La mairie aixoise veut accélérer un projet de bus à haut niveau de service (BHNS) pour désengorger la D9, entre la zone d’activités et le centre-ville. Soutenue par les entreprises, la maire (UDI) souhaite l’inscrire dans le « GIP Transports » de Marseille en Grand.
Le projet de Bus à haut niveau de service (BHNS) vers La Duranne est sur les rails. Sophie Joissains (UDI), la maire d’Aix-en-Provence, l’a rappelé lors de ses vœux à la presse le 22 janvier. L’édile pousse ce projet depuis deux ans aux côtés des chefs d’entreprises pour désengorger la zone d’activités (La Constance, La Pioline, Les Milles, La Duranne et l’Arbois) en heure de pointe, en provenance du centre d’Aix et de Marseille.
Chaque jour, la zone enregistre près de 140 000 déplacements. « Les deux axes embouteillés représentent 40% du trafic le matin. Cela fait 15 ans qu’il y a des soucis de recrutement à cause de cette mauvaise désserte », affirme Stéphan Guérin, administrateur de l’association du Pôle d’activités d’Aix-en-Provence (PAAP) regroupant les entreprises propriétaires de foncier.
Pour l’heure, le bus 15 relie le centre-ville aixois à la zone économique en 30 minutes. Mais cette desserte « n’est pas aussi fine qu’un BHNS », poursuit le représentant. Il faut en effet marcher 15 minutes pour rejoindre la plan d’Aillane depuis la station Pôle d’activités. En voiture, ce parcours de 7,3 km depuis la gare prend 11 minutes quand le trafic est fluide, mais « entre 1h et 1h30 en heure de pointe », précise Stéphan Guérin.
Un voie dédiée longeant la ligne Aix-Rognac
Le chef d’entreprise siège au comité de pilotage de ce projet de transport, qui se tient tous les 3 mois. Au cours de la dernière réunion en octobre 2023, la Métropole Aix-Marseille-Provence et la Ville d’Aix-en-Provence ont présenté le scénario retenu sur les trois envisagés : la création d’une route dédiée au BHNS dans un seul sens (Centre d’Aix > Zone d’activités) sur l’emprise foncière longeant la voie ferrée Aix-Rognac.
« Le BHNS partira de la gare d’Aix-Centre, pour longer la voie ferroviaire jusqu’au plan d’Aillane. Il quittera ensuite la route pour desservir la zone d’activités avant de remonter sur la route vers la D9. Ce BHNS permettra un départ récurrent du centre-ville toutes les 8 minutes », explique l’association PAAP.
Pour assurer un vrai report modal, des centres-villes vers la zone d’activités, la Métropole souhaite créer trois pôles d’échanges multimodaux. Deux « PEM » sont envisagés sur le Plan d’Aillane et La Duranne – Robole (vers le golf) pour désengorger la D9 en provenance du centre d’Aix. Le troisième sera sur l’autoroute, l’échangeur A51/RD8n dit « des Trois Pigeons » pour fluidifier le trafic en provenance de Marseille (voir carte ci-dessous).
Le coût avoisine les 200 millions au global
« Ce projet est estimé à 75 millions d’euros », assure Sophie Joissains. Or, l’association TramAix, militante pour le développement des transports aixois, opposée au projet, annonce « un projet très coûteux qui avoisine les 200 millions d’euros ».
Cette structure a mené une étude en mai 2023, envoyée à la Ville, pour prouver ce montant. « Construire une route à côté de la voie ferrée demande de réaliser de gros travaux de remblayage pour mettre les voies à niveau », affirme Martial Constantinidès, son président.
« Ces 75 millions d’euros concernent les travaux sur le plan d’Aillane. C’est-à-dire la création d’une gare multimodale. Mais si on regarde le projet dans sa globalité, le coût des études et des travaux s’élève plutôt à 200 millions », confirme Stéphan Guérin. Le chef d’entreprise relève pour autant « la priorité de ce projet » car « les entreprises aixoises reversent chaque année 170 millions de versement mobilité ». Sa réalisation serait donc « un juste retour des choses ».
Inscrire dans le GIP Transports de Marseille en grand
Même si la Métropole met la main au pot, Stéphan Guérin est conscient qu’il « manque encore des financements ». Faire inscrire le BHNS au sein du Groupement d’intérêt public (GIP) « Aix-Marseille-Provence Mobilités » structure pilote de Marseille en Grand, portée par la Métropole AMP et l’État, serait donc « un moyen d’accélérer rapidement ». Sinon « le projet prendra encore 3 ou 5 ans de retard ».
Doté d’un milliard d’euros* pour financer 15 projets prioritaires sur la métropole, le GIP Transports intègre déjà un autre projet sur Aix : le prolongement de 2,1 km de l’Aixpress jusqu’au Val Saint-André. Cette extension est chiffrée à 17 millions d’euros. Fin 2021, à l’annonce des projets prioritaires retenus, le GIP Transports n’avait pas sélectionné le projet de BHNS car aucune étude de faisabilité n’avait été menée.
« Aujourd’hui s’il faut choisir, nous préférons réaliser le BHNS plutôt que l’extension de l’Aixpress », assume la municipalité. Catherine Pila (LR) qui siège au GIP Transports pour le compte de la Métropole, nous confie que « ça aurait du sens de l’intégrer ».
Combiner le BHNS avec la relance de la ligne Aix-Rognac ?
Depuis, « une enquête a montré la faisabilité du projet », revendique la mairie. Mais « la SNCF n’a pas encore donné son accord pour céder le foncier à la Métropole », prévient Martial Constantinidès. L’entreprise ferroviaire ralentit également le projet de remise en route de la ligne ferroviaire Aix-Rognac, dont elle est propriétaire.
Les députés Renaissance Anne-Laurence Petel et Jean-Marc Zulesi soutiennent la réhabilitation de cette « petite ligne » de 25 kilomètres pour répondre, aussi, à l’engorgement de la D9.
Mais la remise sur les rails de cette ligne prendrait plusieurs décennies. « Aix-Rognac ne répond pas à l’urgence de la situation », pointe Stéphan Guérin, qui n’omet pas « la pertinence de cette solution sur le long terme ».
« Pourquoi ne pas mener les deux projets ensemble ? », propose Sophie Joissains qui se montrait plutôt défavorable au projet des députés. C’est désormais la prochaine réunion du GIP Transports, prévue mi-février, qui doit trancher.
*256 millions d’euros de subventions et 744 millions d’euros d’avances remboursables inscrites dans la loi de finances 2022.