Pierre Zeltner-Reig mêle les gestes du hip-hop à ceux de la langue des signes. Ce danseur marseillais, l’un des pionniers du mouvement lite-feet en France, partage cette pratique artistique inclusive avec les élèves de l’école Rose Val Plan (13e).
Mélanger les gestes du hip-hop à ceux de la langue des signes française (LSF), il fallait y penser. Pierre Zeltner-Reig, alias Lite Sign, danseur professionnel et pionnier de cette discipline en France, en a fait sa signature. Depuis peu, il partage son approche unique avec les élèves de l’école élémentaire Rose Val Plan, dans le 13ᵉ arrondissement de Marseille.
Deux jours par semaine depuis la rentrée, Pierre anime des ateliers pour les élèves de CP, CE1 et CE2. Les séances commencent par une initiation au hip-hop et une découverte de la langue des signes, avant de se poursuivre en musique. Les enfants apprennent ainsi à mêler l’expression corporelle et le langage visuel, tout en pratiquant le lite-feet, « une évolution du hip-hop freestyle, née en 2005 à New York », précise l’artiste.
Si la langue des signes est utilisée par plus de 100 000 personnes au niveau national, elle reste largement méconnue du grand public. Avec ces ateliers, Pierre espère « créer des passerelles entre la culture sourde et celles des entendants, et montrer que la diversité linguistique peut nous rassembler plutôt que nous séparer ».
Un danseur engagé
Dès l’âge de 17 ans, Pierre Zeltner-Reig s’est tourné vers des publics spécifiques, notamment à Bordeaux, où il a travaillé avec des réfugiés, des personnes sourdes et en situation de handicap.
« J’ai commencé à me dire que la danse pouvait vraiment avoir du sens et servir à quelque chose, loin des concours chorégraphiques ». Après des études de linguistique, alors qu’il n’a pas de lien direct avec le handicap, il se lance dans l’apprentissage de la langue des signes. Selon lui, celle-ci « nous apprend à mieux écouter, mieux regarder et mieux comprendre ».
« Ça m’a beaucoup intéressé quand j’ai appris qu’il y avait une langue qui se parlait avec les mains, comme les danseurs ». De retour à Marseille, sa ville d’origine, où « il y a beaucoup de besoins », il multiplie les projets.
Apprendre en rythme et en s’amusant
Lors des ateliers, les enfants apprennent à signer des expressions simples comme « Bonjour », « Ça va ? », ou « Pourquoi ? ». Pierre leur enseigne aussi les mois de l’année et les pays. « Dans cette école, il y a toutes les nationalités, donc je leur apprends à signer leurs origines : l’Algérie, les Comores… J’essaie vraiment de mettre en valeur la diversité ».
« J’essaie de développer cette méthode car en apprenant en rythme et en s’amusant, ils retiennent beaucoup plus facilement », explique-t-il.
Cette démarche répond aux besoins des élèves de ce quartier populaire, qui « ne manipulent pas tous facilement la langue française, souligne Virginie Remy, enseignante et coordinatrice de projets innovants à Val Plan. C’est un très bon moyen d’expression pour eux ». « Pour les CP, l’alphabet, par exemple, devient plus accessible avec des moyens mnémotechniques », ajoute Pierre.
L’école a pu bénéficier du financement nécessaire pour accueillir le danseur à l’aide du pass Culture, une aide de 25 euros par élève qui permet à tous les élèves de bénéficier de six séances. L’année scolaire se conclura par un battle de danse entre les classes, devant leurs parents. Puis, dès le mois de janvier, ce sera au tour des élèves de CM2 de s’initier au hip-hop en langue des signes.