La cheffe marocaine Meryem Cherkaoui prend les commandes de la Maison de la Méditerranée. Un nouveau concept culinaire 100% féminin qui va ouvrir ses portes sur la Canebière, à la fin de l’année.
La grande cheffe Meryem Cherkaoui, accompagnée des fondateurs du restaurant solidaire Le République, investit l’ancienne bijouterie Piery sur la Canebière pour y lancer la Maison de la Méditerranée. Food-court méditerranéen, restaurant d’application, ressourcerie… ils ont imaginé un lieu de partage autour de recettes traditionnelles et familiales du bassin méditerranéen dans un établissement entièrement éco-conçu et dédié à 100% à l’emploi des femmes via l’insertion professionnelle [le projet en détail ici].
Très impliquée sur le bassin méditerranéen, Meryem Cherkaoui a fait ses classes à l’Institut Paul Bocuse, d’où elle est sortie diplômée. La cheffe est passée dans de prestigieux palaces français (Majestic à Cannes, au Crillon à Paris…) avant d’ouvrir en 2002 à Casablanca, au Maroc, La Maison du Gourmet.
Cet établissement devient vite une référence gastronomique dans le pays et marque la naissance d’une vision gastronomique de la cuisine marocaine contemporaine qui rayonne ensuite à l’international : une alliance de techniques françaises et de ses saveurs natales du Maroc. Une cuisine fine et personnelle, riche de sa double culture.
En 2016, l’hôtel de luxe, le Mandarin Oriental Marrakech, situé au cœur de 20 hectares de jardins parfumés et d’oliveraies, lui confie les cuisines du Mes’Lalla, le restaurant gastronomique du palace. Le résultat est une fusion de goûts et de textures, qui fait la part belle aux produits et qui démontre que la cuisine marocaine, souvent qualifiée de cuisine familiale est un art en mouvement.
Reconnue par ses pairs et distinguée à de plusieurs reprises (L’esprit Entrepreneur Bocuses & Co…), elle participe à de nombreuses manifestations culinaires à travers le monde (Osaka, New York, SaoPaulo, Montréal, Dubaï, Hanoï, Le Cap, Paris, Monaco…).
Marseille, son nouveau port d’attache
Forte de sa reconnaissance professionnelle et de son expertise, des émissions culinaires font appel à elle à l’instar de Top Chef France et Dubaï, Masterchef France… Depuis plus de dix ans, Meryem Cherkaoui s’est surtout consacrée à la formation et au consulting auprès d’autres établissements et pour accompagner des projets qui font sens en lien avec ses valeurs. « C’est une activité pour laquelle je voyage énormément en un mois. Le désir de poser mes valises entre le Maroc et la France s’est fait sentir, et j’aime beaucoup Marseille », nous confie-t-elle.
C’est ainsi qu’elle commence à travailler sur un projet avec Sébastien Richard. Ces deux-là se connaissent depuis de nombreuses années pour avoir déjà collaboré sur des projets et des événements.
« Au début, je voulais faire un concept sur le couscous autrement avec des semoules aux 7 céréales, du sans-gluten… et puis quand j’ai visité ce local [50, Canebière, ndlr], avec tout ce potentiel, le projet s’est dessiné autour de la Méditerranée », poursuit-elle.
Entrepreneuse dans l’âme, et par nature animée par le goût du risque, c’est « un nouveau challenge », qu’elle s’apprête à relever. « Et c’est super », se réjouit-elle. C’est dans son nouveau port d’attache, d’ailleurs, qu’en 2012, dans le cadre d’une exposition au Mucem intitulée Femmes de Méditerranée, elle aborde avec passion son métier et son amour « des produits du terroir marocain ».
Le goût de transmettre
Meryem Cherkaoui a toujours beaucoup travaillé avec les femmes, « même si j’ai appris aux côtés d’hommes. J’ai été dans des brigades où j’étais la seule femme durant ma formation en France. Et quand je suis rentrée au Maroc, il est vrai qu’au début, j’ai embauché seulement des hommes parce que j’avais appris comme ça, jusqu’au moment où j’ai commencé à mixer ».
Lorsqu’elle crée sa marque d’épicerie fine Dima terroir, elle collabore uniquement avec des coopératives de femmes et contribue à améliorer leurs outils de travail et leurs conditions de vie en leur reversant des bénéfices de la vente de ses produits. C’est de là qu’est née l’idée de créer un établissement dont les femmes seraient le cœur battant. « Lorsque j’ai créé mon école en 2009, à Casablanca pour faire de la formation à la carte à destination des professionnels, j’avais énormément de femmes qui y assistaient. Et je trouve qu’à Marseille, il y a beaucoup de femmes en cuisine, par rapport à d’autres villes de France, où l’on a plus de mixité ».
Discrète, elle entend sublimer et faire rayonner une cuisine méditerranéenne aux multiples accents, mais veut avant tout mettre en lumière celles qui vont cuisiner et animer le lieu, « c’est ce qui m’importe. J’aime transmettre, c’est ce qui me nourrit chaque jour ».
Désormais, cette fan de décoration va s’employer à donner aux locaux un cachet particulier, sa « petite touche », forcément, s’inspirant de ses racines et de cette Méditerranée, qu’elle souhaite « plurielle ». La Maison de la Méditerranée devrait ouvrir ses portes en décembre 2023.