Depuis cinq ans à Marseille, des grands groupes lancent des défis aux start-up dans le cadre du Smartport challenge pour rendre le port plus innovant et compétitif. Cette année, le programme étend son périmètre.
Pour la 5e édition du Smartport challenge, le Grand port maritime de Marseille-Fos (GPMM), Aix-Marseille-Université et la Chambre de commerce et d’industrie Aix-Marseille-Provence, annoncent étendre le terrain de jeu à Lyon et à la rive sud de la Méditerranée. D’où le « en grand » désormais accolé au nom du dispositif.
Comme chaque année, de grandes entreprises du territoire lancent neuf défis aux start-up pour résoudre une problématique par l’innovation, notamment liée aux activités maritimes.
Les start-ups intéressées répondront ensuite dans une candidature à envoyer jusqu’au 28 août prochain. Les lauréats, annoncés mi-septembre, se verront attribuer une dotation de 15 000 euros chacun pour amorcer leur projet.
« Faire de Marseille-Fos le premier port de la Méditerranée »
« Notre port est à un moment historique, assure Jean-Luc Chauvin, président de la CCIAMP. Nous avons l’ambition de faire de Marseille-Fos le premier port de la Méditerranée. Et pour cela il faut investir au niveau financier, mais aussi dans la recherche ».
À ses côtés, Éric Berton, président de l’université, confirme cette « envie de collaborer avec la rive sud de la Méditerranée ». À l’instar de Christophe Castaner, président du directoire du GPMM, qui rappelle le récent partenariat du port avec l’Arabie Saoudite et les lignes récurrentes entre Marseille et l’Algérie.
Les trois dirigeants martèlent également depuis plusieurs mois la nécessité de développer le transport fluvial du Rhône pour assurer l’avenir du port de Marseille.
Neuf défis lancés
Le premier défi qui illustre cette volonté vient de la Compagnie Nationale du Rhône (CNR). L’entreprise est une partie prenante du groupe de réflexion sur le développement du Port de Marseille en Grand, annoncé par Emmanuel Macron en septembre 2021. « Nous avons besoin de mieux étudier les sols des friches disponibles le long du Rhône pour aider les industriels à s’implanter », explique Alexandre Janin, chef de projet navigation de la CNR.
La CMA CGM, troisième armateur mondial basé à Marseille, cherche également une start-up capable d’identifier les axes pertinents pour le déploiement d’une solution intermodale, notamment vers le Rhône « pour coordonner la barge, le camionnage avec les contraintes de timing et de coût pour le client », assure Philippe Alix, directeur du département intermodal.
Toujours dans cet enjeu d’attractivité, les Voies navigables de France (VNF) recherchent un candidat expert de la cyclo-logistique du dernier kilomètre pour passer du fluvial au vélo, et ainsi standardiser un outil numérique pour réduire les coûts de transport.
Des attentes sur le numérique
En interne, le grand port de Marseille-Fos (GPMM) souhaite « booster l’outil central Neptune avec de l’intelligence artificielle », explique Sarah Amri, directrice financière. Refonder cette application doit permettre de raccourcir les délais, réduire les coûts, et le rendre connectable à d’autres applications.
Dans cette même quête d’amélioration de la compétitivité, le Port de Marseille, en lien avec la société coopérative du lamanage et le syndicat des pilotes, cherche un candidat capable de développer un outil pour mieux prévoir les acteurs impliqués dans l’escale d’un navire afin de diminuer le temps d’occupation des quais.
La Corsica Linea et La Méridionale, deux délégataires de services publics vers La Corse sur les quais est de la Joliette, souhaitent améliorer leur service client. Les compagnies s’associent donc au Smartport Challenge pour mobiliser une start-up qui développe une solution d’information et d’orientation des passagers, pour mieux les guider avant d’embarquer.
Produire de l’énergie renouvelable
Le port est également investi dans le développement des énergies renouvelables, notamment de l’éolien off shore. CVE, producteur d’énergie indépendant renouvelable, souhaite ainsi l’accompagner dans sa décarbonation. L’entreprise marseillaise cherche un candidat capable « d’évaluer les moyens techniques et financiers » pour « développer un parc solaire au sol dans une zone humide », explique Anna Goulia, responsable de la biodiversité des milieux.
De son côté, Colas veut s’appuyer sur son revêtement innovant perméable capable de laisser l’eau de pluie couler, qui est ensuite récupérée et stockée. Le groupe de BTP lance le défi d’imaginer une application spécifique sur le foncier du port pour « verdir » et « créer des îlots de fraîcheur ».
Enfin, Bouygues Energies & services (Equans) recherche un acteur capable de monter un projet de production de l’énergie houlomotrice (fabrication d’énergie par la force des vagues). Le directeur du développement, Frédéric Galloo, veut croire au potentiel de cette énergie qui représente aujourd’hui « seulement 50 projets dans le monde ».
Les nominés seront auditionnés entre le 2 et 12 septembre.