Le chantier du méga campus du numérique Theodora doit commencer en 2025 à Gèze dans le nord de Marseille.
Le groupe Unitel avait annoncé son projet Theodora en grande pompe en 2020. Ce pôle de vie urbain d’innovation numérique, étendu sur 35 000 m2 spécialisé dans l’intelligence artificielle, doit redessiner le quartier de Gèze dans le nord de Marseille, à la lisière du futur grand parc des Aygalades qui verra le jour en 2030 sur l’ancienne gare du Canet.
Depuis cette annonce, le beau projet sur le papier avait quelque peu disparu des radars. En 2022, la Ville de Marseille a bien accordé le premier permis de construire sur 18 000 m2 sous l’ancien Plan local d’urbanisme (PLU). Mais ensuite, les fouilles archéologiques « nous ont bloqués pendant neuf mois », admet Kevin Polizzi, président d’Unitel group.
Ces recherches, fructueuses, ont révélé des vestiges industriels, les fondations d’une église du 17e siècle, « un ossuaire datant de la peste », des bijoux du Moyen-Âge… Si bien que le groupe a récupéré son terrain il y a seulement deux mois.
La dépollution des sols au mercure et à la soude, témoins du passé industriel de Marseille, devrait démarrer ces prochains mois. Dans le même temps, la validation du 2e permis portant l’opération totale à 35 000 m2 devrait être actée avec la modification du PLUI prévue en fin d’année.
« Une impulsion collective »
Malgré ce coup de frein, Kevin Polizzi se dit « hyper confiant » pour la poursuite de son projet phare. Il dévoile même « la pose de la première pierre en 2025 » pour une première phase de livraison du chantier en 2028, et une deuxième phase en 2029.
Il faut dire qu’en 12 mois, le projet qui se battait seul dans son coin, est devenu l’affaire de tous. « Le Préfet a fait le nécessaire pour décréter l’union sacrée », confie l’entrepreneur. La Ville de Marseille, la Métropole Aix-Marseille-Provence, Euromediterranée et l’État, donnent désormais « une vraie impulsion » au projet.
Mi-octobre, la mairie a aussi fait un pas vers Unitel pour résorber la vente à la sauvette et le trafic sur la voie publique aux alentours de Gèze, en publiant un arrêté municipal d’interdiction pendant deux mois. « Un test rassurant » pour le patron du numérique qui voit cette sécurisation comme la clé de l’évolution du quartier, en pleine phase de requalification.
Transformer la ville
Ce chantier ne pourrait pas accélérer sans ce consensus, car il se trouve à la croisée des chemins : entre deux autoroutes, une extension du tramway vers le nord de la Métropole, en bordure de l’opération d’aménagement Euromediterranée et de son futur parc des Aygalades, et de deux mairies d’arrondissements de Marseille les 13-14 et 15-16.
Theodora est aussi au carrefour d’« un sud qui se réinvente et d’un nord qui se cherche un destin », image Kevin Polizzi. Pour l’homme d’affaires, ce nord sera le « moteur du développement de la ville » ces prochaines années avec les projets du numérique, du cinéma, la reconversion de friches…
Mais pour embrasser ce futur, le nord devra être ainsi capable d’attirer des entreprises, des talents et des formations comme les écoles d’ingénieurs. « La plateforme va former 3 000 étudiants techniciens du numérique », rappelle l’entrepreneur qui a scellé avec Cyril Zimmerman, la promesse de créer 20 000 emplois dans le numérique avant 2030. « Mais il nous manque une grande école d’ingénieur pour former des cadres », souligne le patron.
Il souhaite d’ailleurs en accueillir une sur le futur campus de Theodora, en plus des espaces de coworking pour des entreprises dans l’IA, la Tech…