ses propres sources de revenus. On peut également développer l’apprentissage, la formation continue et valoriser nos espaces patrimoniaux.

Avez-vous des projets actuels pour valoriser ce patrimoine ?

E.B : On a la chance d’être propriétaires de notre patrimoine. Ce n’est pas le cas de toutes les universités. On commence tout juste à entreprendre des projets de location et de nouveaux bâtiments. Heureusement qu’on le fait. Sinon, ce serait vraiment la catastrophe.

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