Le Premier ministre, Édouard Philippe, a annoncé ce week end le retrait de la candidature de la France à l’Exposition Universelle 2025 pour des raisons financières. Aucun événement ne sera donc organisé à Marseille, qui devait initialement en accueillir, comme d’autres grandes villes du pays.
Malgré les expositions universelles parisiennes de 1889 et 1900 qui ont fait rayonner la capitale dans le monde entier, le Premier ministre a préféré renoncer à candidater pour l’organisation de celle de 2025. Édouard Philippe met ainsi en avant des « faiblesses structurelles » dans le modèle économique du projet de la France. Il ajoute aussi que dans le « contexte de redressement de nos finances publiques », il refuse de « grever l’avenir (…) d’engagements supplémentaires non maîtrisés ».
La France accueillera l’année précédente les JO 2024
La France avait déposé sa candidature le 28 septembre 2017 auprès du Bureau international des expositions (BIE). Le pays avait fait le choix d’un projet unique et inédit dont il attendait de fortes retombées aussi bien économiques que touristiques. Toutefois, les hypothèses de fréquentation ont été jugées trop incertaines. Entre 35 et 40 millions de visiteurs étaient attendus, voire avec un pic de 65 millions de personnes.
Or, lors de la dernière exposition universelle, qui s’est tenue à Milan en 2015, 20 millions de visiteurs se sont rendus dans la ville italienne. Si tel était le cas en France en 2025, les recettes espérées seraient passées de 1,3 milliard d’euros à 455 millions d’euros. Un risque pour les finances publiques d’après le Premier ministre, auquel s’ajoute un manque de partenaires privés prêts à s’engager dans le projet.
Avec le retrait de la candidature française, ne reste plus que trois autres pays en compétition pour accueillir l’événement en 2025 : la Russie (Ekaterinbourg), le Japon (Osaka) et l’Azerbaïdjan (Bakou). Le choix du pays hôte devrait être annoncé le 15 novembre 2018.
Retour sur le projet français avant le retrait de la candidature
Le thème retenu par la France pour sa candidature à l’Exposition Universelle était « La connaissance à partager, la planète à protéger ». Si la France gagnait, Marseille aurait accueilli une partie des événements. « Marseille veut être porteuse d’un forum thématique abordant « Le voyage en Méditerranée » autour de valeurs humanistes et de partages« , nous précisait Didier Parakian, adjoint au maire délégué à l’Économie, aux Relations avec le monde de l’entreprise et à la prospective.
Le site de l’exposition à Marseille aurait été installé sur les quais de la Joliette selon l’élu « Entre le MuCEM et le J1. Le port de Marseille, propriétaire de la zone, est d’accord pour offrir une autorisation d’occupation temporaire de sa gare maritime et des parkings, pendant 6 mois« .
Pour marquer cette expo universelle et en garder une trace, la ville envisageait même de réaliser « un geste architectural ambitieux » d’après Didier Parakian, comprenez par là, un bâtiment ou une oeuvre qui serait restée, comme Paris en son temps a eu sa tour Eiffel.
Un pays entier comme hôte de l’exposition universelle
En 2025, si la candidature française avait été retenue, pour la première fois une Exposition universelle aurait eu pour cadre un pays tout entier. La volonté d’EXPOFRANCE 2025, le comité qui portait la candidature du pays, était de créer la première Exposition universelle en réseau où chaque individu pouvait être un contributeur aux contenus de l’événement et où l’ensemble du territoire français aurait été utilisé.
« Ouvrir l’exposition à la France toute entière est une porte à double sens : permettre à chaque région, chaque ville, chaque français d’accueillir le monde mais également offrir à tous les Français la possibilité de partir à la découverte du monde », mettait en avant Jean-Christophe Fromantin, Président d’EXPOFRANCE 2025.
Le projet était articulé autour de trois « parties » :
- Le cœur du projet, appelé « Village global », qui aurait été installé dans 7 sites du Grand Paris et qui aurait accueilli tous les pays du monde. Un globe inspiré du projet pour l’Exposition universelle de 1900 aurait été installé et aurait constitué le centre de ce village global. Cet espace aurait été un véritable laboratoire des technologies de l’image, de la réalité virtuelle et de l’interactivité avec une vraie expérience immersive et interactive pour les visiteurs.
- 12 métropoles de France, dont Marseille, auraient aussi accueilli des « Forums thématiques » où les différents pays du monde auraient participé pour échanger des innovations, des projets et des idées pour faire avancer le progrès sur des sujets comme la santé, l’environnement et la connaissance.
- Une série de « Détours » dans les régions de France aurait également été proposée. Avantage double pour ces territoires : renforcer l’offre touristique faite aux visiteurs et faire profiter l’ensemble de la France de la présence de touristes dans le pays.
