Lundi 21 mars, signe que le printemps est arrivé en Provence, Ségolène Royal, Ministre de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer s’est rendue à Marseille pour la pose symbolique de la première plaque de route solaire en France sur la future rocade L2. Le soleil était au rendez-vous et les questions nombreuses sur ce nouveau projet.
Un bref retour sur l’histoire du projet de la L2, le nouveau périph’ marseillais
La construction de la L2 est sans doute le projet d’urbanisme le plus attendu en France. Et pour cause, le tracé de la L2 a été imaginé pour la première fois en 1933 ! Cette future autoroute A 507 permettra à 100 000 voitures par jour de relier l’échangeur des Arnavaux sur l’autoroute nord (A7) à l’échangeur Florian, à la hauteur de Saint-Loup, sur l’autoroute est (A50), sur une longueur de 9,7 kilomètres, réalisant un contournement de Marseille entièrement autoroutier. Une super nouvelle qui permettra de désengorger le centre-ville et notamment le boulevard Sakakini et le tunnel Prado Carénage.
Elle a pour objectif la liaison des autoroutes pénétrantes dans Marseille (A7 et A50), en amont du centre-ville et de la première rocade du Jarret. La L2 se divise en deux parties : la partie Est en construction depuis 1994, entre l’échangeur de Frais Vallon et l’échangeur Florian. La majorité de l’ouvrage est en tranchée couverte, ce qui donne l’opportunité d’aménager des espaces publics et d’assurer la connexion entre les quartiers traversés par celui-ci.
La livraison est prévue cet été pour la partie Est entre Frais-Vallon et Saint-Loup et 2017 entre Les Arnavaux et Frais-Vallon.
Top départ de 1000 km de route solaire partout en France
Mais, Ségolène Royal n’est pas venue à Marseille pour parler de la L2. En effet, la Ministre accompagnée par le Préfet Bouillon et la député maire des 11e et 12e arrondissements, Valérie Boyer, était au centre d’exploitation de la L2 pour inaugurer une plaque de 10 m2 de panneaux solaires fixés au sol, un geste qui marque le lancement du programme 1000 km de route solaire en France.
Ce procédé a été inventé par Colas, filiale de Bouygues, pour permettre à la route de produire de l’électricité avec l’énergie du soleil. Pour l’instant, aucune route de ce type n’existe en France, et la Ministre vient de s’engager à en construire au moins 5 kilomètres à Marseille pour commencer, sur la L2. Avec cet échantillon, « la France espère conquérir le marché mondial, et ce serait fantastique d’y arriver » nous explique la Ministre.
Une route solaire qui connait de nombreuses limites ?
Contrairement aux idées reçues, de nombreux scientifiques reconnaissent depuis plusieurs années qu’une chaleur très forte n’est pas un signe de l’augmentation du rendement pour les panneaux solaires posés au sol. En effet, si une forte dose de lumière est indispensable à la production photovoltaïque, la chaleur elle, entraine une baisse du rendement des panneaux. Pourquoi ? Car l’augmentation de la température des cellules cause une baisse proportionnelle de la tension. Le directeur de Colas, Pierre Calvin, nous a confirmé ce constat (voir la vidéo à partir de 2 minutes 10 sec.).
Face à ce constat, il semblerait que la route solaire ne soit donc pas la meilleure des solutions, car la surchauffe du sol due aux gaz d’échappement des voitures, combinée à l’ombre portée par la fréquence de passage des véhicules, entrainent un rendement plus faible que des panneaux posés en toiture par exemple. Surtout que dans ce secteur, avec le nombre de surfaces commerciales, la pose en toiture semblerait évidente.
D’autre part, les scientifiques s’accordent également à penser qu’un panneau posé à l’horizontale capte presque 3 fois moins de soleil qu’un panneau photovoltaïque incliné. Là aussi, la pose en toiture aurait permis l’inclinaison des panneaux.
Les responsables du projet se justifient en expliquant qu’il n’y aura pas de surchauffe et que la surface de route présente en France (ndlr : 1 million de kilomètres) permettra de limiter les pertes engendrées par ce système au sol. Toujours selon Pierre Calvin, « la perte est de l’ordre de 1 à 2% […] et comme on a quand même de la place, parce que des routes, il y en a 1 million de kilomètres, ce n’est absolument pas un problème ».
[La vidéo] Reportage : le premier tronçon de route solaire est posé à Marseille