En juillet 2021, Marion Lopez décide de créer Studio Lausié, une école de mode alternative et engagée. C’est une première en Provence-Alpes-Côte d’Azur. L’objectif est clair : changer les modes de production du secteur.
« Je ne comprends toujours pas le succès de l’école. C’est incroyable », se réjouit Marion Lopez. La directrice de Studio Lausié, première école de mode dédiée à l’éco-conception de la région Sud, célèbre sa première année. « J’ai commencé en me disant que je n’allais pas avoir de promotion dans un premier temps. Mais finalement, les étudiantes ont été présentes. L’année scolaire touche à sa fin, et c’était super ! ».
L’école a permis à six étudiantes de suivre une formation intensive de huit mois, à 5 500 euros. À la fin de ce cursus express, les six jeunes femmes sont prêtes à devenir styliste développeur produit. « Notre formation est professionnalisante. En huit mois, les étudiants sont capables de créer et réaliser des collections de mode. Mais ils sont aussi capables de conceptualiser leur propre marque », poursuit-elle.
Marion Lopez, accompagnée d’une amie modéliste, permet à ses élèves de comprendre l’importance d’une mode éco-responsable.
« Une école de mode peu conventionnelle »
Pour postuler, aucun CV ou lettre de motivation, simplement un échange avec la fondatrice sur les motivations de l’étudiant. Studio Lausié dispose également de deux types de formation : celle de huit mois et d’autres d’une semaine. « La formation courte coûte 290€ pour la session sur le design, celle sur le modélisme coûte 350€. Mais les prix vont être revus à la hausse », poursuit Marion Lopez.
« L’école que j’ai créée, c’est celle que j’aurais aimé faire et eu besoin de faire pour être prête à bosser dans la mode » insiste-t-elle. La jeune femme connaît bien le milieu. Un temps styliste, puis directrice de production entre l’Europe et l’Asie, elle réalise les dysfonctionnements du secteur. « Je voulais enseigner une nouvelle façon de créer pour ne plus participer à cette surproduction qu’engendre le secteur de la mode ».
Une mode collaborative et éco-responsable
« Dès que j’ai commencé à bosser, j’ai été envoyée aux fins fonds de l’Inde. J’ai vu l’envers du décor et je devais faire quelque chose. Pour moi, la meilleure façon de faire de la mode éco-responsable, c’est d’utiliser des choses qui existent déjà », explique Marion Lopez.
L’industrie du textile est l’une des plus polluantes, le secteur représente 2 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. L’upcycling, où la récupération de matériel, est le mot d’ordre de cette école.
Grâce à son réseau, la directrice a toujours réussi à trouver les tissus nécessaires. « À l’école, c’est collaboratif, chacun ramène ce qu’il peut et ce qu’il veut. Des professionnels nous donnent du matériel et des échantillons de matière. C’est le cas de Libertador ». D’autres, comme Sonia Rykiel, ont envoyé des cartons entiers de tissus défectueux pour la vente. « On arrive toujours à trouver le matériel nécessaire, grâce au bouche à oreille » se félicite Marion Lopez.
Forte de son succès, l’école double ses effectifs
L’école déménage. En effet, le projet Buropolis porté par l’association Yes We Camp arrive à terme. Mais forte de son succès, Marion Lopez a réussi à trouver un nouveau local encore plus grand. À la rentrée prochaine, l’école se trouvera au Hangar Belle de Mai, impasse Sainte-Victorine dans le 3e arrondissement de Marseille.
« Cette année, nous avons sélectionné 17 étudiants pour la promotion 2022. Le local faisant 115 m2, nous avions la possibilité d’en choisir plus. Cinq étudiants sont d’ailleurs sur liste d’attente », développe-t-elle. Pour la première fois depuis la création, un garçon intègre ses rangs.
Célébrer cette première année scolaire avec un défilé
Le 21 mai prochain, à 19h30, sur l’esplanade de Buropolis, l’école présentera son tout premier défilé. L’occasion de marquer d’une pierre blanche la fin de cette première année scolaire. « C’est une façon aussi de réunir des professionnels et des passionnés », explique Marion Lopez. Les six étudiantes vont présenter entre six et huit looks chacune.
La directrice de l’école attend plus de 300 personnes pour cet événement. Le défilé est ouvert à tous et est gratuit. Il se poursuivra par une soirée avec un DJ pour permettre un moment d’échanges. « C’est un challenge de se dire qu’on va pouvoir montrer son travail à plus de 300 personnes. Mais on va le relever haut la main » sourit la jeune femme.