Un projet financé par des fonds privés
L’organisation de l’Exposition universelle devait être assurée par un « groupement d’intérêt public » (GIP) présidé par M. Lamy et constitué des parties prenantes du projet. Jean-Christophe Fromantin, maire (divers droite) de Neuilly-sur-Seine, à l’origine de l’idée de la candidature française et qui devait être le premier vice-président de l’Exposition universelle, s’était déjà engagé à récolter les fonds privés destinés à financer la manifestation. La ville de Paris, la région Ile-de-France et la métropole du Grand Paris auraient chacune eu une vice-présidence. Enfin, les entreprises qui auraient financé l’Exposition auraient eu des représentants au sein du bureau du GIP.
Concernant le coût de la manifestation, le comité EXPOFRANCE 2025 avait fait le choix d’un modèle économique sans financement public net et au contraire entièrement financé par des fonds privés. 27 entreprises partenaires faisaient déjà partie du projet. L’État et les collectivités ne seraient intervenus qu’au travers des infrastructures (transports en commun, espaces publics, etc.), des mises à disposition de sites et des missions régaliennes comme la sécurité des sites.
À Marseille, un partenariat avait été noué avec la métropole Aix Marseille Provence et le Grand Avignon. L’investissement aurait été de l’ordre de 28 millions d’euros pour le village de l’Expo, mais n’aurait rien coûté à la ville ni aux collectivités selon les élus, car les grandes entreprises du territoire étaient engagées pour le financement.
La métropole aurait tout de même dû mettre la main à la poche, mais pour l’amélioration des transports. En tout, 72 millions d’euros étaient envisagés pour de nouveaux projets.
Des retombées colossales espérées
Une étude, réalisée par le cabinet Deloitte, a été menée pour chiffrer l’impact de l’exposition universelle si la France est choisie pour l’organiser. Selon elle, l’accueil de l’événement international aurait permis aux pays de faire progresser son PIB de 0,5% et de créer 160 000 emplois durables.
Le cabinet d’audit s’est basé sur une hypothèse jugée basse de 45 millions de visiteurs, alors que l’objectif affiché est d’attirer 60 millions de personnes. Avec cette affluence, l’impact direct en dépenses d’investissements, de fonctionnement, en consommation des touristes dans les hôtels et les restaurants, est estimé à 8,5 milliards d’euros, auxquels viendraient s’ajouter des effets indirects et induits pour atteindre les 23 milliards d’euros entre 2019 et 2025.
Sur le territoire Marseille Provence, les élus visaient 2 milliards de retombées économiques, environ 1 million de visiteurs supplémentaires à la moyenne annuelle et 5 000 emplois créés.
Les derniers exemples de Shanghai et Milan
Si les expositions universelles étaient régulières au 19e siècle, l’après-guerre a marqué un ralentissement dans leur organisation et la crise de 1973 a renforcé encore un peu ce désamour. Il n’y a même eu aucune exposition universelle entre 1970 et 1992 ! Et depuis cette date, seules quatre ont eu lieu.
Les derniers exemples d’expositions universelles sont toutefois encourageants. Celle de Shanghai en 2010 a atteint des records : 70 millions de visiteurs, un trafic aérien et un taux de remplissage hôtelier qui ont augmenté respectivement de 34% et 16%. Le chiffre d’affaires de cette manifestation qui s’est étendue sur six mois donne presque le tournis : 218 milliards d’euros.
L’exposition universelle de Milan de 2015 a attiré 20 millions de visiteurs, ce qui a engendré une augmentation de plus de 27% du nombre de touristes et de plus de 50% de la fréquentation des 14 plus grands musées de la ville.
Article publié le 18 février 2016, mis à jour le 22 janvier 2018
Par Agathe Perrier
Excellent article, merci beaucoup ! 🙂
J’ai hâte que la France soit choisie pour organiser l’Exposition Universelle de 2025 (ainsi que les Jeux Olympiques de 2024) !
Ben pas nous on en peu plus des touristes la ville n’est pas adaptee les routes sont bouchés on peut plus rouler c est infernal et puis les marseillais sont obligés de partir car l immobilier a flambé c est honteux nous avons été vendu
Bonjour !
Super article ! Merci Agathe !
Ca nous laisse espérer de belles choses pour l’avenir en France et particulièrement à Marseille !!
Pour celles et ceux qui se le demandent, le monument blanc en fin d’article légendé par un « Shangai en 2010 » est précisément « le Pavillon du Royaume Uni pour Shanghai Expo 2010 ».
Juste pour info, je cite : « Ce pavillon a la forme d’un cube aux extrémités arrondies entièrement recouvert de 60000 tubes de plexiglass de 7,5 mètres de long. Chaque tube, de section carrée, renferme en son extrémité quelques graines de plantes. Ces tubes servent de fibres optiques pour guider la lumière du jour à l’intérieur du pavillon, et, la nuit venue, permettent de diffuser la lumière intérieure vers l’extérieur »…
J’aurais bien aimé voir ça de près !!
Pour les intéressés : http://www.diisign.com/2010/04/pavillon-du-royaume-uni-pour-shanghai-expo-2010/