L'association marseillaise Geres agit depuis 46 ans pour mobiliser les acteurs locaux et internationaux sur les enjeux de l'énergie et du climat. Plus que jamais, son combat trouve aujourd'hui un écho auprès des citoyens, des entreprises et des collectivités. Voilà plus de quatre décennies que le Geres lutte contre les changements climatiques. Cette association, née à Marseille en 1976, imagine et développe, dans la cité phocéenne et à l'international, des alternatives aux énergies polluantes pour préserver l'environnement et améliorer la vie des populations. L'ONG compte une dizaine de bureaux installés en Afrique et en Asie où elle met en oeuvre des solutions adaptées à chaque contexte culturel et climatique. Des hammams durables au Maroc aux serres bioclimatiques en Mongolie, en passant par l'énergie solaire en Afrique de l'Ouest, chaque pays d'intervention a ses propres défis que le Geres tente de relever. Depuis la COP21 organisée à Paris en 2015, son action a trouvé un nouvel écho auprès des décideurs mais aussi des entreprises qui intègrent progressivement les enjeux écologiques dans leur modèle de développement. L'association compte aujourd'hui plus de 180 partenaires techniques et financiers, dont beaucoup viennent du secteur privé. Lutte contre la précarité énergétique à Marseille Le Geres a fait de la lutte contre la précarité énergétique, depuis 20 ans maintenant, un de ses chevaux de bataille à Marseille. L'association accompagne les ménages précaires pour les aider à réduire leur facture d'électricité. Un combat discret qui s'est retrouvé au centre de l'actualité cette année avec la guerre en Ukraine et la flambée des prix de l'électricité. « Malgré le bouclier tarifaire mis en place par l'Etat, les plus modestes restent très impactés, nous indique Kamel Sadki, chargé de projets pour l'ONG. Beaucoup de fournisseurs privés annoncent à leurs clients qu'ils ne vont plus pouvoir les approvisionner au tarif, souvent bon marché, fixé dans leur contrat. Ils les enjoignent donc de les quitter pour revenir vers des tarifs réglementés qui ont eux aussi explosé ». À cette crise tarifaire, s'ajoute parfois la fracture numérique. L'association est là pour appuyer les ménages désorientés dans leurs démarches administratives et les aider à faire des économies d'énergie. Pour les personnes les plus modestes, chaque geste compte pour ne pas plonger dans la précarité. Des solutions environnementales portées aussi en Asie et en Afrique L'association travaille aussi depuis plusieurs décennies sur les continents asiatique et africain. Son objectif : faire émerger des solutions pour permettre à la fois d'améliorer les conditions de vie des populations et réduire les émissions de CO2 qui contribuent au dérèglement climatique. Alors que l'hiver arrive dans l'hémisphère nord, la Mongolie est au coeur des projets menés par l'ONG. Le climat très rude du pays a poussé de nombreuses familles nomades à s'entasser dans la banlieue d'Oulan-Bator. Aujourd’hui, ces quartiers sont de véritables bidonvilles où les familles se chauffent au charbon pour lutter contre le froid. Au cours des prochains mois, la capitale mongole va retrouver son titre peu envié de ville la plus polluée du monde. Face à ce défi, de nombreux ménages ont pu isoler leur logement en 2021, grâce aux actions menées par le Geres. En 2022, l'organisation a commencé à étendre son périmètre d'intervention à d'autres villes de Mongolie afin de poursuivre les efforts pour améliorer la qualité de l’air dans le pays. Le Maroc aussi s'apprête à affronter l'hiver. Et dans la province de Midelt, située à plus de 1500 mètres d’altitude, la température dans les écoles peut tomber à 4°C. Là aussi, le Geres se mobilise pour améliorer le confort thermique des écoliers. Un des nombreux projets de l'association qui en compte une soixantaine, en Europe, au Maghreb, en Afrique de l'Ouest, en Asie centrale et en Asie du Sud-Est. Un appui aux acteurs locaux pour accélérer les transitions Entre 1976 et 2022, 46 années se sont écoulées mais la vision et les messages portés par l'association marseillaise sont donc plus que jamais d'actualité. « À l'époque où le Geres a été créé, le monde venait de vivre son premier choc pétrolier. Les problématiques énergétiques étaient déjà très prégnantes, rappelle Marie-Noëlle Reboulet, présidente de l'ONG. Dans le contexte actuel, ce sont les mêmes enjeux qui sont au premier plan : le coût de l'énergie, le besoin d'indépendance ». Forte de son expertise, l'association appuie aussi les collectivités locales dans leurs initiatives en faveur de la transition écologique. Elle accompagne notamment la Ville de Marseille dans ses efforts de lutte contre la précarité énergétique. La mairie a appelé cette année les bailleurs sociaux à rénover des milliers de logements et s'appuie pour cela sur le secteur associatif pour repérer les ménages les plus précaires. Le Geres épaule également le secteur agricole en Région Sud pour l'aider à réduire son impact climatique. « Nous avons monté avec nos partenaires un réseau régional pour la transition de l'agriculture qui est unique en France, se réjouit Alexia Hébraud, coordinatrice des projets de Geres France. Toutes ces collaborations sont l'aboutissement d'une relation de confiance que nous avons nouée avec les acteurs du territoire ». Une formation d'influenceurs pour la bonne cause Depuis deux ans, le Geres s'appuie aussi sur la mobilisation de la jeunesse avec la mise en place à Marseille de son projet de formation express #TuGères. Le dispositif propose aux jeunes de 16 à 25 ans de devenir des influenceurs engagés pour la bonne cause et de promouvoir leurs projets. L'association accueille également depuis cette année des bénévoles désireux de s'engager concrètement pour la Solidarité climatique. À l'approche des fêtes de fin d'année, elle lance un appel aux dons. « Pour imaginer encore de nouvelles solutions et déclencher de nouvelles actions, on a besoin du soutien de tous », insiste la présidente qui compte sur la générosité du grand public, malgré les crises, pour continuer à faire grandir la mobilisation.