Une tablette, un clavier, une clé usb. Dans le cadre du plan numérique pour l’éducation lancé par le président de la République en mai 2015, les premiers équipements arrivent dans les mains des collégiens. La majorité de notre département devrait être pourvue d’ici 2018. Made in Marseille s’est rendu dans une classe de 5e du collège de la Belle de Mai, un des premiers établissements bénéficiaires.
Sur les écrans d’Heddy, Massyl, Ryan et Enzo, trois Vélodromes et un Vieux-Port : “le prof nous a dit de mettre Marseille”. Les élèves de 5e du collège de la Belle de Mai ont reçu leurs tablettes depuis quelques semaines. Elles font déjà parties du paysage. A l’image de leurs camarades, le groupe de copains n’a besoin de personne pour la prise en main. Pour cette génération qui a grandi avec les réseaux sociaux et l’écran tactile, utiliser une tablette en cours n’a rien de révolutionnaire. D’ailleurs, ils en ont tous une à la maison. “C’est plus rapide que les ordis” remarque Heddy pour qui l’ordinateur, c’est un peu le passé.
La valeur ludique
“On l’utilise en physique, en techno, en musique, en français… La dernière fois, le prof de physique-chimie nous a même laissé la prendre à la fin d’un contrôle.” se félicitent les garçons. Équipés eux aussi, les professeurs ont l’air de jouer le jeu. Pour Tanguy Muret, qui enseigne les Sciences de la vie et de la terre, un temps d’adaptation est nécessaire : “je ne suis pas très vieux et pourtant, j’ai passé mon concours pour être prof avec un rétroprojecteur, des transparents et des feutres. Deux minutes après avoir reçu les tablettes, les élèves avaient déjà changé le fond d’écran. Moi, je ne savais pas le faire !”.
S’il insiste sur l’importance de l’écriture manuscrite, “le cerveau ne travaille pas de la même façon”, le scientifique voit en ce nouveau support un réel plus pour certains élèves en difficulté : “le clavier peut vraiment aider ceux qui galèrent à l’écriture.” Mais le plus grand enjeux est peut être le côté ludique de l’instrument technologique. Réussir à capter l’attention de minots en plein âge ingrat : “ça nous distrait en cours” acquiescent-ils. Le support n’est pas considéré comme une perturbation, plutôt comme un enrobage sucré au savoir.
“Être en adéquation avec le monde d’aujourd’hui”
La présidente du conseil départemental Martine Vassal était présente pour donner le coup d’envoi officiel des déploiements. Elle se félicite de l’avancée du 13 en la matière : “J’ai reçu un coup de fil de la ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, pour nous féliciter. Nous sommes le premier département à avoir candidaté. L’année dernière, 9 collèges étaient en lice. Le nombre devrait être porté à 33 à la rentrée 2016.”
Martine Vassal n’a jamais caché son opposition au précédent programme, “Ordina13”, instauré en 2003. Chaque élève de collège se voyait attribuer un ordinateur portable. L’élue critiquait le coût de l’opération – 12,3 millions d’euros par an en 2010, pour un budget de 271 millions – et l’utilisation réelle qui, toujours selon l’élue, restait cantonnée à la lecture de dvd et la revente. Elle a mis fin au processus l’été dernier, avant d’annoncer le déploiement des tablettes. Nouveau programme jugé plus acceptable donc : “Si le gouvernement nous donne de l’argent (dans le cadre du plan numérique pour l’éducation ndlr), nous l’acceptons. Chaque tablette, d’un prix unitaire de 380 euros, est financée à part égale par l’État et le département.” Pour les collèges classés Réseau Éducation Prioritaire (REP) et REP+, comme à la Belle de Mai, la note est entièrement à la charge du ministère.
Chacun son tour
Seules les classes de 5ème auront droit dans un premier temps à la tablette de marque américaine. L’équipement est nominatif, ainsi il suit l’élève jusqu’au brevet. Les 6e doivent être fournis eux aussi, mais ils devront attendre 2018, date à laquelle le dispositif doit être généralisé. Différence fondamentale avec Ordina13 : les élèves ne peuvent pas ramener la tablette à la maison. Ils se sont vu confier une clé usb qui doit servir de passerelle.
Le papier n’est pas mort
Pour Martine Vassal, ces nouveaux outils viennent “parfaitement en complément” des anciens. Du côté des profs, on alterne les supports. Un jour l’ordinateur, un autre le cahier, etc. “Pour les graphiques par exemple, la tablette va très bien le faire. Mais pour comprendre un graphique, il faut en avoir construit un : savoir ce que je mets sur les abscisses, sur les ordonnées, se servir de sa règle…” note Tanguy Muret.
Et même si la tablette propose de meilleurs jeux que le bon vieux morpion de coin de feuille – Flappy bird semble être le favori du moment – elle ne convient pas à toutes les pratiques. “C’est plus facile de tricher sur papier” Nos quatre minots trouvent la tablette “trop grande” même si les professeurs ne “surveillent pas trop”. Massyl coupe court : “de toute façon ça sert à rien de tricher, t’apprends rien”. Ils l’approuvent tous, comme si leur enseignant était aux aguets. Tablettes ou pas, certaines choses restent immuables.
Les 5ème ont leurs tablettes, et les autres ? Le conseil départemental met à la disposition de chaque classe un outil pédagogique plus classique :
- 6ème : initiation à l’environnement avec la découverte du site naturel de la Camargue et/ou des Calanques.
- 4ème : sensibilisation à la sécurité routière, à la nutrition et aux addictions
- 3ème : devoir de mémoire avec une visite au Camp des Milles