Opposés au projet de tramway vers la place du 4-Septembre, les comités d’intérêt de quartier du secteur préfèreraient voir rouler un trolleybus. La Métropole estime qu’il s’agit d’une fausse bonne idée.
La Métropole Aix-Marseille-Provence a lancé une concertation publique préalable pour son projet de tramway vers la place du 4-Septembre. Les citoyens sont invités à s’exprimer sur cette nouvelle ligne de 2,1 kilomètres vers le quartier des Catalans et le littoral, estimée à 75 millions d’euros.
L’institution espère débuter les travaux en 2025 pour une mise en service en 2028. Elle met en avant un moyen de transport « efficace » dans un quartier dont la densité de population est une des plus fortes de la ville.
Le secteur est notamment au cœur de la Zone de faibles émissions (ZFE) qui interdira progressivement les véhicules polluants. La création de la ligne de tramway doit par ailleurs être accompagnée de pistes cyclables.
Les travaux lourds de ce projet sont aussi une occasion de requalifier les espaces publics sur le tracé. De la préfecture en passant par le palais de justice, le jardin de la Colline Puget, l’avenue de la Corse, la Corderie, jusqu’à la place du 4-Septembre, le tracé concernera notamment 6 places publiques.
« Copie à revoir et corriger » pour les CIQ
Mais les comités d’intérêt de quartier (CIQ) du secteur ne l’entendent pas de cette oreille. Ils estiment d’abord que le dossier de présentation publique « est très incomplet et ne présente que les avantages du projet », note le président de la fédération des CIQ du 7e arrondissement, Jean-Claude Rostain. « Une copie incomplète, basée sur de vieilles études, à revoir et corriger ».
Il faut s’accrocher lorsque son homologue du CIQ Pharo-Catalans, Jean-Pierre Galeazzi, déroule en détails les points qu’il juge défaillants. Le principal de son argumentaire concerne le bouleversement de la trame circulatoire de ces quartiers très denses. « Ils relient le nord et le sud de la ville avec la Corniche et un accès au tunnel qui sera coupé par le tramway. La circulation va se déporter sur des petites rues secondaires. Ça va devenir très compliqué ».
D’autant plus pour « les habitants du secteur, que le tramway ne va pas vraiment servir. Car il part vers la Blancarde, au lieu de relier les quartiers qui concentrent l’activité, comme la Joliette et Arenc. Il va aussi diminuer le nombre d’arrêts que desservent les bus actuels. C’est un transport pensé pour aller à la plage ».
Le trolleybus comme solution ?
Si les CIQ entendent « monter en puissance » dans la contestation du projet, ils proposent toutefois de dialoguer « en intelligence » avec la Métropole autour d’une « solution alternative », selon Jean-Claude Rostain. Ils proposent ainsi le retour du « trolleybus marseillais ».
Un mode de transport qui répondrait selon eux aux problématiques soulevées par le tramway « de manière plus économique et aussi écologique ». Ces bus électriques connectés directement au réseau électrique « répondraient à un maillage plus fin et plus important de ces quartiers. Car ce sont des collines que le tramway ne peut desservir ».
C’était d’ailleurs le cas « durant 60 ans, jusque dans les années 2000 » reprend Jean-Pierre Galeazzi. Pour cet ancien de la Régie des transports marseillais (RTM), « si on améliore les voies dédiées au bus, qu’on augmente la fréquence, c’est une meilleure solution que le tramway pour les spécificités de ce quartier ».
Pour la Métropole, « le trolleybus serait saturé dès son ouverture »
L’intercommunalité estime de son côté qu’un projet de trolleybus n’est pas envisageable. Selon elle, il nécessite une plus grande largeur de voie que le tramway « 7 mètres contre 6 mètres. Cela induirait notamment l’abattage de nombreux arbres ».
La Métropole estime surtout que le trolleybus présente une capacité de charge de voyageurs bien inférieure à son concurrent sur rails. Il peut transporter « 1 500 personnes par heure contre 2 670 pour le tram. Le besoin est de 1530 personnes sur l’interstation la plus chargée. Le trolleybus serait saturé dès son ouverture ».
Pour l’institution, il entrainerait également des « ruptures de charges » (changements de transports pour un même trajet). Il n’est « pas adapté au réseau » qui se développe autour du tramway, notamment en termes d’équipements techniques.
La concertation publique préalable, ouverte jusqu’au 30 avril, permettra de jauger plus précisément l’opinion de la population sur le projet de tramway. Avant une enquête publique en 2024.