Il y a quelques jours, 70 bébés tortues sont sorties de leur nid pour rejoindre la mer sur la plage de Saint-Cyr-sur-Mer.
Depuis la découverte d’un nid de ponte de tortues Caouanne dans la nuit du 16 au 17 juillet sur une plage de Saint-Cyr (83), une mobilisation exceptionnelle s’était mise en place pour ne pas perturber les oeufs de cette espèce protégée. Des agents du Parc national des Calanques, spécialement habilités par le Muséum national d’Histoire Naturelle au suivi des tortues marines, ont été les premiers spécialistes à se rendre sur place pour confirmer la ponte et mettre en place les mesures nécessaires.
Au total, 70 volontaires se sont relayés pour assurer la surveillance du nid notamment autour du 46e jour d’incubation qui marque le chemin de retour à la mer pour les tortues Caouannes. Après plus de 60 jours d’incubation, dès le 20 septembre en début de soirée, 70 tortillons ont percé la membrane de leurs œufs pour atteindre la mer.
La tortue Caouanne, qui atteint une maturité sexuelle tardive (autour de 30 ans), se reproduit tous les 2 à 4 ans. Sa taille adulte varie de 90 cm à 1 mètre, pour un poids moyen de 135 kg.
Un été exceptionnel
Cet été, 12 pontes ont été enregistrées dans le Var, l’Hérault et la Corse. À chaque fois, les aires de nidification ont été délimitées par des barrières de protection et on fait l’objet d’une attention toute particulière.
Si les eaux de Méditerranée occidentale sont connues pour être un habitat privilégié des tortues immatures et sub-adultes, les scientifiques constatent depuis quelques années une activité de reproduction plus régulière sur le littoral méditerranéen français, tendance également observée en Italie et en Espagne depuis une dizaine d’années.
« Les raisons de ce phénomène récent interrogent les scientifiques : les nids déposés en Méditerranée occidentale sont-ils viables ? La température du sable est-elle suffisante ? Certaines tortues marines seraient- elles en train de coloniser de nouveaux habitats de ponte ? Est-ce dû à une hausse de la température de l’eau, à une modification des courants ou l’évolution naturelle des zones de nidification ? Les efforts de protection réalisés depuis des dizaines d’années en Grèce et en Turquie (où se reproduit principalement la population méditerranéenne de Caouannes) jouent-ils un rôle ? » précise le Parc national des Calanques.
Les restes du nid (coquilles vides, embryons non développés, oeufs non fécondés) seront analysés pour enrichir les connaissances sur ces épisodes de ponte peu documentés sur nos côtes.