Au restaurant Graines de piment à Avignon, la cuisine et le service sont réalisés par une dizaine de jeunes de 15 à 21 ans suivis par la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) et l’aide sociale à l’enfance.
Presque chaque midi, ce restaurant du centre historique d’Avignon affiche complet. Depuis son ouverture en 2022, Graines de Piment offre plus qu’une cuisine saine et savoureuse. Il redonne espoir et avenir à des jeunes âgés de 15 à 21 ans, sous mandat de justice ou en rupture avec le système scolaire.
Ce lieu d’insertion unique a été créé par deux éducateurs au ministère de la Justice. « Nous avons constaté qu’il manquait quelque chose pour ces jeunes. Trop souvent, ils étaient sans solution, déconnectés de l’école et du travail », explique Christophe Rouquier-Perret.
Avec le chef Hervé Sapaly, il a imaginé un lieu bienveillant où la cuisine et le service deviennent des outils de remobilisation personnelle et professionnelle.
Le restaurant « permet des alternatives à des peines qui pourraient être encourues en offrant un accompagnement positif, et non punitif », explique Vincent Delahaye, directeur de l’association Le Village. Celle-ci porte le projet en collaboration avec un consortium réunissant la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), la Mission Locale Jeunes Grand Avignon, et le Centre départemental de l’Enfance et de la Famille (CDEF 84).
Un cadre de confiance
Les jeunes salariés, recrutés en contrat à durée déterminée d’insertion (CDDI), travaillent en cuisine ou en salle sous la supervision d’une équipe de professionnels et d’éducateurs. Célia*, 17 ans, employée au restaurant, confie : « J’aime bien venir ici, c’est comme aller voir mes amis. On s’entend tous bien, on a une bonne cohésion d’équipe ».
« Ce resto, c’est une chance pour s’en sortir. J’ai appris à être serviable avec les gens, à me lever tous les matins sans être en retard au boulot. C’est un endroit où tu peux avoir confiance en tout le monde », renchérit Kevin.
Ce cadre structurant et bienveillant, où l’engagement progressif est valorisé, permet à chacun d’évoluer à son rythme. Certains débutent par des contrats de huit heures par semaine. Avant de passer à 24 heures, en fonction de leurs capacités. « L’objectif n’est pas de former uniquement des cuisiniers ou des serveurs. Mais de leur redonner confiance en eux et en l’avenir », souligne Christophe.
Un projet inclusif et solidaire
La philosophie de Graines de Piment repose aussi sur une solidarité active. Grâce au système des repas suspendus, financés par les clients, les jeunes peuvent inviter leurs familles à venir les voir en action. « C’est un moment de fierté pour eux et leurs parents, habitués à des convocations pour des raisons négatives. Ici, ils découvrent leur enfant épanoui, debout, souriant », ajoute l’éducateur.
Depuis sa création, Graines de Piment a accueilli une trentaine de jeunes. Certains ont poursuivi en formation professionnelle, d’autres ont trouvé un emploi stable. Le projet est financé par le Pacte régional d’investissement dans les compétences (Pric), avec le soutien de la DREETS, de la DDETS du Vaucluse et du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur.