Fini les pubs sur la Corniche et autour des monuments historiques de Marseille. La Métropole a acté le nouveau règlement local de la publicité intercommunal (RPLI) qui réduira considérablement la publicité dans l’espace public.

Il n’a plus rien du « mur de Zidane », mais cette façade de la Corniche Kennedy, dédiée à des affichages publicitaires géants, a gardé ce surnom auprès des Marseillais. Le portrait du footballeur a disparu depuis des années, malgré une réapparition temporaire (photo de Une) menée par le street-artiste Philipe Echaroux. Mais les affichages géants surplombant la mer ont perduré.

« Ce sera fini à partir de cet été, sûrement en juillet », annonce Mathilde Chaboche, adjointe à l’Urbanisme à la Ville de Marseille. Les élus de la majorité municipale, ainsi que des citoyens lors d’une concertation préalable, ont en effet porté une série de modifications au règlement local de la publicité intercommunale (RPLI). La nouvelle mouture de ce document, mis en oeuvre par la Métropole Aix-Marseille-Provence, a été validée par le conseil métropolitain de ce jeudi 5 mai.

Elle prévoit une diminution conséquente des affichages publicitaires dans le centre-ville de Marseille. Pour l’adjointe marseillaise, « il s’agit de mettre en valeur la ville et ses sites remarquables. De qualité d’espaces publics aussi, désencombrés. C’est également une question d’environnement, avec la consommation d’énergie, la perturbation de la biodiversité, et plus largement, de la surconsommation de nos sociétés ».

De 300 à 500 mètres sans pubs autour des monuments historiques

Notre trajet pour assister au conseil métropolitain, du boulevard des Dames jusqu’au Pharo, est une bonne illustration des changements à venir. Sur ces 2,6 kilomètres longeant la rue de la République et le Vieux-Port, nous avons pu compter 22 panneaux publicitaires (sûrement en avons-nous manqué).

Or, ce parcours rencontre des monuments historiques. Un élément qui devient le premier levier de réduction de la publicité dans l’espace public. En effet, aucun affichage ne doit se trouver dans un rayon de 300 mètres autour des bâtiments historiques. Pour l’adjointe à l’Urbanisme, « cela revient à éradiquer une grande partie de la publicité en centre-ville, qui regorge de monuments patrimoniaux ».

Elle précise que cette mesure concerne également les arrêts de bus et de tramway. Ces derniers accueillent souvent 3 à 4 affiches publicitaires. La taille des panneaux doit également être réduite et plus aucun affichage numérique ne sera toléré dans l’espace public (cela ne concerne pas le métro).

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Ce panneau au pied du fort Saint-Nicolas est voué à disparaître
Certains monuments marseillais bénéficieront d’un périmètre élargi à 500 mètres sans publicité :

Les forts Saint-Jean, Saint-Nicolas et Entrecastaux. Les églises de l’Abbaye de Saint-Victor, Saint-Laurent et des Réformés. La cathédrale de la Major et l’Ancienne Major. L’Hôtel de Ville, l’Hôtel Daviel et l’Hôtel de la Préfecture. La Maison Diamantée et l’Hôtel Dieu. Le clocher des Accoules, le palais Longchamp, le 44/66 quai du Port.

Par ailleurs, ce périmètre était déjà appliqué autour de la Cité Radieuse, du Monument aux morts de l’Armée d’Orient et des terres lointaines et du château Borély.

Vue sur mer dégagée de toute publicité sur toute la Corniche

Le littoral sud de la ville sera également épuré d’habillage publicitaire. Du début de la Corniche Kennedy, à hauteur de la plage des Catalans, jusqu’à la Madrague de Montredon. Soit un linéaire de près de 8 kilomètres où toute réclame « disparaitra totalement côté mer et sera réduite considérablement côté rue », précise Mathilde Chaboche.

Le Vieux-Port sera également concerné « car il s’agit d’un secteur patrimonial ». Les affiches publicitaires y sont rares. Celle qui fut déjà pointée du doigt par le passé, l’immense bâche sur une façade qui surplombe le boulodrome du bassin de carénage, quai de Rive Neuve, n’a pas été renouvelée depuis fin 2020.

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Cette bâche de la Corniche sera définitivement retirée

Répercussions budgétaires

Qui dit moins de pubs dit également moins de rentrées financières. Il se trouve que la Ville et la Métropole perçoivent des revenus, comme nous le précise Mathilde Chaboche : « La Métropole perçoit une redevance des annonceurs et la municipalité des taxes. Nous estimons les pertes à environ un million d’euros par an. Ça représente pour nous un investissement. Pour le cadre de vie des marseillais, la mise en valeur du patrimoine et l’attractivité du territoire ».

La Métropole n’a pas pu nous préciser les estimations des pertes financières de ce nouveau règlement dans le temps imparti à la publication de cet article. Toutefois, sur cette question comme sur d’autres, telles que le logement et les transports, les élus métropolitains de la majorité comme de l’opposition ont montré une entente assez rare pour ne pas le souligner.

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