À 82 ans, Thomas Samba Sarr est une personnalité incontournable du quartier de Belsunce à Marseille. Depuis 1972, le tailleur et créateur de vêtements vend ses créations inspirées du mouvement rastafari dans sa boutique rue des Petites Maries.
Un vinyle de l’album Exodus de Bob Marley and the Wailers, sorti en 1977, tourne sur la platine. Des milliers de photographies, de dessins et de tissus tapissent les murs. Un taxi londonien est stationné à proximité. Pas de doute, nous sommes bien chez Thomas Samba Sarr, alias Tom, rasta auto-proclamé de la première heure et figure emblématique du quartier de Belsunce.
Depuis 1972, ce tailleur de profession y tient un atelier-boutique de vêtements et accessoires hauts en couleur. Son sens de la formule, son humour et ses créations lui ont permis de tisser des liens avec les plus grandes stars du reggae, alors dans son âge d’or. Affichés un peu partout sur les murs, on croise les sourires d’artistes tels que Alpha Blondy, Pablo Moses, Peter Tosh ou Serge Gainsbourg.
Né il y a 82 ans, non pas en Jamaïque mais au Sénégal, Thomas Sarr affirme dans un éclat de rire être arrivé à Marseille « en pirogue » à l’âge de 30 ans. Peu de temps après, il assiste à un concert du légendaire Jimmy Cliff. « En écoutant la musique, en voyant comment les gens dansaient, et comment les musiciens étaient habillés, je me suis dit qu’il manquait quelque chose ».
C’est à ce moment-là qu’il décide de créer une ligne de vêtements inspirés par le mouvement rastafari. « Il n’y a que les chaussettes que je ne fais pas. J’ai fait des casquettes, des caleçons, des vestes, des pantalons, des gilets… Je le fabrique à mon goût ».
« J’ai passé toute ma vie à m’amuser »
Il a dédié sa vie à un métier qu’il ne considère pas comme un travail : « J’ai passé toute ma vie à m’amuser », déclame-t-il fièrement. Pour ce philosophe dans l’âme, l’essentiel est ailleurs. « Même si j’avais des milliers de côté, ça me servirait à quoi ? », interroge-t-il. Pour lui, le plaisir est dans l’acte de création. « Si ça plaît, c’est merveilleux. Si ça ne plaît pas, c’est fantastique : je me le garde ! ».
Aujourd’hui, le tailleur est autant une icône dans son village natal de Palmarin, où il retourne souvent, que dans sa ville d’adoption. « On a le privilège d’habiter dans la ville la plus merveilleuse au monde. Beaucoup de gens sur la planète aimeraient mettre les pieds ici. Tout n’est pas parfait, mais qu’est-ce qui est parfait ? ». Rastas ou pas, il invite les Marseillais à apprécier leur ville avec ses défauts, en laissant « le Mistral balayer tout ça ».
Informations pratiques
Tom, tailleur rasta
22 rue des Petites Maries, Marseille 1er
04 91 90 75 16